Le dossier de Noël : origines et évolutions d’une fête

Par Pierre

24 décembre 2022

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Alors profitons-en pour délaisser quelques instants les techniques d’apprentissage pour un programme plus léger et digeste, qui passera bien mieux entre le foie gras et la dinde. Parlons un peu de Noël : une fête avec laquelle on nous rebat les oreilles à partir du mois de novembre, sans jamais évoquer ses origines. Dans ce grand dossier, vous découvrirez d’où vient Noël et comment il est célébré aux quatre coins du monde, en passant naturellement par le prisme des langues.

Noël, une fête aux multiples visages et aux origines complexes

La mondialisation et le cinéma hollywoodien ont donné de Noël une image uniforme : la veillée du 24 décembre, le Père Noël vêtu de rouge qui distribue aux enfants sages des cadeaux préparés par ses lutins, le traîneau aux neuf rennes, le sapin décoré de guirlandes, cette horrible chanson de Mariah Carey qui transforme n’importe quel centre commercial en neuvième cercle de l’enfer…

Pourtant, si on franchit les frontières de notre pays pour s’intéresser à la manière dont nos voisins fêtent Noël, on se rend compte qu’il existe une immense variété de rites et de traditions. Ensuite, si les éléments constitutifs de cette fête semblent immuables, il n’en est rien, bien au contraire : ils ont été amenés à évoluer au fil des siècles et n’ont été fixés que tardivement, il y a quelques décennies tout au plus.

Cet article présentera donc plusieurs anecdotes et en partira pour vous faire découvrir à la fois les origines de Noël et ses évolutions dans diverses sociétés. Site sur les langues oblige, nous nous pencherons évidemment sur l’aspect linguistique : les mots nous révéleront énormément de facettes de cette fête que nous croyons si bien connaître.

Voici comment souhaiter un joyeux Noël dans une partie des langues d’Europe (source).

Noël, les racines antiques

La rencontre de plusieurs traditions

Noël est une sorte d’immense creuset dans lequel sont venues se mélanger diverses traditions païennes et chrétiennes issues de toute l’Europe.

Tout d’abord, prenons le mot « Noël », attesté en français à partir du XIIe siècle. Que signifie-t-il au juste ? Il provient du latin dies natalis, autrement dit « jour de naissance », en forme longue dies natalis solis invicti, « jour de naissance du soleil invaincu ».

Si le mot natalis s’est profondément transformé pour donner « Noël » en français, on le retrouve de manière plus transparente dans l’italien Natale, le catalan Nadal, le portugais Natal voire l’espagnol Navidad (du latin nativitas).

Sol Invictus, dieu romain du soleil

Premier fait frappant : si Noël est aujourd’hui la fête chrétienne la plus importante, il s’agit à l’origine d’une célébration païenne, née plusieurs siècles après la vie de Jésus-Christ.

L’empereur romain Aurélien (214/215-275) inaugure le 25 décembre 274 un temple en l’honneur du dieu Sol Invictus (soleil invaincu) et proclame ce dernier patron de l’empire romain. Le dies natalis solis invicti a donc vocation à lui rendre hommage chaque année à cette date.

De nos jours, Sol Invictus est bien moins connu que d’autres dieux romains, comme Jupiter ou Vulcain. Il est pourtant devenu une figure majeure au cours du IIIe siècle, notamment dans les cercles militaires. Il reprend certains aspects d’Apollon, venu de Grèce, et de Mithra, venu de Perse, deux divinités associées au soleil.

Le Mithra que vénéraient les Romains est sensiblement différent du Mithra persan originel, représenté ici. Il s’agit dans tous les cas d’une importante divinité solaire, comme le montre le halo autour de sa tête (source).

Une célébration du solstice d’hiver

Cette date du 25 décembre tombe le jour du solstice d’hiver dans le calendrier julien, adopté en 46 av. J.-C.. Il s’agit du jour le plus court de l’année, qui marque l’achèvement d’un cycle au cours duquel le soleil semble mourir peu à peu. Après cette date, les jours commencent à se rallonger : c’est la renaissance du soleil invaincu, le Sol invictus. Le cycle solaire peut alors recommencer, jusqu’à l’année suivante.

La date du 25 décembre permet de plus d’inscrire le Dies natalis solis invicti dans la continuité d’une autre tradition plus ancienne, les Saturnales. Celles-ci étaient célébrées durant la même période en l’honneur du dieu romain Saturne et ont donné naissance à certains éléments emblématiques de Noël, comme les décorations à base de gui ou de houx.

Du paganisme au christianisme

Le pivot d’une fête païenne vers une fête chrétienne accompagne celui de l’Empire romain tout entier vers le christianisme.

Constantin Ier (272-337), l’un des empereurs romains les plus célèbres, incarne personnellement cette transition : initialement païen et admirateur du dieu Sol Invictus, il est le premier empereur à se convertir personnellement au christianisme, à une époque où seuls 5 à 10 % des citoyens de l’empire étaient eux-mêmes chrétiens.

Ainsi, il promulgue en 321 une loi faisant du dimanche la journée de repos que nous connaissons aujourd’hui. Le nom « dimanche » provient du latin dies Dominicus (« jour du seigneur »), en remplacement d’un autre plus ancien, dies Solis (« jour du soleil »). On voit donc bien l’identification du dieu chrétien au symbole solaire.

Si cette étymologie a disparu dans les langues latines, on la retrouve dans les langues germaniques, comme l’anglais Sunday ou l’allemand Sonntag, mais aussi dans les langues celtiques, comme le breton disul ou le gallois dydd Sul. Tous ces termes signifient bel et bien « jour du soleil ».

L’empereur Constantin, associé au dieu Sol Invictus sur une pièce de monnaie du IVe siècle.

Progressivement, le christianisme s’impose comme la religion dominante de l’empire romain. En 380, Gratien, empereur de la partie occidentale de l’empire romain, et Théodose Ier, empereur de la partie orientale, font du christianisme nicéen l’unique religion officielle. Le paganisme et le christianisme arien ne sont donc plus tolérés.

Une fête purement chrétienne

Plus tôt dans cet article, je présentais Noël comme une fête païenne bien plus tardive que la vie de Jésus-Christ. En réalité, il faut attendre 336 pour que l’Eglise chrétienne commence à célébrer la naissance du Christ. Comme la date précise de cet événement était inconnue, il a fallu en trouver une.

Le 25 décembre apparaît en quelque sorte comme la date idéale, pour deux raisons. Tout d’abord, elle permet d’unifier toutes les croyances de l’empire romain tardif : Sol Invictus, culte de Mithra et bien sûr christianisme. Ensuite, ces religions accordent au solstice d’hiver une place toute particulière. Par exemple, le mithraïsme fait naître la divinité Mithra le jour du solstice d’hiver, appelé Mithragan en Perse ancienne.

Ce n’est pas tout : le passage du christianisme dans le monde gréco-romain l’a enrichi d’éléments païens. Jésus de Nazareth a ainsi reçu des attributs d’une divinité solaire. Des théologiens ont donc associé la célébration de sa naissance au solstice d’hiver, qui marque la victoire symbolique de la lumière sur les ténèbres. L’Epiphanie, autre fête chrétienne importante célébrée le 6 janvier, est elle aussi une célébration de la lumière.

Dieu et la lumière, même combat

Pour aller encore plus loin dans le volet linguistique, sachez que les mots latin deus (dieu) et dies (jour) proviennent tous les deux de la racine indo-européenne *dyew-, qui désigne le ciel ou quelque chose de lumineux. Le nom de Zeus, le principal dieu grec, a d’ailleurs la même origine !

On voit donc que l’association entre la lumière et le divin est extrêmement ancienne.

Les éléments germaniques

Noël puise donc ses origines dans l’antiquité méditerranéenne. Il ne faudrait toutefois pas oublier les importants apports germaniques, chrétiens comme païens, à la fête que nous connaissons aujourd’hui.

Saint-Nicolas, patron des enfants

Nicolas de Myre naît en 270, dans le sud de l’actuelle Turquie. Cet évêque de l’Eglise chrétienne devient, après sa mort, le protecteur des marins, des marchands et des enfants et un hommage lui est rendu le 6 décembre.

Vous reconnaîtrez facilement le personnage de Saint-Nicolas, célèbre dans toute l’Europe pour sa générosité envers les enfants sages. Traditionnellement, dans plusieurs pays germaniques, la fête au cours de laquelle les enfants reçoivent des cadeaux n’est pas Noël, mais bien la Saint-Nicolas, le soir du 5 décembre.

La représentation actuelle de Saint-Nicolas, à mi-chemin entre le religieux de l’antiquité et le Père Noël moderne.

Notez ensuite que le nom néerlandais de Saint-Nicolas n’est autre que Sinterklaas, qui par déformation a donné le Santa Claus américain. Le Père Noël que nous connaissons aujourd’hui est donc en partie un dérivé du Saint-Nicolas chrétien, les attributs religieux en moins.

L’héritage scandinave : Odin et le bouc de Noël

Le mythe du Père Noël a également incorporé de nombreux éléments païens en provenance de Scandinavie. Avant leur christianisation, les peuples germaniques possédaient leur propre fête de l’hiver, appelée Yule. Le mot norrois (scandinave médiéval) Jól a d’ailleurs donné Jól en islandais, Jul en danois, norvégien et suédois, Joulu en finnois et Jõulu en estonien. C’est ainsi que l’on nomme Noël dans ces différents pays. « Décembre » se dit d’ailleurs joulukuu en finnois, donc « mois de Yule ».

Comme pour le Sol Invictus romain, les chrétiens ont repris cette fête à leur compte, tout en conservant nombre d’éléments païens. Le folklore scandinave semble avoir exercé une forte influence sur la vision contemporaine de Noël, notamment en lui donnant sa coloration hivernale. N’oublions pas que Saint-Nicolas est né au bord de la Méditerranée, donc dans un cadre peu propice aux chutes de neige. Alors, comment s’est-il transformé en personnage associé aux rigueurs de l’hiver ?

Odin, l'ancêtre du Père Noël ?
Le dieu germanique Odin, avec sa longue barbe, a pu servir de modèle à notre Père Noël (source).

Du dieu Odin au Père Noël

Le Dieu nordique Odin apparaît comme un modèle du Père Noël : parmi ses autres noms, on trouve notamment Jólnir (Yule, donc) et Langbarðr, littéralement « longue barbe ». De plus, il participe régulièrement à la « chasse fantastique » (ou chasse sauvage) lors du solstice d’hiver, au cours de laquelle il parcourt les cieux sur le dos de son cheval Sleipnir, accompagné des esprits des défunts. On voit facilement le parallèle avec le Père Noël se déplaçant sur un traîneau aérien. En parlant de traîneau, il s’agit bien sûr d’un moyen de transport traditionnel en Scandinavie, notamment en Laponie.

Selon la légende, un dieu nordique, Odin ou Heimdall, descendait sur terre pour distribuer des cadeaux aux enfants sages à l’occasion de Yule. Les marmots désagréables, quant à eux, devaient se contenter de cendres.

Julenisse, le lutin nordique

Dans le folklore scandinave, un nisse est un être de petite taille, protecteur des fermes, souvent représenté vieux et barbu. Au cours du XIXe siècle, le nisse s’est transformé en Julenisse (norvégien), Julemand (danois) ou Jultomte (suédois), chargé de la distribution des cadeaux. Cette figure est donc autant l’origine du Père Noël que de ses industrieux lutins.

En retour, le Julenisse a été influencé par le Père Noël anglo-saxon, mais il convient de bien l’en distinguer : le lutin nordique reste petit par la taille, entre dans les maisons par la porte et non par la cheminée et son traîneau ne vole pas.

Le Julenisse, revisité.

Julbock, le bouc de Noël

Plus intrigante encore est la figure du Julbock, autrement dit le « bouc de Noël » ou « chèvre de Noël ». On retrouve des traces de cette tradition dans le nom finnois du Père Noël, Joulupukki. Avant d’être diabolisé par les chrétiens, le bouc était un animal tenu en haut estime par les Scandinaves : le char volant de Thor était par exemple tiré par des boucs. Encore une influence du traîneau du Père Noël !

Au XVIIe siècle, les jeunes gens avaient pour coutume d’aller de maison en maison avec l’un d’eux déguisés en bouc, pour réaliser des farces et effrayer les enfants. On confectionnait souvent des boucs à base de paille pour les placer chez ses voisins à leur insu.

Au cours du XIXe siècle, le Julbock a endossé un rôle plus positif de distributeur de cadeaux. Les enfants tressaient de petits boucs de paille qui, la nuit venue, sortaient de la maison pour aller chercher des cadeaux à leur propriétaire. Depuis, le Julbock a cependant été supplanté par le Julenisse, mais garde encore un second rôle, accompagnant le lutin dans ses livraisons.

De nos jours, il est courant de trouver le bouc de Noël en version miniature accroché aux sapins des Scandinaves, ou en version géante dans les grandes villes suédoises à l’approche de Noël.

Bouc de Gävle
Un « bouc de Gävle », grand Julbock exposé pendant la période des fêtes (source).

Le Père Noël, un personnage inventé par Coca Cola ?

Une légende urbaine fait de Coca Cola l’inventeur du Père Noël. Combien de fois ai-je entendu dire que « de toute façon, le Père Noël, c’est une pub Coca Cola ! » ?

Dans les faits, rien n’est plus faux. Non seulement Coca Cola n’a pas la paternité du vieillard jovial, mais l’entreprise n’est même pas la première à l’avoir utilisé pour promouvoir ses produits. La preuve : il existe de nombreuses affiches datant XIXe siècle, qui représentent le personnage dans sa version « moderne ».

On peut en revanche considérer que Coca Cola a fixé l’image du Père Noël dans les esprits grâce à une célèbre campagne de publicité de 1931. Il est intéressant de noter que Haddon Sundblom, dessinateur de ces affiches, était d’origine finlandaise et suédoise. Il a donc contribué à figer tout un pan du folklore scandinave dans sa représentation du Père Noël.

Un camion publicitaire décoré de l’une des illustrations de Sundblom (source).

Si vous voulez connaître la position de Coca Cola sur cette question, je vous recommande la lecture de cette page sur leur site officiel.

Le Père Noël, version américaine

La figure américaine du Père Noël daterait plutôt de 1823, date de parution du poème anonyme A Visit from St. Nicholas. S’il est encore question de Saint-Nicolas plutôt que du Père Noël, le poème livre une description très précise du personnage et du rituel de livraison des cadeaux : le traîneau volant tiré par huit rennes (Rudolphe au nez rouge n’apparaîtra qu’en 1939 !), l’entrée par la cheminée à laquelle sont accrochées des chaussettes, le vieillard rondouillard et joyeux…

Ensuite, c’est le caricaturiste Thomas Nast qui a continué à préciser les contours du Santa Claus américain, à travers de nombreuses gravures. Le même Thomas Nast a d’ailleurs popularisé des figures célèbres du folklore américain, comme l’éléphant républicain ou l’âne démocrate.

Le Père Noël par Thomas Nast
Le Père Noël dessiné par Thomas Nast en 1881 (source).

Le Père Noël, une figure pas si universelle

Si, vu de France, le Père Noël semble aller de soi, il n’en a pas toujours été ainsi. Traditionnellement, dans la plupart des régions de France, c’était plutôt l’enfant Jésus qui apportait les cadeaux de Noël. Saint-Nicolas se chargeait de cette tâche dans le nord et l’est du pays, dans la nuit du 5 au 6 décembre.

Pour prendre la mesure de la nouveauté qu’a pu représenter le Père Noël, voici une anecdote : le 23 décembre 1951, le vicaire de la cathédrale Saint-Bénigne, à Dijon, fait brûler une effigie du Père Noël, pour protester contre ce qu’il perçoit comme une dérive païenne et mercantile de la fête chrétienne.

Le Père Noël est loin d’être le seul pourvoyeur de cadeaux en Europe (source).

Dans certaines parties du monde germanique, c’est également l’enfant Jésus, Christkind (Kind signifiant « enfant » en allemand) ou Christkindel, qui distribue les cadeaux. Ce personnage a été popularisé pour remplacer Saint-Nicolas par les protestants, qui n’appréciaient pas que l’on voue un culte aux saints. Etrangement, cet enfant Jésus est souvent représenté sous les traits d’une jeune fille portant une couronne. Le nom Christkindel a donné au Père Noël l’un de ses noms en anglais, Kris Kingle.

Dans certains pays, le Père Noël n’a donc pas le premier rôle : les Espagnols, qui l’appellent Papá Noel, accordent plus d’importance aux Rois mages, qui viennent distribuer des cadeaux le 6 janvier, pour l’Epiphanie, ou día de los Reyes.

Chez les Italiens, la date retenue est toujours l’Epiphanie, mais c’est une sorcière, la Befana, qui remet les cadeaux aux enfants. On raconte que les rois mages lui auraient proposé de l’accompagner dans leur voyage, ce qu’elle refusa. Prise de remords, elle décida finalement de se charger elle-même de la distribution de friandises… ou de charbon pour les enfants qui n’auraient pas été sages !

Pour les Néerlandais, Sinterklaas (Saint-Nicolas) est une figure de premier ordre. Chaque année, il vient d’Espagne à bord d’un bateau, accompagné de Zwarte Piet (« Pierre le noir »), le Père Fouettard local représenté sous les traits d’un Africain. Il se lance ensuite dans une grande procession à travers tout le pays.

Sinterklaas et Zwarte Piet
Sinterklaas, le Saint-Nicolas hollandais, escorté par ses Zwarte Piet (source).

Quelques traditions de Noël insolites à travers le monde

Si la fête de Noël est très codifiée de nos jours dans sa version que nous qualifierons « d’internationale », certains rites pourront vous surprendre. En voici une petite sélection particulièrement savoureuse.

En catalogne, la « bûche qui chie »

Je vous promets que je n’ai pas abusé sur le champagne. En catalogne, le Tió de Nadal (« bûche de Noël ») est une bûche vide sur laquelle on dessine un visage souriant et à laquelle on ajoute des jambes. Chaque soir à partir du 8 décembre (jour de l’Immaculée Conception), les enfants remplissent la bûche de sucreries et la couvrent pour lui tenir chaud.

Une fois arrivé le jour de Noël, les enfants battent la bûche à l’aide d’un bâton tout en chantant des chansons, dans le but de lui faire « chier » des friandises.

Le Tió de Nadal catalan (source).

Au Pays de Galles, le crâne de cheval

Dans le sud du Pays de Galles, la coutume du Mari Lwyd veut que les jeunes hommes aillent de maison en maison accompagnés d’un crâne de cheval agrémenté d’un drap blanc. Les visiteurs doivent alors demander, en chanson, l’hospitalité des habitants. Ceux-ci doivent alors s’y opposer, toujours en chanson. La négociation prend la forme d’une vraie joute verbale et lorsque le maître de maison est à court d’idées, il doit laisser entrer ses visiteurs et leur fournir à boire et à manger.

Le Mari Lwyd, une tradition étonnante (source).

Au Japon, réveillon au KFC

Dans l’archipel, les chrétiens ne représentent que 2 % de la population, malgré une implantation qui date du XVIe siècle. Peu de gens y célèbrent donc cette fête pour des motifs religieux. La formule japonaise issu de l’anglais, メリークリスマース (Merry Christmas) montre bien que Noël est avant tout un événement laïc et américain, où l’on célèbre サンタクロース (Santa Claus).

Le réveillon du 24 décembre prend souvent la forme d’une sorte de Saint-Valentin pour les couples, qui vont généralement dîner dans un restaurant. Plus étrange, de nombreux Japonais se ruent au KFC et n’hésitent pas à faire la queue pendant des heures, s’ils n’ont pas pensé à réserver à l’avance.

Selon une légende urbaine, le KFC était, dans les années 70, le seul endroit où les Américains en poste au Japon trouvaient des plats s’approchant vaguement de leur traditionnelle dinde. Une campagne de promotion de 1974 a ensuite ancré cette drôle de tradition dans les mœurs japonaises.

Un Père Noël à l’accent du Kentucky (source : KFC Japan).

En Finlande, la montagne de l’oreille… ou presque

Nous l’avons vu, le Père Noël finlandais se nomme Joulupukki. Les Finlandais mettent un point d’honneur à situer le lieu de vie du Père Noël sur une colline appelé Korvatunturi (« montagne de l’oreille »), du sommet de laquelle il peut entendre tout ce qui se passe dans le monde et vérifier que les enfants soient sages.

Dans les faits, Korvatunturi se trouve dans une zone peu accessible à proximité de la frontière russe et le « véritable » village du Père Noël se situe près de Rovaniemi, capitale de la Laponie finlandaise. Si vous envoyez votre lettre au Père Noël au 99999 Korvatunturi, elle arrivera donc à la Poste du Père Noël à Rovaniemi.

Santa Park - Rovaniemi
Le village du Père Noël, près de la ville finlandaise de Rovaniemi.

Notons d’ailleurs que les Suédois situent la résidence du Père Noël près de Stockholm, les Norvégiens près d’Oslo et les Danois au Groenland. Les Américains, quant à eux, ont opté pour un compromis : le Père Noël habite au Pôle Nord, à égale distance de la plupart des pays occidentaux.

Joyeux Noël, quelle que soit votre langue de prédilection !

J’espère que cet article vous a plu et vous a permis de mieux connaître les origines de la fête de Noël. Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment sur plusieurs traditions que je n’ai pas abordées, comme le sapin ou la bûche, mais je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps à l’heure du réveillon. Pour souhaiter vos meilleurs vœux à vos amis étrangers, vous trouverez tout le vocabulaire utile sur cette page.

Si vous connaissez des anecdotes sur Noël dans différentes langues et cultures étrangères, n’hésitez pas à les partager ici. En attendant, joyeux Noël à tous !

Image d’en-tête : Kevin Dooley.

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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  1. Un article de fond qui m’a appris beaucoup sur cette fête. Il y a peu l’émission, « c’est dans l’air » consacrait la soirée à cette tradition.

  2. Merci pour cet article très enrichissant Pierre !
    En effet, on pense souvent que tous les voisins ont les mêmes traditions que nous à Noël, et pourtant… Les différences sont souvent nombreuses.
    L’Espagne est un très bon exemple de la diversité des traditions de fin d’année. Il y a des coutumes partagées par toute la péninsule et ensuite, chaque autonomie y ajoute des rituels distinctifs. Tu as parlé de cette adorable bûche qui « chie » en Catalogne. Il y a également le Caganer (le « chieur »), qui est un santon placé dans la crèche en train… de déféquer ! Oui, le Noël catalan est assez scatologique…
    En tout cas merci pour ces découvertes festives !

  3. Très intéressante recherche.

    Toutefois, la carte des « langues officielles » présentée ne fait pas honneur à votre blog, car elle omet les versions de Noël en alsacien, basque, corse, occitan,… et dans d’autres langues minoritaires d’Europe.
    Concernant les langues celtiques, puisque le gaélique d’Irlande et le gallois sont tout de même cités, voici la version bretonne : « Nedeleg laouen ».

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