Par Tom

30 juillet 2016

Comment tenir votre première conversation en 7 jours

Nous voulons tous être capables de parler une langue rapidement. Malheureusement, on tombe facilement dans des pièges et on se retrouve à perdre du temps et ne pas avoir de résultats. J’ai décidé d’écrire cet article pour vous donner la stratégie pour avoir votre première conversation de 5 minutes en 7 jours, avec une chose à apprendre par jour.

Note : aujourd’hui, nous recevons Tom du blog Apprendre une langue, qui m’a proposé un sujet un peu particulier pour un billet invité. Au lieu de nous parler d’une langue en particulier, il nous livre une méthode pour décoder n’importe quelle langue et en acquérir très rapidement les bases. Cette stratégie étant en phase avec ce que je prône sur le site, je suis très content de vous la présenter.

Je m’appelle Tom et je suis un passionné par l’apprentissage des langues. Je parle anglais, allemand et russe et je suis en train d’apprendre le turc. J’ai expérimenté des techniques d’apprentissage accéléré sur différentes langues (espéranto, polonais, mandarin, hongrois… ) et j’ai affiné une méthode au fil des années pour commencer une langue sur les chapeaux de roue.

Je suis persuadé que n’importe qui peut arriver à tenir une conversation de 5 minutes en seulement une semaine d’apprentissage. Il suffit juste de se concentrer sur ce qui est vraiment important et de mettre le reste de côté.

Mais d’abord, pourquoi vouloir tenir une conversation aussi rapidement dans la langue ?

Au fil de mes années d’apprentissage des langues et ayant accompagné de nombreux apprenants, je me suis rendu compte d’une chose : parler la langue est la meilleure façon de faire des progrès rapide. Quand on y pense, c’est assez logique : la meilleure façon de s’entraîner à parler… c’est de parler !

On a souvent tendance à remettre la première conversation au plus tard possible. C’est parfaitement compréhensible ! En fait, on ne se sent pas prêt, on a peur. Mais la vérité c’est qu’une fois passé le cap des premières conversations, les résultats sont tellement motivants qu’on a vraiment envie de continuer.

Dans cet article, j’ai détaillé les étapes jour par jour pour tenir une conversation dans une nouvelle langue en 7 jours. Tout a été pensé pour que ça soit simple et concentré sur l’essentiel. Au bout du 7ème jour vous devriez être prêt à avoir une conversation de 5 minutes avec confiance.

Jour 1. Déchiffrer la phonétique et l’alphabet de la langue

Pour comprendre et être compris, vous avez besoin de reconnaître et produire les sons de la langue. La phonétique, c’est l’étude des sons présents dans une langue.

Alors comment apprendre la phonétique d’une nouvelle langue ? Comment apprendre à prononcer correctement et bien distinguer les sons qu’on entend ?

La première chose que je vous conseille de faire c’est d’aller jeter un coup d’œil sur Wikipédia. Tapez le nom de la langue + « phonétique » ou « phonetics » (je vous conseille de faire la recherche en anglais pour avoir plus d’informations), parcourez la page et regardez les particularités de la langue. Le but de cette recherche est d’identifier ce qui va être facile, ce qui est différent et ce qui va nécessiter du travail.

Note de Pierre : pour vos recherches, je vous conseille également le mot-clé « phonologie » (phonology en anglais).

Notre objectif ne sera pas d’avoir une prononciation parfaite dès le premier jour. Notre objectif sera de limiter la casse pour reconnaître au mieux les sons de la langue et se faire comprendre à l’oral.

  • Est-ce que le système d’écriture est différent ?
    • Si oui, est-ce que c’est un alphabet ?
      • Si oui, est-ce qu’il est latin ou utilise un autre système d’écriture ?
        • S’il est latin, quels sont les sons attribués à chaque lettre ? Sont-ils les mêmes que dans les langues que je connais déjà ?
        • Si l’alphabet n’est pas latin, existe-t-il une façon de l’écrire avec un alphabet latin (rōmaji, translittérations pour l’arabe ou le russe… ) ?
    • Si ce n’est pas un alphabet (comme pour le chinois) existe-t-il un système d’écriture phonétique de la langue que je peux utiliser (pinyin par exemple) ?
  • Quelles sont les particularités de la phonétique de la langue ?
    • Y a-t-il des tons ?
    • Y a-t-il une façon spéciale d’accentuer les mots ?
    • Quels sons sont déjà présents dans les langues que je connais (regardez les équivalences phonétiques sur Wikipédia)
    • Quels sons sont nouveaux ?
      • Comment pratiquer ces sons ?
      • Existe-t-il des techniques pour bien prononcer des sons (regardez sur YouTube ou Wikipédia)
    • Quelles sont les erreurs phonétiques les plus fréquentes dans cette langue pour les débutants / apprenants ?

Face à quelque chose de nouveau et difficile dans la langue, par exemple la présence de tons (chinois, cantonais, thaï… ) d’accents toniques (russe) ou bien de voyelles à la prononciation étrange (beaucoup de langues), cherchez si vous pouvez vous permettre de faire l’erreur sur cette particularité lorsque vous débutez.

Par exemple, une phrase dite sans utiliser les tons va être plus facilement comprise qu’un mot seul. Vous pouvez donc compenser la difficulté des tons par le fait de faire des phrases correctes. En russe, ne pas utiliser l’accent tonique du tout et donc prononcer comme si aucune voyelle était accentuée peut être un bon pari pour survivre temporairement, et ça vous donnera même un léger accent moscovite.

Conseil : Méfiez-vous des alphabets, surtout le latin (celui qu’on utilise en français par exemple) ! Même si le même alphabet est utilisé, les lettres n’ont pas les mêmes prononciations. Votre devoir de débutant est de ne pas lire un texte sans avoir l’audio en même temps, pour ne pas développer la mauvaise habitude de lire comme si c’était la même prononciation que du français. Par exemple la lettre « c » se prononce « k » ou « s » en français parfois /θ/ « th » en espagnol, « tch » en roumain, « ts » en estonien, « dj » en turc…

Autre conseil : Pensez à regarder un peu comment fonctionne l’alphabet phonétique international. Même si ça fait peur au début, on arrive rapidement à identifier la prononciation des mots en écoutant et voyant comment ils s’écrivent en alphabet phonétique international. Ça va beaucoup vous aider !

Analyse de la phrase

Jour 2. Déconstruire la grammaire

Au jour deux, nous allons voir comment disséquer la grammaire de la langue que vous apprenez. Déconstruire la grammaire va vous permettre d’identifier les caractéristiques de la langue (présence de déclinaisons, genres, formation du pluriel, de la négation) et de plus facilement utiliser la langue.

Pour déconstruire la langue, nous allons analyser quelques phrases traduites.
Ces phrases vont nous permettre de mettre en évidence la présence de déclinaisons, de genres, d’accord des adjectifs…

Voici un exemple avec des phrases à comparer dans 5 langues.

Français Russe Russe translitération Portugais Mandarin Pinyin
Le chat mange la souris Кот ест мышь Kot est mysh’ O gato come o ratos 貓吃老鼠 māo chī lǎo shǔ
Je vois le chat Я вижу кота Ja vizhu kota Eu vejo o gato 我看見貓 wǒ kàn jiàn māo
Le chat me voit Кот меня видит Kot menja vidit O gato consegue ver-me 貓看見我 māo kàn jiàn wǒ
Les chats mangent les souris Кошки едят мышей Koshki edjat myshej Os gatos comem os ratos 貓吃老鼠 māo chī lǎo shǔ
Est-ce que tu vois le chat ? Видишь кота? Vidish’ kota? Consegues ver o gato? 你看得見貓嗎? nǐ kàn dé jiàn māo mǎ
Je ne vois pas le chat Я не вижу кота Ja ne vizhu kota Eu não vejo o gato 我看不見貓 wǒ kàn bú jiàn māo
Elle donne la souris au chat Она дает котy мышь Ona daet koty mysh’ Ela dá o rato ao gato 她把老鼠給貓 tā bǎ lǎo shǔ gěi māo
C’est la souris du chat Эта мышь кота Jeta mysh’ kota É o rato do gato 牠是貓的老鼠 tā shì māo de lǎo shǔ
Français Russe Russe translitération Portugais Mandarin Pinyin
Il la mange Oн её ест On ejo est Ele come-a 他吃牠 tā chī tā
Je le vois Я вижу Ja vizhu Eu vejo-o 我看見牠 wǒ kàn jiàn tā
Ils les mangent Oни их едят Oni ih edjat eles Comem-no 牠們吃牠們 tā men chī tā men
Elle la lui donne Она ему её дает Ona emu ejo daet Ela dá-lhe 她把牠給她 tā bǎ tā gěi tā
Elle est à lui Она эго Ona jego Ela é dele 牠是牠的 tā shì tā de
Il est à elle Он её On ejo Ele é dela 他是她的 tā shì tā de
Français Russe Russe translitération Portugais Mandarin Pinyin
La souris a vu le chat Мышь увидела кота Mysh’ uvidela kota O rato viu o gato 老鼠看見了貓 lǎo shǔ kàn jiàn le māo
Le chat va manger la souris Кот съест мышь Kot s »est mysh’ O gato vai comer o rato 貓會把老鼠吃了 māo huì bǎ lǎo shǔ chī le
La souris va voir le chat Мышь увидет кота Mysh’ uvidet kota O rato vai ver o gato 老鼠會看見貓 lǎo shǔ huì kàn jiàn māo

Qu’est-ce qu’on remarque ? Comment ces phrases vont nous permettre de déconstruire la langue ?

Pour le russe :

  • L’alphabet est très joli 🙂 .
  • Il n’y a pas d’articles, comme on le voit dans la première phrase ( chat mange souris).
  • Le mot chat (кот) change à la deuxième phrase ( il devient кота) lorsque sa fonction change dans la phrase. C’est donc une langue à déclinaisons.
  • Il y a des conjugaisons car le verbe manger change en fonction de si c’est un ou des chats qui mangent (ест, едят).
  • Il y a probablement un cas « datif » c’est à dire que le mot chat (кот) change lorsque le chat « reçoit » la souris (il devient коту).

Pour le portugais :

  • Présence d’articles : « o » pour « le », probablement au masculin.
  • Forte ressemblance des mots avec le français et encore plus l’espagnol (gato, rato, ver), ça peut donner une idée sur la difficulté de la langue.
  • On exprime la négation avec não.

Pour le mandarin :

  • Chat se dit māo (ce qui en fait mon nouveau mot chinois préféré. Pourquoi on appelle pas les chats des « miaous » en français ?).
  • Comme en portugais, on constate que les mots ne changent d’orthographe lorsque leur fonction change dans la phrase. Il n’y a donc à priori pas de déclinaisons.
  • Chose étrange, les phrases « le chat mange la souris » et « les chats mangent les souris » sont exactement identiques. Faute de traduction ? Apparemment non, la notion de pluriel peut être implicite en chinois.

Pour vous créer votre propre déconstruction de la la langue, vous pouvez faire traduire ces phrases par un prof, un ami natif ou payer un traducteur pas cher (par exemple sur fiverr.com) ou bien tout simplement utiliser Google Traduction.

Je vous conseille d’essayer des traductions des phrases sur Google Traduction (ou un autre traducteur instantané) en remplaçant les mots un par un pour voir ce qui change. Vous allez apprendre beaucoup de choses sur la grammaire sans avoir à vous manger des pages de théorie.

Jour 3. Acquérir un vocabulaire rudimentaire

À moins de vouloir parler de chats qui mangent des souris, vous risquez de manquer de vocabulaire. Vous allez voir que vous n’avez pas besoin d’énormément de vocabulaire pour commencer à vous débrouiller dans la langue. En fait, certaines tournures de phrases très simples permettent de vous exprimer la plupart du temps de façon fluide et correcte.

Voici quelques listes de mots que vous devez apprendre en priorité.

Mots de base indispensables

bonjour
oui
non
merci
au revoir
s’il vous plaît
pardon

Adverbes

Les adverbes sont très utiles lorsqu’on débute une langue parce que :

  • Ils ne s’accordent pas et ne se déclinent pas (contrairement aux adjectifs).
  • Ils permettent de communiquer simplement sans faire de phrases (ex: « Tu parles hongrois ? » « un peu »).
  • Ils apportent des nuances indispensables.

Voici quelques adverbes fréquents que vous devez connaître

un peu
encore
très
beaucoup
bien
mal
plus
maintenant
ici
là-bas
avant

Verbes poignées

Certains verbes permettent « d’utiliser » la plupart des autres verbes sans avoir à les conjuguer.

je veux
je peux
je dois
je vais (il existe souvent une particule ou un verbe qui permet d’exprimer le futur simplement : werden, will, буду, huì, voy… )

Ces quatre verbes vous permettront d’utiliser presque tous les autres verbes sans les conjuguer. Il suffit de rajouter un verbe à l’infinitif juste après.

Note de Pierre : c’est effectivement un réflexe à avoir absolument… pour les langues proches du français, car ces verbes de modalité n’existent pas toujours. Par exemple, en japonais, « vouloir » n’est pas rendu par un verbe à part, mais par une forme du verbe (ex : iku, « je vais », ikitai, « je veux aller »).

Verbes utiles, à l’infinitif

parler
apprendre
comprendre
dire
répéter
aller
manger

Quelques connecteurs

mais
et
avec
pour
donc

Avec ces quelques morceaux de langues, vous pouvez déjà faire quelques phrases rudimentaires. Du type :

Je veux apprendre et je dois parler.
Je vais aller là-bas mais je veux bien parler avant.
Je peux comprendre un peu mais je dois beaucoup apprendre.

Je vous invite à vous amuser à en créer un maximum avec le peu de mots que vous connaissez déjà !

Jour 4. Se présenter avec fluidité

La grande partie de votre conversation de 5 minutes va être passée à vous présenter, à faire connaissance avec votre interlocuteur. Un de vos objectifs sera donc donc de savoir vous présenter, expliquer ce que vous faites et probablement pourquoi vous apprenez la langue.

Pour être prêt il suffit simplement de préparer votre texte, comme au théâtre. Apprendre à vous présenter avec fluidité a énormément d’avantages à court terme et à long terme.

D’abord, vous allez commencer par le plus important. En vous présentant vous allez être capable de savoir quoi dire dans la conversation la plus fréquente avec un natif. Si vous venez de rencontrer un étranger et que vous lui parlez dans sa langue, exception faite de l’anglais, il y a fort à parier qu’il soit surpris et veuille en savoir plus sur vous et la raison pour laquelle vous apprenez cette langue.

Un très bon endroit pour pratiquer une langue est une rencontre polyglotte ou une soirée pour pratiquer une langue. Vous pouvez trouver des évènements comme ça sur meetup.com ou couchsurfing.com. Dans ces rencontres, la plupart du temps est passé à faire connaissance. Si vous savez vous présenter vous pourrez vous en sortir, donc, la plupart du temps.

En pratiquant sans cesse la même conversation, vous allez pouvoir vous perfectionner de plus en plus. Une erreur fréquente chez les débutants est de ne pas faire assez de répétitions, de ne pas maîtriser un sujet avant de passer à un autre. En commençant directement par la présentation, vous allez pouvoir vous perfectionner à chaque fois que vous rencontrez une nouvelle personne qui parle la langue.

Voyons maintenant concrètement comment vous allez apprendre à vous présenter.
Dans un premier temps, vous pouvez traduire ou faire traduire les phrases suivantes, en prenant soin de les personnaliser :

Je suis…
Je suis… (nationalité)
J’habite à (pays)
J’apprends le (langue) depuis… (une semaine, un mois… )
J’ai commencé à apprendre il y a (une semaine, un mois, un an… )
Parce que c’est intéressant (réponse facile à « pourquoi tu apprends cette langue »)
J’aime cette langue
Je parle…
J’apprends depuis…
J’ai commencé il y a… jours / semaines / mois
J’utilise… un livre / une application
J’apprends avec un prof
Je suis… (étudiant / retraité / traducteur…)
Je viens de…
J’ai…
Je m’appelle…
J’ai… (ans)

Inutile de rentrer dans des détails personnels comme décrire les membres de votre famille. Je sais que c’est un exercice fréquent dans les salles de classes, mais dans la vie réelle, ce qui intéresse les gens c’est d’où vous venez, ce que vous faites et pourquoi vous apprenez la langue. Si vous êtes capable de parler sur ces 3 sujets vous serez capable de survivre vos 5 minutes d’interaction sans problème.

Mémorisation d'une langue étrangère

Jour 5. Comprendre les questions

Bien. maintenant, vous êtes capable de prononcer et peut-être lire la langue, comprendre la logique de celle-ci, faire quelques phrases basiques et vous présenter.

Lors de vos 5 minutes de conversation, vous allez devoir comprendre ce que vous dit votre interlocuteur. La plupart du temps il va vous poser des questions.

Pas d’affolement, les questions qu’on va vous poser seront presque toujours les mêmes. Vous pouvez donc vous y préparer.

Puisque notre objectif est d’arriver à tenir 5 minutes de conversation dans une nouvelle langue en 7 jours, nous allons éviter de nous encombrer à apprendre ces questions par cœur. Ce que nous allons faire c’est apprendre à les reconnaître.

Le mot clé pour reconnaître la question, c’est ce qu’on appelle un pronom interrogatif. Si vous les apprenez et les repérez, vous allez deviner la moitié de la question. Voici les pronoms interrogatifs que vous devez connaître dans la langue que vous apprenez :

comment
depuis combien de temps
combien
quel (quel âge), lequel
quand
pourquoi

d’où

Maintenant, voici la liste des questions les plus fréquentes.

Pourquoi tu apprends le… ?
Depuis combien de temps tu apprends… ?
(à l’étranger) Tu vis ici ?
Qu’est ce que tu fais dans la vie ?
Tu es étudiant ou tu travailles ?
D’où tu viens ?
De quelle ville tu viens ?
Tu es déjà allé en/au (pays où la langue est parlée) ?
Comment tu apprends le… ?
Tu trouves la langue difficile ?
Qu’est ce que tu penses de la langue ?
Qu’est ce que tu penses du pays ?

Pour vous dire la vérité, les phrases :

Quel âge tu as ?
Comment tu t’appelles ?

Sont secondaires par rapport aux questions précédentes, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Réfléchissez-y : on ne parle pas souvent de son âge sans qu’il y ait un rapport avec le sujet de conversation, et, la plupart du temps, on donne son prénom directement lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la première fois.

Jour 6. Relancer la conversation et mémoriser du vocabulaire

Bravo ! Est-ce que vous vous rendez compte de tout ce que vous avez déjà appris ? En l’espace de quelques jours vous avez décortiqué la langue, appris à faire des phrases simples, reconnaître les questions les plus fréquentes et y répondre.

Aujourd’hui on va se concentrer sur deux choses : comment faire parler votre interlocuteur et comment vous souvenir de tout ce que vous apprenez.

Faites parler votre interlocuteur

Ça serait dommage de ne pas poser des questions vous aussi à la personne à qui vous parlez. Pour ça, vous pouvez simplement apprendre la liste de questions à comprendre du jour 5 ou bien utiliser les petites expressions suivantes :

Et toi ?
Qu’est ce que tu penses de… ?
Toi aussi ?
Est ce que tu apprends une langue ?
Quelle langue tu apprends ?
D’où tu viens ?
Est-ce que tu aimes… (pays / langue)

En cas d’incompréhension totale, utilisez les expressions suivantes :

Pardon ?
Répète, s’il te plaît.
Je ne comprends pas.
Que veut dire… ?
Comment dire… ?

Comment mémoriser toutes ces nouvelles phrases ?

Voici comment faire pour mémoriser tout ce que vous apprenez. Je pourrais vous décrire comment le cerveau retient les informations à long terme mais je vais vous le résumer en deux étapes : l’encodage et la répétition

1. Encodage

Premièrement, vous devez encoder l’information. Un nouveau mot dans une nouvelle langue n’a aucun sens pour vous, la sonorité et l’orthographe ne sont pas encore associés à sons sens. Il faut donc trouver des étapes intermédiaires, des associations d’idées pour « relier » l’idée du mot au son.

Pour ce faire, nous allons utiliser des mnémotechniques. Ce sont tout simplement des associations d’idées pour retenir plus facilement une information. Vous savez, comme ces petites phrases pour se souvenir de l’ordre des planètes (Mon Vieux, Tu M’as Jeté Sur Une Navette – chaque première lettre correspond à une planète du système solaire, dans l’ordre) ou de règles d’orthographe (Nourrir prend deux ‘r’ car on se nourrit plusieurs fois. Mourir ne prend qu’un ‘r’ car on ne meurt qu’une fois.)
Vous allez donc créer vos propres mnémotechniques pour chaque mot. Voici quelques idées, en prenant une langue au hasard. Ici l’estonien (au hasard)

Français Estonien Moyen mnémotechnique
bonjour tere Bonjour la terre (le mot est simple, l’association aussi)
Je peux ma ei Je peux voir grâce à « ma œil »
un peu natukene Natou s’est un peu fait « ken« . Je vous incite à avoir des associations d’idées les plus sales, sexuelles ou violentes pour bien vous souvenir. Faites appel à vos émotions les plus fortes pour ancrer le vocabulaire, tous les coups sont permis !
parler rääkida Parler est une méthode « rääkidale » pour apprendre (radicale) .

Note de Pierre : comme l’explique Gabriel Wyner dans son excellent livre Fluent Forever, preuves scientifiques à l’appui, les images violentes ou salaces fournissent un excellent support de mémorisation. Amusez-vous !

2. Répétition

La répétition est la mère de la maîtrise. Apprendre une langue ça n’est pas simplement en comprendre les concepts. Apprendre une langue c’est comme un art, c’est comme un sport. Il faut répéter le même exercice jusqu’à ce que ça devienne naturel. On ne retient pas un mot en le voyant une fois. Il faut le répéter plusieurs fois, le retrouver plusieurs fois. Au niveau de votre cerveau, vous devez créer des connections solides entre vos neurones.

Si vous ne répétez pas une information, elle sera « nettoyée » de votre mémoire parce que jugée peu utile par votre cerveau. Si vous répétez chaque jour le même mot pendant suffisamment longtemps, une connexion entre le concept et le mot sera créée et renforcée, au point où vous ne l’oublierez pas avant longtemps.

Seulement, répéter plusieurs fois un mot en le lisant ne suffit pas, vous devez essayer de vous remémorer le mot activement. Pour ça, vous devez lire le mot en français et le traduire dans l’autre langue.

Pour être sûr d’apprendre du vocabulaire efficacement, je vous conseille d’utiliser un système de répétition espacée. Ces systèmes vous permettent de revoir ce que vous apprenez au moment où vous êtes en train de l’oublier. Ces systèmes sont intégrés aux applications comme Memrise, Anki ou Mosalingua et dans une autre mesure Duolingo ou Babbel.
Utiliser un système de répétition espacée est à mon avis indispensable pour apprendre une langue, surtout lorsque vous devez mémoriser une grande quantité de vocabulaire en peu de temps, comme lors de ce challenge.

Pratiquer une langue étrangère à l'oral

Jour 7. Jour du test

Aujourd’hui c’est le jour J. C’est le jour où vous allez tout mettre en pratique tout ce que vous venez d’apprendre. Aujourd’hui nous allons voir deux choses importantes : quelques sites pour trouver des gens avec qui parler et comment survivre pendant votre première conversation.

Où trouver des gens avec qui parler aujourd’hui ?

Pour ce qui va vous intéresser dans ce challenge, voici deux options à considérer :

Italki.com : un site qui met en relation des millions d’apprenant des langues. Vous trouvez un partenaire, un prof ou un tuteur à l’autre bout du monde, vous échangez vos coordonnées Skype et vous parlez depuis votre ordinateur. Je vous conseille de payer 5$ et de prendre un tuteur pour pratiquer votre conversation. Je vous le conseille vraiment, c’est extrêmement efficace.

Meetup.com et Couchsurfing.com : deux sites pour (en gros) rencontrer des gens dans votre ville. Ils vous permettront de trouver une réunion « polyglotte » ou bien pour un rassemblement de personnes qui pratiquent ou parlent la langue qui vous intéresse. Dans ce type de réunion, vous venez et vous pratiquez autant que vous voulez la langue que vous apprenez avec d’autres apprenants ou bien des natifs.

Comment survivre à votre première conversation ?

Vous ne vous sentez pas prêt ? C’est normal. Personne ne se sent prêt à parler une langue, que ce soit après une semaine ou après 3 ans d’apprentissage. Tant que le cap n’est pas passé vous n’allez pas vous sentir prêt. Seulement voilà : la différence entre ceux qui apprennent une langue vite et les autres est une différence d’attitude. Les autodidactes qui réussissent sont ceux qui osent faire ce que tout le monde procrastine.

Gardez en tête que personne ne va se moquer de vous. Lorsque vous allez montrer ce dont vous êtes capable (même si vous oubliez beaucoup) vous allez impressionner votre interlocuteur qui ne manquera sûrement pas de vous féliciter.

Prenez votre temps. Lors de votre première conversation, vous allez être lent. Vous n’avez pas encore les automatismes bien ancrés dans votre cerveau, c’est donc normal de ramer un peu. Sachez que plus vous allez parler à l’oral, plus vous allez gagner en automatismes et donc en vitesse.

Ne vous comparez qu’à vous-même. C’est un conseil très utile dans les langues si vous avez tendance à vous comparer aux autres. Vous ne serez jamais le meilleur parce que la langue que vous apprenez n’est pas votre langue maternelle. Si vous vous trouvez nul par rapport aux autres, rappelez vous que ça n’est pas une question de talent, mais une question de méthode. Je ne sais pas s’il y a des gens vraiment bons en langue naturellement, en tout cas il y a des bonnes méthodes et des apprenants proactifs.

Je vous ai donné la méthode pour votre première semaine, à vous d’être proactif ! Bonne chance !

Envie d’aller plus loin ? Vous pouvez encore télécharger le guide « 5 techniques pour apprendre une langue en 100 jours » gratuitement sur mon blog.

Tom

Je suis un passionné de l'apprentissage des langues. Ma mission : aider les francophones à apprendre à parler des langues rapidement en utilisant des techniques alternatives. Je vis la plupart du temps à l'étranger (Russie, Allemagne, Hongrie et bientôt Turquie) et je partage mes conseils et découvertes sur les sites apprendre-une-langue.fr et lerussefacile.com

Ces articles vous intéresseront aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs marqués d'un * sont obligatoires.

  1. Salut Pierre,
    Merci pour ce magnifique article mais j’ ai relevé quelques problèmes en effet il n’est applicable qu’a quelques langues seulement (même proche du français) je pense au grec par exemple puisqu’il n’y a pas d’infinitif (il se traduit par des subjonctifs) ou encore la formulation <> qui ce traduit par plusieurs formes futurs. De plus certaines langues ont des sons qui ne s’apprennent pas en 1 semaine comme le g hollandais , le γ grec, le r roulé peut chez certaines mettre des mois à être prononcé correctement. Enfin chaque langues à <> qui créer donc des formes de conversation très différentes et complexe à appréhender ( langues asiatiques ou polynésiennes ). Malheureusement je sais bien qu’il n’y a pas de méthode miracle et celles-ci a l’avantage de couvrir les langues les plus apprises : anglais, espagnol, français, italien, russe…

    1. Bonjour Henrion,

      Je me permet de vous répondre. Vous avez parfaitement raison, cette méthode n’est pas applicable à toutes les langues dans son ensemble. Il existe des particularités à chaque langue qui empêchent la simplification, c’est pour ça que la partie du jour 2 sur la déconstruction de la grammaire peut être intéressante. J’espère que cet article aidera à donner une approche utile pour ceux qui veulent se débrouiller rapidement dans une nouvelle langue.

  2. Bonjour, Tom.
    Votre méthode semble très ntéressante… part contre « il est à elle » ne signifie pas « é ela mesma » en portugais, mas « ele é dela » et « elle est à lui » ne signifie pas « é ele mesmo », mais « ela é dele ». Voilà pourquoi je ne conseille pas la traduction. Sinon, le reste me semble pertinent.

{"email":"Adresse e-mail invalide","url":"Adresse du site invalide","required":"Champ requis manquant"}

Rejoignez mes contacts pour recevoir les nouveaux articles dès leur parution

+ la formation gratuite "25 techniques pour apprendre votre vocabulaire"