Par Pierre

9 juillet 2016

Voyage en Irlande, deuxième partie

Reprenons notre histoire où nous l’avions laissée, c’est-à-dire sur le quai de Doolin, avec le dernier ferry pour les îles d’Aran s’éloignant à l’horizon. Pourtant bien parti, notre voyage en Irlande venait de prendre un tour pour le moins inattendu : nous étions bloqués à terre et il ne nous restait plus qu’à faire le tour des hôtels de ce petit village en espérant trouver une chambre pas trop chère. Cette soirée aurait pu être catastrophique, mais c’était sans compter sur la générosité des Irlandais.

Première partie : le comté de Clare et les falaises de Moher
Troisième partie : de Galway à Dublin

Jour 3 bis – une belle soirée à Doolin… contre toute attente !

L’accueil irlandais, en quelques exemples parlants

Avant de reprendre ce compte-rendu, une réflexion très personnelle : j’ai trouvé qu’en Irlande, à peu près tout était mal indiqué. Les cars, les bateaux, les horaires, les informations sur les divers sites Internet… Pourtant, nous avons toujours réussi à nous en sortir, grâce à l’incroyable sens du service de nos interlocuteurs. Jugez plutôt :

  • En achetant nos billets de car d’Ennis aux falaises de Moher, ma copine a eu la désagréable surprise de voir que l’achat avait échoué… mais que la somme avait été débitée sur sa carte. Un simple e-mail au service client a suffi à obtenir un remboursement quasi-immédiat accompagné d’une réponse très sympathique.
  • En voulant prendre l’aller en ferry d’Inis Mór à Galway (dont je parlerai dans cet article), je me suis rendu compte que le site de la compagnie ne permettait de prendre qu’un aller de Galway à Inis Mór et pas l’inverse. Après un e-mail au service client, il s’est avéré qu’il y avait un bug sur le site et mon interlocutrice m’a proposé de prendre le « mauvais » aller, puis me l’a immédiatement changé.

Et encore, ce n’est rien comparé aux exemples que vous vous apprêtez à découvrir. De manière générale, la bonne réputation des Irlandais n’est pas usurpée et vous obtiendrez facilement de l’aide si vous en demandez. Ce n’est qu’une théorie, mais je suppose que si les indications sont rares, c’est parce qu’on part du principe qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous tirer d’affaire. Si vous avez passé plus de temps que moi en Irlande, peut-être pourrez-vous étayer ou infirmer cette hypothèse.
Pour l’heure, revenons à nos moutons, qui ne sont d’ailleurs pas si nombreux sur l’île qu’on ne pourrait le croire…

Doolin, pub et musique irlandaise

Dépité, je demande à John, l’employé de la compagnie Doolin2Aran Ferries, s’il est possible de prendre le ferry du lendemain matin et s’il connaît un endroit où nous pourrions passer la nuit ; il me répond qu’il compte évidemment nous aider. Tenez-vous bien : il change la date de notre départ et nous présente ses excuses en nous disant que quelqu’un aurait normalement dû nous aiguiller mais que les employés avaient eu fort à faire avec un gros groupe de touristes qui rentrait des îles. Il nous propose alors de revenir avec un peu d’avance le lendemain pour qu’il nous rembourse le trajet, après quoi il appelle une de ses connaissances, nous annonce qu’il nous a trouvé un hébergement pour la nuit et nous fait monter dans sa voiture. Il nous emmène jusqu’au Doolin Hostel, où il explique notre situation à la réceptionniste ; cette dernière nous propose des places en dortoir à un tarif très compétitif (34 € pour deux si ma mémoire est bonne).

Une fois remis de nos émotions, il nous reste un dernier problème : la réservation sur l’île d’Inis Oírr, qu’Air B&B ne nous permet normalement pas d’annuler. Je décide malgré tout de tenter le coup et contacte Bernadette, la propriétaire de la maison d’hôte. Elle me répond très vite qu’elle est désolée de ne pas nous recevoir et nous offre le remboursement pour la nuit alors que, je le répète, elle n’avait aucune obligation de le faire.
Conclusion : une soirée qui aurait pu être atroce et ruineuse vient d’être sauvée par l’incroyable générosité d’une poignée de personnes. J’en profite d’ailleurs pour vous indiquer le gîte de Bernadette, le Shamrock B&B, au cas où vous cherchiez un hébergement sur Inis Oírr. C’est la moindre des choses de ma part.

Soulagés après avoir eu tant de chance, nous décidons d’aller nous remettre de nos émotions dans l’un des nombreux pubs du village, lequel a gardé une tradition bien vivace de musique irlandaise.

Jour 4 – Les îles d’Aran : Inis Oírr et Inis Mór

Le lendemain matin, nous retournons au port, bien décidés à monter sur notre bateau. Malgré une boutade de la réceptionniste de l’auberge (« A tout à l’heure, donc ! »), cette fois, tout se passe bien : John nous rembourse notre trajet comme promis et nous indique notre ferry, le Doolin Discovery. Encore une fois, je ne peux que remercier l’équipe de Doolin2Aran Ferries pour ce geste commercial, j’en profite donc pour leur faire un peu de publicité !

Carte de l'Irlande - Comté de Galway
La baie de Galway avec nos trajets du 15 au 16 juin.

Une fois à bord, nous nous éloignons du rivage sous un soleil radieux et dépassons Crab Island, petite île comportant un unique bâtiment en ruine et réputée parmi les surfers. Après environ une demi-heure de croisière, nous débarquons sur l’île d’Inis Oírr.

Sur le bateau vers les îles d'Aran
Forcément, je n’ai pas raté le bateau, je suis donc (presque) souriant !

Un mot sur les îles d’Aran

Les îles d’Aran (Oileáin Árann en irlandais) sont un archipel situé au large de la côte ouest de l’Irlande, qui forme le prolongement du plateau karstique du Burren, dans le comté de Clare. En d’autres termes, le sol est principalement constitué de calcaire. Il existe trois îles principales (plus d’autres beaucoup plus petites), à savoir, d’est en ouest :

  • Inis Oírr (aussi appelée Inis Thiar ou Inis Oirthir, ou encore Inisheer en anglais), la plus petite des trois îles, qui abrite un peu plus de 240 habitants.
  • Inis Meáin (Inishmaan en anglais), la moins peuplée (150 habitants) et la plus sauvage. J’ai été très frustré de ne pas pouvoir la visiter, mais les horaires des ferries offrant peu de flexibilité, il a fallu faire un choix. Une prochaine fois peut-être !
  • Inis Mór (Inishmore en anglais), la plus grande et la plus peuplée (820 habitants).

Si je vous ai volontairement donné les noms anglais des îles, très utilisés sur Internet, il faut savoir que la véritable langue locale est l’irlandais (ou gaélique irlandais), même si vous n’aurez aucun mal à vous faire comprendre en anglais. Attention cependant, l’accent des îles d’Aran peut dérouter !
L’archipel étant l’un des derniers bastions de la langue irlandaise, de nombreux écoliers y viennent régulièrement dans le cadre de séjours linguistiques. Nous aurons l’occasion de reparler du statut assez particulier de l’irlandais en Irlande.

Gaeltacht
Le mot Gaeltacht désigne une région où est parlé le gaélique irlandais, ici Inis Oírr. Le h après le G initial est apparemment dû à une déclinaison du mot.

Si l’archipel vous intéresse, je vous invite à regarder le film L’homme d’Aran de Robert Flaherty, magnifique par ses images mais fortement romancé, donc à prendre avec des pincettes.

Visite éclair d’Inis Oírr

A cause de notre mésaventure de la veille, nous disposons de beaucoup moins de temps que prévu pour explorer Inis Oírr, un peu moins de cinq heures. Heureusement qu’il s’agit de la plus petite île ! Pour l’anecdote, son nom signifie « île de l’est », tout simplement.

Inis Oírr, îles d'Aran
Bienvenue à Inis Oírr !

Nous arrivons près d’une très belle plage de sable fin, à proximité de laquelle nage un dauphin, que je ne réussirai pas à prendre en photo. Nous partons en direction du sud-est et faisons connaissance avec le paysage typique des îles, à savoir des labyrinthes de murets de pierre sèche. Il faut garder à l’esprit que l’endroit est à la base plutôt hostile, balayé par les vents puissants de l’Atlantique Nord. Pendant des millénaires, les insulaires ont patiemment transformé un sol rocheux et infertile, en y apportant un mélange de sable, d’algues et de végétation poussant entre les pierres. Les fameux murets permettent donc de protéger ces fragiles pâturages du vent et servent également d’enclos pour les bêtes.

Murets de pierre sèche
Depuis des temps immémoriaux, ces murets de pierre sèche protègent les pâturages irlandais des vents violents de l’Atlantique. A l’arrière-plan : l’épave du Plassey.

Après avoir longé la côte est de l’île, nous arrivons en vue du Plassey, épave d’un bateau victime d’un naufrage en 1960, puis déplacé jusque sur le rivage par une tempête quelques semaines plus tard. La structure, rongée par la rouille depuis plus d’un demi-siècle, tombe littéralement en ruine. A l’ouest, nous apercevons le phare de l’île mais décidons de ne pas y aller, par manque de temps. Nous décidons plutôt de gagner l’intérieur des terres et nous nous enfonçons plus profondément dans le dédale des murets.

MV Plassey sur Inis Oírr
L’épave du MV Plassey, rongée par la rouille depuis 1960.

Pendant notre visite, Inis Oírr nous laisse l’impression d’un lieu paisible et intimiste, avec ses petits enclos où paissent vaches et chevaux. Devant une maison, un enfant vient à notre rencontre tandis que sa famille, assise près de l’entrée, nous fait de grands signes. L’île semble un peu en dehors du temps et sa population est très chaleureuse, même si j’imagine que la vie ne doit pas toujours être confortable, notamment en hiver.

O'Brien's Castle
Ce château, O’Brien Castle, fut construit par la puissante famille O’Brien de Munster au XIVe siècle. Il tomba aux mains des O’Flaherty du Connemara en 1582, qui le gardèrent en leur possession jusqu’à la conquête de l’Irlande par Oliver Cromwell.

Après une pause dans un pub près du port, nous nous attardons sur la côte nord-ouest de l’île, depuis laquelle nous apercevons très clairement Inis Meáin. Le sol près du rivage forme un lapiaz, formation géologique typique de la région, avec des sortes de dalles naturelles séparées par de profondes crevasses. Cette excursion nous donne d’ailleurs l’occasion de voir des currachs, bateaux traditionnels formés d’une armature en bois recouverte de toile enduite dans du goudron.

Lapiaz à Inis Oírr
Le lapiaz du nord-ouest de l’île forme des dalles de calcaire, de plus en plus fines à mesure qu’on se rapproche du rivage. Inis Meáin est toute proche.
Currach à Inis Oírr
La rive nord de l’île. Le bateau noir est un currach, embarcation traditionnelle que nous n’avons malheureusement pas pu voir en action.

Il est déjà l’heure de repartir, aussi embarquons-nous pour la prochaine étape de notre voyage. Après une nouvelle traversée ensoleillée, nous arrivons au port d’Inis Mór.

Soirée à Inis Mór

La première chose qui frappe en arrivant sur l’île, dont le nom signifie tout simplement « grande île », est l’activité qui y règne. Par contraste avec Inis Oírr, le principal village, Cill Rónáin (Kilronan en anglais) ressemble presque à une petite ville. Je dis presque, car la localité compte tout au plus 300 habitants, mais elle concentre l’essentiel de l’activité touristique.

Pour information, Cill Rónáin abrite le seul distributeur de billets de l’archipel, d’ailleurs situé dans l’unique supermarché des trois îles. Si vous avez impérativement besoin d’argent, ne tardez pas, le distributeur se retrouve régulièrement à sec en fin de journée. S’il devait vous prendre une subite envie de malbouffe, vous pourrez y succomber au Supermac’s, chaîne de restauration rapide originaire de Galway. En tout cas, croisons les doigts pour que McDonald’s ne s’implante pas sur l’île !

Nous posons nos affaires à notre auberge de jeunesse, le Kilronan Hostel, achetons de quoi manger puis réfléchissons à notre prochaine excursion. J’ai très envie de découvrir Dún Aonghasa (ou Dun Aengus), forteresse protohistorique perchée sur une haute falaise de l’ouest de l’île, mais nous décidons de remettre cette visite au lendemain pour nous concentrer sur un lieu plus proche.
Notre choix se porte finalement sur Dún Dúchathair, autre site archéologique autrement connu sous le nom de Black Fort. Tout un programme.

Dún Dúchathair, la forteresse du bout du monde

Le fort se trouve à quelques kilomètres de marche de Cill Rónáin, sur la façade sud d’Inis Mór. Cette dernière est presque entièrement constituée de falaises abruptes, là où le rivage nord est généralement au niveau de la mer. Notre chemin nous emmène donc sur de hautes collines, tandis que la lumière décroît peu à peu dans le ciel. Comme nous sommes proches du solstice d’été (15 juillet), nous avons encore du temps devant nous.

Chemin vers Dún Dúchathair
En route vers le fort noir !

A mesure que nous approchons de notre destination, les fermes se font rares et le paysage plus sauvage. Nous apercevons brièvement un groupe de deux touristes loin à l’ouest, puis nous ne reverrons pas un seul être humain jusqu’à notre retour au village.
C’est donc dans la solitude la plus totale que nous atteignons les abords du site. Un dernier panneau nous indique la direction mais n’est en réalité pas d’une grande aide, car il pointe directement… vers une falaise. Pour atteindre le fort, il faut en fait se diriger un peu plus à l’est, dans un dédale de pierres qui oblige à faire de grands détours. Sachant que les murets n’ont pas été placés là pour rien, il ne nous viendrait pas à l’idée d’y toucher, nous nous conformons donc aux caprices du labyrinthe.
Nous passons un monument érigé en l’honneur d’un homme perdu en mer en 2011, qui ajoute à l’atmosphère lugubre des lieux, puis nous arrivons enfin en vue de Dún Dúchathair.

Falaises du sud de l'île
Une atmosphère lourde règne aux abords du fort.

Je dois admettre que cet endroit est sans doute celui qui m’a le plus impressionné pendant tout le voyage et peut-être l’un des plus marquants que j’ai eu l’occasion de voir dans ma vie. Peut-être est-ce dû à l’atmosphère qui règne ce soir-là : le silence n’est brisé que par les cris des oiseaux et le bruit des vagues qui viennent s’écraser contre les falaises, la pâle lumière du soir qui perce à travers les nuages vient éclairer une roche particulièrement sombre, d’où le nom de « fort noir ». Le littoral est particulièrement échancré, avec des promontoires presque noirs qui s’avancent sur l’océan comme d’immense navires. La roche des falaises, fortement érodée, présente un aspect géométrique très prononcé, qui ajoute à l’aspect solennel des lieux.

Dún Dúchathair - caverne
Pratiquement sous le fort, l’océan a creusé une sorte de caverne très sombre et anguleuse. Celle-ci amplifie le bruit des vagues qui viennent s’y écraser.
Dún Dúchathair - approche
Le fort au bout de son promontoire.

L’accès au fort lui-même impose de traverser un champ de chevaux de frise, c’est-à-dire des pierres dressées par les anciens occupants pour ralentir d’éventuels assaillants. Il faut ensuite passer derrière l’imposante muraille en empruntant un petit chemin qui passe juste au bord de la falaise. Prudence, donc. Une fois à l’intérieur, on peut voir des restes d’habitations en pierre. Comme pour les autres forts des îles d’Aran, les origines de l’édifice sont mal connues : certains spécialistes les font remonter au Moyen Age, d’autres jusqu’à l’âge de pierre.

Dún Dúchathair - intérieur
L’intérieur du fort. Les structures au centre sont probablement des restes d’habitations.

Après avoir exploré les ruines, nous décidons de retourner au village car la nuit est en train de tomber et nous préférons éviter d’être surpris par l’obscurité. Nous laissons donc Dún Dúchathair là où nous l’avons trouvé, au bord de sa falaise baignée d’une atmosphère irréelle, dans le silence des vieilles pierres.

Jour 5 – Inis Mór et arrivée à Galway

Dún Aonghasa et virée en minibus

Comme nous disposons d’un peu plus de temps que la veille, nous décidons de nous mettre en route pour visiter le plus grand fort protohistorique de l’île, Dún Aonghasa. Sur le chemin, nous croisons une Française rencontrée à l’auberge de jeunesse, qui se dirige vers l’ouest de l’île. Elle arrête un minibus touristique qui se dirige justement vers le fort et nous montons tous les trois à l’intérieur. Sur le chemin, notre chauffeur nous fournit moult informations et anecdotes sur les villages que nous traversons, dans un anglais teinté de l’accent local.

Maison sur Inis Mór
Toit de chaume et murs blanchis à la chaux : une maison typique des îles d’Aran. Dans les faits, ce type d’habitat est de plus en plus rare.

Sur le chemin, nous apercevons deux autres des quatre forts que compte l’île : Dún Eochla, le plus en hauteur, puis Dún Eoghanachta, le plus à l’ouest. Nous passons également près d’un autre endroit renommé de l’île, Na Seacht dTeampaill, autrement dit « les sept églises », même si elles ne sont en réalité que deux.
Nous atteignons ensuite l’extrémité est d’Inis Mór, depuis laquelle nous entrevoyons les îles de Brannock ; sur la plus occidentale des deux îles se dresse un phare qui marque l’entrée de la baie de Galway.

Une fois arrivés près du fort, notre chauffeur nous propose de poursuivre la visite guidée au retour. Même si je préfère d’ordinaire découvrir les lieux par moi-même, j’accepte et je paie volontiers le tarif demandé, à savoir 20 € pour deux personnes. Pendant que le guide part déjeuner, nous entamons l’ascension jusqu’à Dún Aonghasa.

Chemin vers Dún Aonghasa
La forteresse et ses nombreux murs d’enceinte.

Le fort se situe au sommet d’une falaise haute de cent mètres et offre donc une vue imprenable à la fois sur l’île, mais aussi sur les régions proches. Le temps magnifique nous permet ainsi de distinguer les falaises de Moher au sud et les montagnes du Connemara au nord.

Façade nord d'Inis Mór
La façade nord de l’île vue depuis le fort.
Inis Mór - sud-est
Les falaises du sud-est de l’île, toujours depuis Dún Aonghasa.
Sud-ouest d'Inis Mór
Pour finir, le sud-ouest ! Ainsi, vous avez un aperçu complet.

Largement restaurée, la muraille forme un arc de cercle le long de la falaise. Selon certains archéologues, elle aurait pu être de forme ovale, avec une partie qui se serait effondrée dans l’océan. En tout, ce ne sont pas moins de quatre murs d’enceinte et des chevaux de frise qui forment la plus impressionnante fortification des îles d’Aran.
Malgré tout, j’avoue avoir préféré Dún Dúchathair, plus isolé. Ici, on se retrouve face à un monument touristique, dont l’entrée est d’ailleurs payante, même si ce n’est pas un mal en soi. Le groupe de touristes allemand qui est présent en même temps que nous n’arrange rien à l’affaire : ils parlent très fort du prix de leurs vêtements de randonnée aux couleurs criardes, après quoi ils décident de tous monter sur le mur d’enceinte, malgré un panneau Do not climb sans équivoque, l’une d’entre elles fait tomber une pierre et la replace ni vu ni connu… Bref, difficile de s’imprégner de l’atmosphère des lieux.

Dún Aonghasa - intérieur
L’intérieur de la forteresse, dos à la falaise. La muraille a été amplement restaurée par les archéologues.

Notre visite terminée, nous rejoignons notre guide et deux autres passagers et nous reprenons notre route. Nous longeons la côte nord de l’île où se trouvent de très belles plages, dont une régulièrement fréquentée par une colonie de phoques, qui brille ce jour-là par son absence. Tant pis ! Nous retournons ensuite à Cill Rónáin, avec quelques heures devant nous avant notre ferry.

Vers l’est : Cill Éinne et des lapins par centaines

Comme nous ne souhaitons pas nous éloigner sur mesure de notre auberge de jeunesse, nous décidons de longer le rivage vers l’est, en direction d’un petit village de pêcheurs nommé Cill Éinne (Killeany en anglais). Soit dit en passant, si vous vous demandez pourquoi tant de toponymes commencent par kil (comme la ville de Kilkenny), sachez que cill (à prononcer avec un c dur) signifie « église » en irlandais et provient du latin cella.

Plage de Cill Rónáin
La plage de Cill Rónáin, avec Cill Éinne en fond.

A côté du village se trouvent un aérodrome qui assure des vols réguliers vers le Connemara ainsi qu’un cimetière qui abriterait les restes de Saint Enda, un missionnaire chrétien du VIe siècle. Nous arrivons finalement près d’une curieuse plaine envahie de lapins qui ne semblent pas particulièrement inquiétés par les prédateurs.

Littoral de Cill Éinne
Au port de Cill Éinne. Cill Rónáin est visible à l’arrière-plan.

Retour sur l’île d’Irlande

Par manque de temps, nous décidons de rebrousser chemin pour retourner chercher nos affaires à l’auberge. Nous nous dirigeons ensuite vers le port et embarquons dans notre ferry pour Ros a’ Mhíl. Le navire de la compagnie Aran Island Ferries est beaucoup plus imposant que ceux que nous avons pris jusqu’ici. Une fois installé sur mon siège, j’ai à peine le temps de faire une petite session de japonais sur Anki que je sombre dans un profond sommeil, qui ne sera interrompu qu’à notre arrivée.

Ros a’ Mhíl, le port gaélique

Ros a’ Mhíl, aussi appelé Rossaveel ou Rossaveal en anglais, est un petit village de pêcheurs situé dans la région du Connemara, dans le comté de Galway. Comme 84 % de sa population a l’irlandais comme langue maternelle, il est considéré comme un important Gaeltacht. Détail amusant, son nom signifie quelque chose comme « péninsule de la baleine » ou « péninsule du monstre marin ».
Nous n’avons malheureusement pas le temps de nous attarder, car nous devons prendre la navette qui assurer la liaison jusqu’à Galway. Comme d’habitude, tout est assez mal indiqué et rien ne distingue le car ordinaire de ceux qui sont affrétés pour les voyages organisés. Heureusement, nous recevons vite des indications nous permettant de trouver le bon car et nous partons en direction de Galway.
Le trajet est très agréable visuellement parlant : sur notre gauche, les montagnes du Connemara, sur notre droite, la baie de Galway. Après trois quarts d’heure de route, le car arrive dans le centre-ville de Galway.

Arrivée à Galway

Je ne m’étendrai pas sur Galway dans cet article, d’une part parce qu’il est déjà suffisamment long, d’autre part parce que nous sommes arrivés en fin d’après-midi et que nous avons passé la soirée avec nos hôtes Couchsurfing, un coup d’étudiants français et leurs colocataires coréens.

Dans le prochain article, vous découvrirez donc mes impressions sur la jolie ville de Galway et sur la capitale de l’Irlande, Dublin.

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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