Les débouchés de l’anglais : travailler au Royaume-Uni après ses études

Par Adèle

12 juin 2021

Si vous étudiez l’anglais, l’idée de vivre et travailler au Royaume-Uni fait peut-être partie de vos ambitions personnelles. Mais pour tenter sa chance de l’autre côté de la Manche, par où commencer ? Choix du diplôme, spécialisation, équivalences… Découvrez quelles études sont les plus propices à un projet de vie au Royaume-Uni, et comment mettre toutes les chances de votre côté pour faire de l’anglais votre nouveau quotidien.

Note : cet article vous est proposé par Adèle, qui travaille au service des Relations Internationales de l’Université d’Edimbourg.

Quelle études ?

Mon parcours

Après des études d’Anglais LLCER, puis un Master en Traduction d’Edition en France, j’ai décidé de m’installer en Ecosse suite suite à un coup de cœur pour la ville d’Edimbourg.

J’ai d’abord combiné des contrats de traduction avec des petits boulots locaux pour supplémenter mes revenus. J’ai eu la chance, à mon arrivée en 2009, de pouvoir chercher du travail directement sur place, sans contrainte de visa, ce qui est désormais plus compliqué depuis le Brexit.

Travailler à distance avec des éditeurs français offrait en théorie l’avantage de pouvoir le faire de n’importe où. J’ai pourtant pâti des fluctuations de taux entre l’euro et la livre britannique, qui entamaient mes revenus, et de la sensation d’être trop à cheval entre la France et l’Ecosse pour vraiment m’intégrer.

J’ai finalement rejoint le service des Relations Internationales de l’Université d’Edimbourg en 2014, ce qui m’a permis de mettre à profit mes compétences en langues en intégrant une équipe internationale. Je travaille aujourd’hui dans la gestion des programmes d’échanges étudiants.

Quels diplômes pour travailler au Royaume-Uni ?

Les diplômes tels que Anglais LLCER ou LEA offrent l’avantage non négligeable d’acquérir un solide niveau en langue qui facilitera l’insertion, surtout si on a pu partir en échange linguistique durant son cursus.

Démarches administratives, recherche d’emploi et intégration dans le pays seront largement simplifiées si vous disposez déjà d’un anglais courant voire bilingue et d’une solide connaissance de la culture anglo-saxonne. En revanche, vous pourrez vous trouver désavantagé par rapport aux anglophones natifs qui disposent en plus de compétences spécialisées, et qui pourront prétendre à des emplois plus qualifiés.

Préférer un cursus non linguistique mais spécialisé dans un autre domaine (informatique, ingénierie, médical…) peut être un bon pari si l’on souhaite s’expatrier et qu’il s’agit d’une compétence recherchée dans le pays d’accueil. Cependant, sans un niveau d’anglais solide, il sera difficile non seulement de s’intégrer mais aussi de prétendre à un emploi qualifié ou à une évolution professionnelle.

Un parcours adapté à vos objectifs

Gardez en tête que l’anglais « Globish » ne suffira pas pour vous démarquer sur un marché de l’emploi compétitif et que, sans un solide niveau de langue en plus de vos compétences techniques, vous risquez de stagner dans un poste sous-qualifié ou sans rapport avec votre domaine de spécialité.

>> Si vous êtes diplômé en langues, visez plutôt des postes où vos compétences français-anglais seront recherchées : agent de clientèle bilingue, métiers du tourisme, enseignement, traduction, communication à l’international… Il peut être judicieux de commencer par un poste de novice en entreprise puis d’acquérir des compétences spécialisées en interne pour évoluer.

>> Si vous êtes diplômé dans un autre domaine, renseignez-vous sur le marché de l’emploi au Royaume-Uni pour bien comprendre le mode de fonctionnement et le vocabulaire spécialisé de votre domaine en anglais. Avant de partir, si votre anglais est encore hésitant, pensez à partir en séjour linguistique, en tant qu’assistant de langue ou en échange pour solidifier votre niveau avant de vous lancer dans la recherche d’emploi.

Quelles équivalences ?

Vaut-il mieux faire ses études en France ou au Royaume-Uni ? Commencer ses études directement sur place présente certes des avantages : reconnaissance garantie du diplôme, immersion anglophone constante, connaissance du pays…

Mais attention à la facture : depuis le Brexit, les étudiants européens qui s’engagent dans des études à l’université devront débourser les mêmes frais que les étudiants internationaux – un minimum de 10 000£ (plus de 11 500€) l’année !

Heureusement, si vous souhaitez limiter les frais, faire ses études en France offre des possibilités d’équivalence et il est tout à fait possible de faire reconnaître son diplôme au Royaume-Uni. Malgré quelques différences, les diplômes universitaires de Licence (Bachelor), Master (Master), et Doctorat (PhD) sont similaires en France et au Royaume-Uni et vos diplômes devraient être facilement reconnus outre-Manche.

Deux systèmes radicalement différents

Le système des concours nationaux, en revanche, est inconnu et vous ne pourrez pas faire valoir d’équivalence. Exemple : si vous souhaitez enseigner le français, et que vous avez passé le Capes avec succès, celui-ci ne vous permettra pas de trouver un emploi en tant qu’enseignant au Royaume-Uni. Il vous faudra soit vous tourner vers des organismes de cours privés, soit passer le Postgraduate Certificate in Education (PGCE), une formation d’un an, pour pouvoir intégrer l’éducation nationale.

Quant aux postes de la fonction publique traditionnellement accessibles en France sur concours, ils seront ici accessibles sur candidature directe. C’est donc votre expérience professionnelle qui fera la différence, plutôt que votre succès préalable à un concours de la fonction publique.

Autre différence : le système des grandes écoles et des classes préparatoires n’a pas d’équivalent au Royaume-Uni. Pour faire valoir vos compétences, peaufinez votre CV : les recruteurs britanniques sont sensibles aux classements internationaux, n’hésitez donc pas à mettre en valeur le bon classement de votre école s’il est pertinent.

Où s’installer pour travailler au Royaume-Uni ?

Dans mon cas personnel, le choix d’Edimbourg était d’abord motivé par mon intérêt pour la ville. D’autres préfèrent se concentrer sur les opportunités professionnelles plutôt que sur une destination précise.

 Pour décider où partir, établissez vos priorités :

>> Si vous souhaitez découvrir une région ou une ville particulière au Royaume-Uni, concentrez-vous sur des recherches d’emploi ciblées géographiquement, mais soyez prêt à être flexible quant aux débouchés professionnels. Vous devrez peut-être commencer en bas de l’échelle ou vous réorienter vers un domaine différent selon les opportunités locales.

>> Si votre priorité est l’avancement de votre carrière, utilisez les sites d’emploi pour des recherches spécialisées par mot-clé, mais élargissez votre périmètre géographique. L’emploi de vos rêves ne se trouvera pas forcément dans votre ville de prédilection, mieux vaut donc rester ouvert à différentes destinations.

Londres

Toujours en ébullition, la capitale anglaise offre de nombreuses opportunités, mais aussi une concurrence féroce. Sa vie culturelle exceptionnelle n’a d’égale que son coût de la vie, plutôt prohibitif…

Il existe une grande communauté francophone à Londres, ce qui peut s’avérer être un avantage autant qu’un inconvénient. Il est certes sympathique de trouver facilement des compatriotes lors de son arrivée, ou d’avoir accès à des produits français sur place, mais attention à ne pas tomber dans le piège en vous enfermant dans une bulle d’expatriés.

Si le côté cosmopolite de Londres vous séduit, foncez. Mais n’oubliez pas qu’il vous faudra redoubler d’efforts pour réussir votre immersion linguistique.

Angleterre

L’Angleterre couvre un vaste espace et les différences linguistiques et culturelles entre les régions sont bien marquées. En dehors de Londres, les grandes villes universitaires sont dynamiques et faciles d’accès : Manchester, Leeds, Newcastle, York, Birmingham ou Liverpool offrent une bonne alternative si l’on souhaite profiter de la vie citadine sans pour autant s’installer à Londres.

A noter que le concept d’accent « anglais » est un mythe : l’anglais RP (Received Pronunciation) que l’on apprend à l’école, proche de l’anglais parlé par la reine, ne serait réellement parlé que par environ 2% de la population ! Où que vous alliez, il est probable que l’accent local ne corresponde pas tout à fait à l’accent standard que vous connaissez.

L’accent, mais aussi les expressions et la prononciation diffèrent largement d’une région à une autre. Le parler du Yorkshire, au nord, sera très différent de l’accent de la Cornouailles, au sud, ou de l’accent cockney de Londres. L’accent de Liverpool, facilement reconnaissable, est typique de la ville et unique en son genre.

La langue anglaise est aussi plus marquée par le statut social du locuteur que le français. Une bonne façon de se familiariser avec l’accent d’une région est d’écouter une radio locale pour affiner votre compréhension.

Pays de Galles

L’accent chantant du Pays de Galles est l’un des plus reconnaissables du Royaume-Uni. Si la région n’est pas réputée pour sa météo, sa capitale, Cardiff, et la ville côtière de Swansea offrent un environnement dynamique et moderne dans des villes à taille humaine.

Si le Pays de Galles vous attire, on ne peut que recommander de vous familiariser avec la langue galloise. Hormis certains emplois pour le gouvernement ou des organismes bilingues, la plupart des emplois réclament seulement la maîtrise de l’anglais, mais apprendre ne serait-ce que des rudiments facilitera votre intégration.

Le gallois est obligatoire à l’école jusqu’à 16 ans et les Gallois ont une identité culturelle forte. Cette langue celtique est aussi omniprésente dans les administrations locales et sur les panneaux de signalisation.

Ecosse

Au risque de manquer d’objectivité, l’Ecosse offre bien des atouts ! Les opportunités professionnelles se concentrent surtout entre la capitale, Edimbourg, et Glasgow, sa grande rivale, à environ une heure de train.

Toutes deux sont bien desservies et offrent des identités bien distinctes : Edimbourg, ville littéraire par excellence, combine une riche vie culturelle à un superbe cadre naturel. Glasgow impose sa modernité urbaine et une vie nocturne bouillonnante.

Plus au nord, on trouve aussi des emplois dans des villes comme Aberdeen ou Inverness. Mais ils sont plus rares et la population des « grandes » villes d’Ecosse se rapproche plus de villes moyennes en France.

La langue gaélique autrefois parlée en Ecosse n’a pas atteint le même rayonnement que le gallois au Pays de Galle. Actuellement, ses locuteurs se concentrent principalement dans l’ouest du pays et vous entendrez rarement du gaélique à Glasgow ou Edimbourg.

En revanche, l’anglais d’Ecosse est largement influencé par le scots, un dialecte local, dont sont tirés de nombreux mots et expressions.  Quant à l’accent, souvent marqué, il varie d’un endroit à un autre. Après douze ans à Edimbourg, je comprends l’accent « standard » sans problème, mais les chauffeurs de taxi de Glasgow me donnent toujours du fil à retordre !

Irlande

L’Irlande est divisée en deux parties : l’Irlande du Nord (Ulster), rattachée au Royaume-Uni et dont la capitale est Belfast, et la République d’Irlande avec Dublin, état indépendant et membre de l’Union Européenne. 

Première différence – et de taille – depuis le Brexit : il est toujours possible de travailler en République d’Irlande sans visa en tant que français, alors qu’en Irlande du Nord on sera soumis aux nouvelles réglementations d’immigration britanniques, dont un salaire minimum et l’obtention d’un contrat de travail et d’un visa avant de s’installer.

Le Brexit a aussi ravivé les tensions existant en Irlande du Nord et celles-ci se font sentir particulièrement à Belfast, même si elles touchent rarement les visiteurs étrangers. Côté emploi, c’est à Dublin qu’on trouve le plus d’opportunités, notamment dans les nouvelles technologies, même si la capitale n’a pas totalement récupéré de la crise financière.

Travailler en anglais : à quoi s’attendre ?

S’installer au Royaume-Uni implique non seulement un changement de cadre mais aussi un ajustement linguistique non négligeable. Accents régionaux, codes culturels, jargon d’entreprise… Mieux vaut être préparé car mêmes les anglicistes chevronnés peuvent être pris de court !

Il existe peu de postes uniquement francophones, à moins d’être rattaché à une entreprise française sous le statut d’expatrié. La plupart des postes recrutant des francophones exigent également un bon niveau d’anglais pour communiquer efficacement en toutes circonstances.

On ne peut que conseiller de travailler votre anglais « business » à la fois à l’écrit et à l’oral pour gagner en crédibilité et éviter de vous retrouver en retrait. Il existe plusieurs ressources officielles pour vous y aider :

  • Le site Learning English de la BBC propose, en plus de nombreuses ressources générales, une section English at Work avec plus de 60 vidéos et leur transcription en accès gratuit
  • Le British Council propose également une série de cours gratuits Business English avec des articles, podcasts et vidéos sur la communication au travail. Vous pouvez aussi souscrire au cours complet pour 5.99£ par mois (environ 7€) comprenant l’accès à toutes les ressources et à la communauté en ligne. 

Différences culturelles

La clé du succès pour travailler au Royaume-Uni pourrait se résumer en une phrase : parler anglais, c’est bien, agir anglais, c’est mieux ! Car il ne s’agit pas seulement d’acquérir de bonnes compétences en langue, mais aussi de comprendre les codes du monde de l’emploi spécifiques au Royaume-Uni.

Le CV, par exemple, ne doit pas comporter de photo, et il est acceptable de le présenter sur deux pages au lieu d’une si vous êtes en milieu de carrière. N’hésitez pas à chercher des exemples en ligne pour vous aider (une simple recherche « British CV templates » devrait vous donner des idées).

De façon générale, les employeurs britanniques sont plus flexibles que les employeurs français lorsqu’il s’agit d’embaucher de jeunes diplômés : l’accent sera moins mis sur l’intitulé du diplôme lui-même que sur vos compétences. Il est donc nécessaire de bien mettre en valeur son expérience avec des exemples concrets.

N’oubliez pas non plus les soft skills, qu’on peut traduire par « compétences générales ou non-techniques » : par exemple, mettez en avant vos activités de bénévolat démontrant vos facultés à travailler en équipe, gérer l’imprévu ou communiquer de façon efficace.

Les entretiens, eux, sont souvent basés sur une série de competency questions qui vous demanderont de prouver vos compétences en donnant des exemples.

Aspects pratiques

Quelques conseils sur la préparation et la recherche d’emploi au Royaume-Uni.

  • Visas : Depuis le Brexit, les Français souhaitant travailler au Royaume-Uni pour plus de trois mois devront remplir les conditions pour obtenir le Skilled Worker visa, y compris prouver que l’on détient une offre d’emploi avant de s’installer.

Si les démarches vous découragent, mais que vous souhaitez tenter votre chance en pays anglophone, pensez à l’Irlande, qui offre l’avantage de rester dans l’espace Schengen – et donc de pouvoir travailler sans restriction de visa.

  • Si vous souhaitez travailler un an au Royaume-Uni pour tester le terrain, devenir assistant de français est une excellente option. Le programme du British Council est ouvert aux étudiants français et permet d’enseigner le français au Royaume-Uni durant une année scolaire tout en étant rétribué.
  • N’hésitez pas à visiter les sites pour l’emploi au Royaume-Uni pour mieux vous faire une idée de l’offre du marché dans les différentes régions :

=> Indeed
=> Monster
=> Reed

Si l’envie de vivre et de travailler en anglais au quotidien vous travaille, n’hésitez pas : même si la sortie du Royaume-Uni de l’UE complique quelque peu les démarches, les opportunités existent bel et bien. À condition de bien cibler votre projet, de persévérer et de rester ouvert quant aux options qui s’offrent à vous. Good luck!

Adèle

Je vis et travaille à Edimbourg, en Ecosse, depuis 2009. Titulaire d'un master en Traduction d'Edition anglais-français, c'est ma passion pour l'anglais qui m'a poussée à m'installer au Royaume-Uni pour découvrir le pays plus en profondeur, après une première expérience en Irlande en échange lors de mes études.

J'ai eu une première carrière dans la traduction avant de travailler au Consulat de France puis à l'Université d'Edimbourg où je travaille actuellement. J'ai acquis la double nationalité franco-britannique en 2018.

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