Par Pierre

21 mai 2019

Mots intraduisibles en français

« Les limites de ma langue sont les limites de mon monde », disait le linguiste allemand Ludwig Wittgenstein. En effet, chaque langue porte en elle un univers, une manière propre de voir le monde, qui peut sembler étrange aux personnes qui ne la maîtrisent pas encore. Par conséquent, certains mots décrivant une réalité bien précise sont très difficiles à traduire en français. Dans cet article, je vous propose une liste de dix mots intraduisibles, dans les cinq langues étrangères que je connais : l’anglais, l’allemand, le finnois, l’italien et le japonais.

Note : cet article a été écrit dans le cadre du carnaval d’article de mai 2019, organisé par Sophie du site Cours de japonais.

10 mots étonnants qui témoignent de la richesse infinie des langues

Pendant mes études et même par la suite, j’ai été amené à faire beaucoup de traductions, dans plusieurs langues différentes. Il s’agit d’un art complexe, dont la difficulté est souvent sous-estimée : pour beaucoup, il suffirait de comprendre une langue pour la traduire sans trop d’efforts.

Grave erreur : il existe un gouffre entre d’une part comprendre une phrase, d’autre part la traduire de manière simple et élégante. Le tout en restituant précisément le sens présent dans le texte d’origine.

Et c’est précisément là que les difficultés commencent : si certains mots et expressions peuvent aisément être remplacés par un équivalent français, d’autres résistent à cet exercice avec autant d’obstination qu’une horde d’irréductibles Gaulois.

Bien des crises de nerfs plus tard, le traducteur dépité finit généralement par rendre les armes. La mort dans l’âme, il se résout à traduire le mot récalcitrant non pas par son homologue en français (qui n’existe pas), mais par une périphrase peu élégante. Ou pire : à laisser le mot intraduit, accompagné d’une note de bas de page explicative.

Et tant pis pour la légèreté du texte, qui passe entièrement à la trappe.

Si ces mots diaboliques donnent la migraine à nos amis traducteurs, ils n’en restent pas moins fascinants. Partons donc à la découverte de ces termes, qui sont autant de fenêtres ouvertes sur les cultures qui les ont façonnés.

Les mots intraduisibles en anglais

Gallows humor

Gallows humor (ou gallows humour en anglais britannique) signifie littéralement « humour de potence ». Plutôt lugubre pour commencer cette liste, n’est-ce pas ? Pourtant, j’avoue adorer ce genre d’humour noir, que l’on fait lorsqu’on se trouve dans une situation particulièrement délicate. Autrement dit, le fait de rire de ses propres malheurs.

Historiquement, l’expression gallows humor renvoie aux derniers mots des condamnés à mort qui, dans une ultime bravade, se livraient parfois à une plaisanterie de plus ou moins mauvais goût.

En voici un exemple particulièrement grinçant : peu avant son exécution sur la chaise électrique en 1972, le meurtrier James French aurait lancé à ses bourreaux la phrase suivante.

« How’s this for a headline? ‘French Fries!' »

Phrase que l’on pourrait traduire par « Vous imaginez les gros titres ? French se fait griller ! », sachant que que french fries est également le terme américain pour désigner les frites !

Gallows humor
« Humour de potence ». Brrr…

Couch potato

Littéralement, une « patate de canapé » ! Cette expression très drôle désigne un individu avachi sur son canapé, généralement devant la télé, en train de consommer de la nourriture de mauvaise qualité. Son manque d’activité associé à son hygiène de vie douteuse le rendent donc aussi dynamique et attirant qu’une pomme de terre.

Ce terme vise à dénoncer la société américaine moderne, avec toutes ses dérives : sédentarité, abrutissement intellectuel et laisser-aller physique. Quand on sait qu’en moyenne, les Américains passent près de huit heures par jour devant la télévision, on comprend mieux le succès de cette expression…

La personnification du couch potato est bien évidemment Homer Simpson.

couch-potato
Le couch potato dans toute sa splendeur.

Les mots intraduisibles en allemand

Zeitgeist

En allemand, Zeitgeist signifie littéralement « esprit du temps » (Zeit = temps, Geist = esprit). Cette notion provient de la philosophie allemande du XVIIIe siècle. Si le terme semble avoir été inventé par Herder, Goethe puis Hegel contribueront à le populariser.

Dans cette perspective, le Zeitgeist correspond à l’atmosphère culturelle, spirituelle et intellectuelle d’une époque. Ainsi, à chaque moment de l’histoire sont associés des courants de pensée, des styles artistiques et architecturaux, ou encore des modes esthétiques, tous influencés par le Zeitgeist qui prévaut alors.

A noter que le terme est souvent repris tel quel en français et surtout en anglais.

Zeitgeist
Un style architectural est le reflet du Zeitgeist d’une époque (ici, l’Art Nouveau à Riga).

Schadenfreude

Littéralement, « joie du dommage » (Schaden = dommage, Freude = joie). Il s’agit donc de la joie malsaine que l’on peut éprouver face aux malheurs d’autrui. Par exemple, si vous voyez échouer quelqu’un que vous n’appréciez pas particulièrement et que vous ressentez un vif plaisir face à cet échec, alors c’est du Schadenfreude. Bienvenue dans le club des mauvais esprits.

Ce sentiment se rencontre principalement chez les personnes ayant une faible estime d’elles-mêmes et a été mis en évidence par des études scientifiques.
Ainsi, en 2011, des supporters d’une équipe de baseball américaine ont accepté que leur activité cérébrale soit mesurée par un IRM. Lorsque l’équipe adverse essuyait un revers, la zone du cerveau liée au plaisir montrait systématiquement une activité plus intense chez ces supporters.

Comme pour Zeitgeist, le mot Schadenfreude se rencontre souvent en anglais, directement emprunté à l’allemand.

Schadenfreude
Le Schadenfreude ou le fait de prendre plaisir au malheur des autres.

Les mots intraduisibles en finnois

Sisu

Depuis quelques années, l’industrie du développement personnel semble avoir fait son fond de commerce de mots issus de la culture nordique : lagom, hygge, lykke… Tous auraient d’ailleurs pu figurer dans cet article.

Côté finnois, c’est le sisu qui représente l’état d’esprit à la mode, quitte à passer à côté du sens profond de ce concept, difficile à cerner.

Sisu provient de la racine sis-, qui se retrouve dans plusieurs mots évoquant l’idée d’intérieur, comme sisus (intérieur), sisällä (dans, à l’intérieur) ou sisälmys (intestin). On retrouve donc une idée de force provenant de l’intérieur du corps, pas si éloignée de l’expression française « avoir des tripes ».

Elevé au rang de valeur nationale, le sisu représente l’esprit de ténacité du peuple finlandais, de résolution silencieuse face à l’adversité.

C’est ce même endurcissement qui a permis à l’armée finlandaise de contenir l’avancée soviétique pendant la seconde Guerre mondiale et de préserver l’indépendance du pays pendant la Guerre froide, malgré de lourdes pertes territoriales. Un événement marquant dans le récit national.

Le concept de sisu est si populaire en Finlande qu’on retrouve ce terme un peu partout : il s’agit à la fois d’un prénom masculin, d’une entreprise de véhicules utilitaires ou encore d’une marque de confiseries.

Sisu
Le rude hiver finlandais est souvent cité comme l’un des piliers du sisu.

Sauna

En réfléchissant à cet article, je me suis posé la question suivante : « A part sisu, existe-t-il des mots finnois qui ont été repris en français ? ». Au début, je séchais un peu, puis une illumination m’est venue : il y a bien un mot finlandais qui a fait le tour du monde, à savoir sauna.

Pour commencer, précisions qu’en finnois, sauna se prononce sa-ou-na et non so-na comme en français.

Ensuite, demandons-nous pourquoi ce terme a rencontré un tel succès : en Finlande, le sauna fait littéralement partie de la culture nationale. On dit même que le pays, nommé Suomi en finnois, est celui des trois S : Sisu (que nous venons juste d’aborder), Sauna et Sibelius. Encore mieux : il y aurait en Finlande entre 2 et 3 millions de saunas, soit suffisamment pour y faire tenir toute la population du pays (5,5 millions d’habitants) !

Autrefois utilisé pour y soigner les malades et y pratiquer les accouchements, le sauna est un excellent moyen de se relaxer.
Pour l’utiliser, faites chauffer le kiuas, sorte de poêle à bois ou électrique, jusqu’à obtenir une température ambiante d’environ 80-90°C. Puis versez régulièrement de l’eau sur les kiuaskivet, des pierres d’origine volcanique, pour produire une épaisse vapeur appelée löyly. Détente assurée.

Pour terminer, une anecdote assez surprenante : la Finlande a inventé un certain nombre de sports disons… insolites, dont le championnat d’endurance au sauna, inutilement risqué à mon goût.

Sauna
Un sauna typique, avec le seau d’eau et les pierres pour créer de la vapeur.

Les mots intraduisibles en italien

Sprezzatura

Peu de termes définissent aussi bien la culture italienne que la sprezzatura. Attesté dès la Renaissance dans Le livre du Courtisan de Baldassare Castiglione, le terme a récemment connu un regain de popularité, dépassant à cette occasion les frontières de l’Italie.

Alors, de quoi s’agit-il précisément ? De l’art de donner à une tâche difficile l’apparence de la facilité, avec grâce et nonchalance. De faire passer pour innée et inconsciente une virtuosité qui est en réalité le fruit d’années de préparation. Un peu comme un élève brillant à qui tout semble réussir et qui prétend ne jamais réviser avant les examens.

De nos jours, la sprezzatura a trouvé une seconde jeunesse dans le domaine de la mode, que les Italiens prennent très au sérieux (Cela ne se vérifie pas toujours sur le terrain, mais c’est une autre histoire !).

Dans ce contexte, la sprezzatura consiste à se vêtir de manière extrêmement élégante, sans pour autant avoir l’air guindé. Comme si vous aviez pris les premiers vêtements qui vous tombaient sous la matin le matin, sans trop y réfléchir, pour aboutir à une apparence à la fois extrêmement recherchée et un brin négligée.

Baldassare Castiglione
Baldassare Castiglione lui-même. L’élégance italienne, dès la Renaissance.
(Source : Wikipédia)

Magari

Pourquoi choisir un mot à la fois aussi simple et courant en italien ? Tout simplement parce qu’il comporte certaines nuances qui le rendent difficiles à cerner pour un apprenant.

Au premier abord, magari semble signifier « peut-être », tout comme forse. Par exemple dans la phrase « Magari sì, magari no ». (« Peut-être que oui, peut-être que non »).

Mais ce serait faire l’impasse sur les différents autres sens qu’il possède.

Magari comporte souvent une idée de désir, d’espoir de voir se réaliser une situation. Il peut alors se traduire par « si seulement ! » ou « J’aimerais… ».

Par exemple : « Magari fossi ricco! » (« Si seulement j’étais riche ! ») ou « Magari lo sapessi… » (« J’aimerais bien le savoir… »).

Il peut également servir pour répondre affirmativement à une proposition.

Par exemple : « Vuoi qualcosa da mangiare? » / « Magari! » (« Tu veux manger quelque chose ? » / Pourquoi pas ? »).

Ou encore, il peut exprimer l’idée de « même si ». Cet emploi semble cependant être rarissime dans l’italien moderne.

Par exemple : « Finirò questo libro oggi, magari dovessi stare sveglio tutta la notte. » (« Je finirai ce livre aujourd’hui, même si je dois rester éveillé toute la nuit. »).

Bref, un mot bien délicat à saisir ! Il confirme au passage que l’italien, bien que proche du français, est loin d’être aussi simple qu’on ne l’imagine.

Magari
« Magari », un terme qu’il est essentiel de bien manier pour converser avec les Italiens.

Les mots intraduisibles en japonais

Wabi-sabi (侘寂)

Voici un mot qui semble respirer la tristesse. En effet, les deux caractères qui le composent peuvent être traduits respectivement par « misérable » (侘しい, wabishii) et « solitaire » (寂しい, sabishii).

Dans ce contexte, ces deux caractères prennent cependant un sens plus positif. 侘寂 renvoie à la beauté simple et rustique des choses éphémères (侘, wabi) et au passage du temps, à la patine que subissent les réalisations de l’homme (寂, sabi).

Il est difficile de donner une définition exacte de ce terme purement japonais, mais si vous avez déjà contemplé un jardin zen, un ancien temple dont les pierres sont envahies par la mousse, ou encore un objet d’artisanat patiné et légèrement imparfait, alors vous avez déjà expérimenté le wabi-sabi.

Notons que ce mot s’est récemment exporté et est particulièrement à la mode dans les domaines de la décoration d’intérieur et du développement personnel.

Wabi-sabi
De la vieille pierre patinée, recouverte de mousse : un exemple d’esthétique wabi-sabi.

Honne (本音) et tatemae (建前)

Deux mots pour le prix d’un ! J’ai choisir de les regrouper ici, car ils représentent les deux faces d’une même pièce, à savoir le rapport parfois conflictuel entre ce que pensent vraiment les Japonais (honne) et ce qu’ils laissent transparaître en société (tatemae).

D’un côté, nous avons honne, dont les caractères (本音) signifient « vrai son ». Autrement dit, ce que l’on pense réellement en son for intérieur, nos désirs et nos motivations personnelles.

De l’autre, tatemae, dont les caractères (建前) signifient « construire-devant », que l’on pourrait facilement rendre par « façade ». C’est l’attitude souvent très consensuelle qu’on adopte en public, souvent dans une volonté de ne froisser personne.

Pour nous autres Français grandes gueules, cette manière de penser peut sembler particulièrement étrange. Pour bien la comprendre, il faut se rappeler que dans la mentalité japonaise, il est généralement préférable de ne pas faire de vagues, quitte à laisser glisser au second plan ce que l’on pense vraiment.
Une attitude trop affirmée peut être perçue comme de l’arrogance et témoigner franchement son désaccord face à une autre personne peut amener cette dernière à perdre la face.

Cette différence culturelle peut amener certains Occidentaux à adopter des clichés hâtifs sur les Japonais, qui seraient « incapables de dire non » ou sont parfois taxés d’hypocrisie. Un raisonnement ethnocentré, dont on se gardera bien !

On remarquera que la culture japonaise utilise d’autres de couples de mots pour représenter des réalités opposées, comme omote et ura (avant et arrière) ou uchi et soto (dedans et dehors).

Honne et tatemae
La société japonaise impose souvent de porter un masque pour afficher son tatemae.

Et vous, quels sont vos mots intraduisibles préférés ?

Cet article ne fait qu’effleurer un sujet aussi vaste que passionnant. Il ne concerne que cinq langues et, pour chacune d’entre elles, j’ai dû laisser tomber de nombreux mots qui auraient tout à fait eu leur place dans cette liste.

Et vous, quels sont vos mots intraduisibles préférés, dans les langues que vous parlez ? N’hésitez pas à les partager dans les commentaires de cet article.

D’autres mots dans d’autres langues, chez les autres participants au carnaval

Pour poursuivre ce voyage linguistique, je vous invite à consulter les blogs des autres participants à ce carnaval d’articles :

Cours de Japonais

Apprendre le coréen

Ispeakspokespoken

Lucie au pays des lutins

AlModaris

Chinois Tips

Télé Martin (espagnol)

Vivre à Tokyo

La Tribu des Pieds Nus

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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  1. Wow ! Bravo, Pierre ! J’applaudis !
    Tout d’abord merci infiniment d’avoir accepté ma demande tenace de participer au Carnaval d’articles que j’organise avec Sophie. Je suis quasiment émue par ta plume et par tes connaissance profondes. Ton article m’a fait voyagé le monde en quelques minutes et m’a élargi l’horizon d’esprit même si je ne tiendrais pas les 10 mots jusqu’à demain. ^^;;
    Un jour je souhaiterais que tu découvres aussi le coréen ou au moins maîtrises le Hangeul, l’alphabet coréen. Parmi 150 belles langues actuelles, le Hangeul est unique au monde par sa création scientifique et précisée. Il a un créateur, la date et la motivation de création.
    Merci beaucoup, Pierre, pour ton article très enrichissant. 🙂

  2. Super article Pierre ! C’est toujours un plaisir de te lire, et je suis ravie que tu ais intégré notre carnaval d’articles 🙂

    La dualité de la culture nippone n’a pas fini de me fasciner, aussi complexe et subtile soit-elle.
    Merci pour la découverte de ces concepts étrangers que je ne connaissais pas. J’aime particulièrement la Sprezzatura 😉

  3. C’est super intéressant et je trouve super important d’en parler car j’ai été confrontée parfois à des personnes qui ne comprenaient pas que je ne puisse pas traduire un mot en français 🙂 Tous ces mots montrent bien qu’on peut très bien comprendre et saisir un mot et son concept dans une langue sans pour autant trouver son équivalent dans notre propre langue 🙂 Mon terme favori sur ce sujet c’est  » Heimat » en allemand. On peut trouver des traduction comme  » patrie » ou  » chez soi, là ou on se sent chez soi » mais je trouve qu’aucune ne donne vraiment le sens et la portée de ce mot en allemand !

  4. Article très intéressant, qui entrouvre des horizons fabuleux, on en reste sur sa faim ! ! !
    Et je trouve à propos de signaler ici l’extraordinaire travail de Barbara Cassin et consort, dans son « Vocabulaire européen des philosophies », justement sous-titré « dictionnaire des intraduisibles ».
    J’ai par ailleurs une petite requête, que je lance à la cantonade. Un grand merci, d’avance, à celle ou celui qui saurait m’apporter ses lumières. Je recherche la référence de ce qui suit.
    Il y a une trentaine d’année (!) j’ai entendu à la radio (ou lu dans le Monde ?) une anecdote rapportée par Etiemble au sujet du roman d’un auteur japonais paru en français. Il évoquait une note de bas de page où le traducteur s’excusait d’avoir conservé un terme japonais au motif qu’il n’avait pas d’équivalent en français. Et ce terme désignait une petite pièce de toile ou les geishas avaient coutume de déposer leurs accessoires de toilette, savon, peignes, produits de maquillages…
    Et notre ami Etiemble de déclarer, sur un ton de gourmet : « Mais si ! il y a un équivalent français, ce petit morceau de toile… c’est une TOILETTE ! ! !

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