Par Laure

30 novembre 2015

Apprendre l'allemand

Il est comme une vérité générale selon laquelle l’allemand serait difficile et les Français plutôt réticents à apprendre la langue de Goethe. En tant que Française, j’ai grandi avec cette idée en tête, mais j’ai tout de même voulu dépasser le préjugé pour finalement réussir cette mission d’apprendre la langue, et enfin pouvoir la parler couramment dans ma vie de tous les jours en Allemagne. Voici ce qui m’est arrivé…

Note : cet article vous est proposé par Laure du blog Une Française apprend l’allemand.

A mes débuts : pourquoi l’allemand ?

J’ai tout d’abord fait comme la majorité des jeunes en choisissant l’espagnol au collège en deuxième langue. Peu de gens hésitent longtemps entre les deux langues, l’espagnol ça avait l’air cool, tous les copains/copines avaient fait le même choix, et le voyage annuel en Espagne nous avait tous beaucoup motivés (et encore une fois, l’Allemagne n’attire pas les Français, ce qui est bien dommage !).

Est arrivé le lycée où j’ai eu la possibilité de choisir une troisième langue. S’il y a très certainement des raisons pour apprendre l’allemand, je n’en avais pas ! Mon établissement proposait l’allemand, je me suis dit pourquoi pas. A ce stade, je n’avais aucun lien avec la langue, mais la simple envie de découvrir quelque chose de nouveau, ayant déjà une affection particulière pour les langues étrangères. On arrive en cours avec ses préjugés sur l’allemand. Vous les connaissez tous : la langue est rude et sévère, c’est moche, les mots sont à rallonge, les gens semblent crier chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, la grammaire est difficile et complexe, les verbes sont en fin de phrase… Imaginez un peu le défi que les professeurs d’allemand ont à relever devant une classe de débutants ! Il ne s’agit ni du français, la langue de l’amour, ni de l’anglais, langue internationale du Rock&Roll et des séries télé. Non, il s’agit de l’Allemand avec un grand A, ce mot qui semble faire peur à plus d’un !

Pourquoi j’ai aimé mes cours d’allemand

Si l’allemand fait peur, on se rend vite compte pourtant qu’en cours d’allemand, ça se passe… comme tout autre cours de langues ! En apprenant au fur et à mesure règles et vocabulaire, on s’en sort. Il n’y a pas de loi miraculeuse aidant à apprendre l’allemand, je suis désolée si j’en déçois certains ! Mais ce qu’on n’imagine pas généralement, c’est que les cours d’allemand sont bien plus sympas et efficaces que les autres cours (c’est du moins mon expérience personnelle). Les professeurs sont plus que motivés à vous donner envie d’aimer la langue (vous vous souvenez du défi qui les attend ?), on est en petit groupe et du coup on avance beaucoup plus vite et efficacement. On devient donc rapidement à l’aise, et ça fait plaisir !

C’est ce que je trouve super avec l’allemand, sa « mauvaise » réputation lui donne en fait une force et en tant qu’apprenant, on est d’autant plus fier de réussir car on arrive à communiquer ou du moins à pouvoir s’exprimer simplement dans « cette langue si difficile ». Même aujourd’hui avec le recul, je me sens toujours privilégiée d’être capable de parler allemand et j’en suis bien contente ! C’est le petit plaisir des germanistes… notre victoire personnelle !

Note de Pierre : cette sensation d’appartenir à un petit groupe est partagée par pas mal de germanistes. En France, le simple fait d’avoir choisi d’apprendre l’allemand vous vaudra inévitablement beaucoup de regards interrogateurs et de questions du type « Mais pourquoi l’allemand ? C’est difficile, non ? ».

Et cerise sur le gâteau… un voyage organisé en Allemagne, à Berlin, qui a été fantastique. J’ai décidément accroché tout de suite avec l’allemand et je n’ai pas regretté ma décision !

Week-end à Berlin
Week-end en visite à Berlin – 2015

Comment passer de l’allemand scolaire à un langage courant ?

Comme toute langue dite vivante, l’allemand se doit d’être parlé. Réviser seulement ses cours et revoir ses règles de grammaire, c’est bien mais… pas suffisant, vous vous en douterez ! Personnellement, j’ai commencé à perdre le fil à la fac. On se concentre sur d’autres matières, nos deux-trois malheureuses heures par semaine ne servent pas à grand-chose. En d’autres termes, on stagne. C’est la pire chose qui peut arriver lorsqu’on apprend une langue. Rien ne se passe, on n’apprend plus beaucoup et on ne pratique pas, c’est la mort de la langue. Mon allemand disparaissait petit à petit, et j’ai pris peur (tous ces supers cours du lycée pour rien ??).
Il a fallu prendre une décision, et après une licence et une année en Angleterre, j’ai voulu renouer avec l’allemand… en partant en Allemagne ! Ce que je voudrais préciser, c’est qu’entre-temps j’ai rencontré mon compagnon, qui est franco-allemand. Cela signifie belle-famille allemande, voyages réguliers de l’autre côté de la frontière, et donc logiquement, confrontation de plein fouet avec la langue.
Si le changement de vie était une des raisons principales de notre expatriation en Allemagne, j’avoue que pour moi, c’était aussi avant tout ma porte ouverte vers l’allemand ! Je ne voyais pas comment je pouvais améliorer (ou même juste utiliser) encore mon allemand sans partir et vivre la langue « en direct ». Une fois sur place, je me suis refusée à devoir utiliser l’anglais, j’ai voulu absolument me débrouiller avec mon allemand effacé. Et voilà le début d’une grande aventure… J’ai dû attraper mes bagages scolaires et les faire évoluer dans un environnement allemand réel. Je vous le dis tout de suite, c’est ce qui m’est arrivé de mieux !

Se remettre dans le bain

Débarquer comme ça en Allemagne avec mes bases et des poussières n’a pas été de tout repos. Comme je le disais plus haut, être confronté directement à la langue remet les choses en place et je me suis dit : « ça ne va pas être si facile »… Mais j’étais motivée !
J’ai finalement décidé après quelques semaines de prendre des cours. J’ai trouvé mon école d’allemand à Francfort, Sprachcaffe : j’ai eu cours tous les matins pendant deux mois. Je n’étais pas débutante donc j’ai commencé un cours B1/B2. J’ai beaucoup apprécié ces cours car je n’étais qu’avec des gens qui partageaient mon expérience : des expatriés en Allemagne qui veulent s’en sortir avec l’allemand ! Pouvoir parler régulièrement la langue dès mes débuts en Allemagne m’a sauvé. C’est un conseil que je donne à tous, n’attendez pas trop longtemps, avec le temps la motivation s’efface et on se dit que ça ne vaut plus le coup.

Le plaisir du quotidien

Faire vivre la langue au quotidien et pouvoir l’utiliser en situation est un sentiment des plus agréables ! Quel plaisir de commander mon Brötchen (petit pain) toute seule, de comprendre ce que la caissière me demande, d’acheter mon ticket de Straßenbahn (tramway) sans problème sur les automates, d’arriver à me faire comprendre chez le médecin ou chez le coiffeur. J’ai appris chaque jour à aimer de plus de plus l’allemand, par la simple satisfaction de communiquer avec des Allemands dans leur propre langue. Je parlais de loi miraculeuse pour apprendre l’allemand. Si finalement il en existe une, c’est de découvrir la langue dans son contexte !
Attention, je ne dis pas que cet exercice est facile. Cela m’a pris du temps – et beaucoup de patience – pour me sentir tout à fait à l’aise. Mais je vous assure qu’on peut y prendre plaisir, car c’est mon cas !

Römerberg, Francfort-sur-le-Main
Römer Platz – Francfort-sur-le-Main – 2015

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Voilà deux ans que j’habite en Allemagne, à Francfort. Mon évolution linguistique a été très importante lors de la première année, je me suis beaucoup améliorée. J’ai appris des choses que je n’aurais jamais apprises en cours. J’utilise maintenant des mots comme alles klar (c’est compris), genau (c’est ça, tout à fait), Morgen (bonjour) ou encore echt? (ah bon ?)… Ces petits mots de la vie de tous les jours qui m’ont aidée énormément à avancer dans la langue et aussi à comprendre les autres. Ecouter et répéter, c’est mon mot d’ordre !

Ma seule déception aujourd’hui est de ne pas parler « encore mieux ». Mon allemand est loin d’être parfait, j’ai conscience des erreurs que je fais encore et encore, sans arriver complètement à me corriger. Ceci ne tient pas dans le fait que l’allemand est une langue difficile. Je donne plusieurs raisons au ralentissement de mon évolution :

  • Le français est encore très présent dans mon quotidien. Je parle tous les jours français, que ce soit au travail ou à la maison ;
  • Je ne suis pas seule en Allemagne, donc mon immersion n’est pas totale (je ne vais pas rencontrer des Allemands inconnus pour discuter avec eux 🙂 ) ;
  • J’ai arrêté mon processus scolaire donc ces petites erreurs que je fais sans cesse ne s’amélioreront pas si je n’en vérifie pas les règles de temps en temps.

Si je m’en veux de cette stagnation, c’est surtout car… j’aime l’allemand ! Voilà deux ans que je vis avec cette langue et dans ma volonté de perfectionnement, je ressens encore trop cet écart qui me sépare d’un haut niveau… Bien sûr les gens vous disent « On te comprend, c’est le principal. », mais j’estime qu’après plusieurs années en Allemagne, on peut vouloir plus ! Mais mon aventure n’est pas terminée et je compte même me préparer à un test d’allemand pour retravailler mes faiblesses et pouvoir faire honneur à mon statut de privilégiée qui apprend l’allemand !

Apprendre l’allemand… Vous hésitez encore ?

Vous vous souvenez de ces préjugés que j’ai cités en début d’article ?

« La langue est rude et sévère, c’est moche, les mots sont à rallonge, les gens semblent crier chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, la grammaire est difficile et complexe… »

Je n’ai qu’une chose à dire là-dessus : vous ne l’entendrez pas souvent de la bouche de ceux qui ont vraiment appris l’allemand. Par « vraiment apprendre l’allemand », j’entends : faire un peu plus que deux ou trois années de cours au collège ; rencontrer des Allemands et utiliser la langue pour ce qu’elle est, une langue vivante ; découvrir la culture et les traditions qui entourent cette langue (faites donc un jour le carnaval en Allemagne et prenez un verre de vin dans la rue lors des Straßenfest, les fameuses fêtes de rue allemandes) ; et surtout, apprendre et y prendre plaisir ! Deutsch macht Spaß, je peux vous l’assurer…

Si cet article ne parle principalement que de mon expérience personnelle, j’ose espérer que certains amoureux de l’allemand se reconnaîtront quelque peu dans mes lignes ou qu’elles donneront sinon envie à d’autres de se lancer dans cette fabuleuse aventure qu’est l’apprentissage de l’allemand ! N’hésitez pas à partager votre propre expérience et à donner les raisons qui VOUS, vous ont poussés à apprendre la langue de Goethe !

Source des images : les photos illustrant cet article sont la propriété de Laure.

Laure

Après des études d’anglais et un an en Angleterre, Laure s’est dirigée vers l’Allemagne où elle s’est installée depuis deux ans avec son compagnon. Elle a pris goût à la découverte de nouvelles cultures et surtout… d’une nouvelle langue ! C’est à travers son blog qu’elle partage désormais son expérience avec l’allemand et la culture allemande.

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  1. Coucou Laure,

    Merci pour cet article. Je suis une germaniste depuis le collège, mais l’expérience de mon côté a été moins brillante. Si l’on dit que les classes d’allemand sont les meilleures des établissements scolaires, dans mon cas c’était l’inverse et les cours d’allemand ressemblaient plus à des cours de récrés que des lieux d’apprentissage… donc j’ai fini par laissé tombé. Et je m’en veux aussi !
    Mais dans tout les cas je te rejoints à 100%, je n’ai jamais pensé que l’allemand état « rude » et je n’ai jamais compris pour les gens disaient ça !! C’est bizarre, hein ?

    1. Bonjour Johanna !
      Oui malheureusement je sais bien que pour beaucoup, les cours collège/lycée n’ont pas été si motivants, et j’imagine que certains profs baissent les bras aussi… Il y a vraiment un effort à faire avec cette langue, il faudrait juste que les bonnes personnes s’en rendent compte !
      Merci beaucoup pour ton commentaire. J’ai lu ton article sur l’espagnol, et j’aurais aimé aussi bien parler cette langue…mais il m’a fallu choisir !^^ (j’ai été à Barcelone il y a 2 semaines et ai dû ressortir mes souvenirs de cours…aïe, aïe !).
      Tschüss !

  2. Dans mes cours d’anglais, il y a régulièrement des moments ou je fais des comparaisons de l’anglais et le français à d’autres langues pour expliquer certaines choses à mes apprenants, notamment que telle tournure grammaticale anglaise n’est ‘encore un truc tordu des rosbifs’ mais qui existe aussi dans d’autres langues et n’est qu’une variante parmi beaucoup d’autres, tout comme les tournures du français d’ailleurs. De temps en temps, je fais une comparaison avec l’allemand ou j’ai un niveau intermédiaire plutôt bon. Beaucoup de mes apprenants (des français apprenant l’anglais) me disent que l’allemand, c’est moche, c’est rugueux, c’est barbare comme les gens qui le parlent etc… Certains m’ont même dit que de toute façon, les allemands sont tous des nazis et peuvent aller se faire voir.
    Je leur suggère d’aller faire un tour en Allemagne et alors ils verront bien que leurs préjugés ne sont pas plus que ça. J’habite Strasbourg et je suis assez souvent allé en Allemagne faire des courses, du tourisme et aussi des entretiens d’embauche. Les gens, pour la plupart, sont simplement des êtres humains qui cherchent à vivre leur vie et à éviter les histoires. Ils ne sont pas plus barbares que les français et sont tout aussi bien élevés et courtois.
    La langue n’est pas moche ou rugueuse. C’est simplement une autre esthétique que celle des langues latines, une autre recette de gâteau avec des ingrédients différents. De toute façon, ce qu’on trouve beau ou moche dépend avant tout de ce à quoi on est habitué. Les autres clichés comme le verbe en fin de phrase sont avant tout des clichés. C’est vrai qu’en allemand, le verbe arrive souvent à la fin, mais ce n’est pas une généralité. Il y a aussi beaucoup de tournures de phrase en allemand ou ce n’est pas le cas. D’ailleurs le verbe en fin de phrase est à la base une structure du latin, il me semble. C’est simplement une autre logique, une autre structure de pensée, une autre façon de voir le monde que celle à laquelle le français moyen est habitué.
    Dans la piscine de l’allemand, on perd pied peut-être plus rapidement que dans celle de l’espagnol ou même celle de l’anglais. Il faut donc bien apprendre plus rapidement à nager dans l’allemand avec une nage différente de la nage française. Cette nage française, par contre permet de se déplacer un tout petit peu plus dans les parties peu profondes de l’espagnol ou de l’anglais donc dans ces piscines là on est peut-être un peu moins pris par surprise et on peut être moins tenté de vouloir la mettre de côté pour une autre. Mais une fois qu’on a compris les principes de la nage allemande, tous ces mouvements tellement différents de la nage française, on peut se déplacer plus aisément dans la piscine allemande et l’assimiler plus facilement.
    Je ne sais pas si cette métaphore parle à beaucoup d’entre vous mais à moi, elle semble bien décrire la chose.
    En tous cas, il faut arrêter avec tous ces préjugés et ces ‘on dit que’. La deuxième guerre mondiale a pris fin il y a soixante-dix ans. Le monde a avancé et l’Allemagne aussi. La langue est une langue parmi plein de variantes tout comme le français, l’anglais, l’espagnol et toutes les autres langues du monde.

    1. Rupert, j’adore ton art de la métaphore !
      Et je suis d’accord avec toi pour cette histoire de verbe à la fin ! Déjà c’est loin d’être le concept grammatical le plus complexe de la planète. Lorsque j’apprenais l’allemand ce n’était pas ça ma difficulté principale (perso l’accord du participe passé en français me donne plus de sueurs froides). Et aussi et surtout, y’a pleins de phrases simples en allemand ! Sujet – Verbe – Complément, alors pourquoi tout le mode se prend la tête comme si, sans verbe à la fin, il était impossible de s’exprimer ??

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