Le CECR : l’échelle universelle pour atteindre vos objectifs en langues

Par Pierre

7 octobre 2022

Il n’est pas toujours facile de savoir où vous en êtes dans ce long périple qu’est l’apprentissage d’une langue étrangère. Surtout avec une infinie diversité de langues et d’examens. Sans même parler des termes vagues comme « courant » ou « bilingue », sur lesquels personne n’est d’accord. Et si je vous disais qu’il existe une échelle unifiée, internationale, qui vous permettra d’évaluer vous-même votre niveau ? Découvrons ensemble le CECR, le meilleur allié que vous aurez dans votre projet.

CECR, définition

Le CECR, ou Cadre Européen Commun de Référence pour les langues, parfois appelé CECRL, est à l’origine un document publié en 2001 par le Conseil de l’Europe (organisation internationale dépassant les frontières de l’Union européenne).

Son objectif est double :

  1. Fournir une base commune pour l’élaboration des programmes d’étude, par exemple dans les écoles ou les universités ;
  2. Créer un barème d’évaluation qui fonctionne quelle que soit la langue, sans se soucier de ses spécificités (écriture, phonétique…), pour se concentrer sur les compétences de l’apprenant.

Le CECR est divisé en six niveaux, qui se fondent sur des capacités concrètes. On ne s’intéresse donc pas à votre résultat à un test de grammaire ou de vocabulaire, mais à votre capacité à utiliser la langue, que ce soit dans un contexte du quotidien ou professionnel.

Cet outil est donc parfaitement en phase avec la philosophie du Monde des Langues : une approche vivante basée sur des compétences, que vous pouvez employer de manière autonome dans votre apprentissage. En effet, nul besoin de passer par un professeur ou un examen spécialisé : vous pouvez tout à fait vous évaluer seul.

Aujourd’hui, l’échelle du CECR est acceptée partout en Europe, mais pas uniquement. Il n’est pas rare de voir des ressources pédagogiques non-européennes mentionner tel ou tel niveau comme objectif. Gardez à l’esprit qu’en anglais, on parle de CEFR (Common European Framework of Reference for Languages)

Si vous souhaitez aller plus loin, vous trouverez le document complet à cette adresse. Pour ma part je me contenterai de vous résumer les informations que vous pourrez mettre en pratique dès aujourd’hui, concernant l’échelle de maîtrise des langues.

Les six niveaux de compétences

Le CECR propose une échelle répartie sur six niveaux, allant de A1 pour les débutants à C2 pour les experts. Si, durant ma scolarité et mes études, j’ai rarement entendu parler de ce barème (pourtant déjà en place à l’époque), il est désormais omniprésent, que ce soit dans l’enseignement ou dans les méthodes de langues.

Ces niveaux permettent de vous situer précisément et d’apprécier le chemin parcouru. Pour faire une comparaison osée, c’est un peu comme les ceintures de couleurs dans les arts martiaux !

Les 6 niveaux du CECR, tels que présentés par le Conseil de l’Europe.

Cette échelle constitue un excellent outil, dans la mesure où elle est aussi utile à l’autodidacte (pour s’auto-évaluer) qu’à l’enseignant (pour mesurer la progression d’un élève). Vous pouvez donc l’utiliser autant dans le cadre d’un apprentissage en solitaire, que dans un cursus universitaire ou pour un examen validant. Un vrai couteau suisse !

Si tous les examens ne l’utilisent pas, à l’image du TOEFL ou du TOEIC, ils proposent généralement une équivalence : tel score au test correspond à tel niveau du CECR. Vous pouvez donc tout à fait mentionner votre niveau sur votre CV et le faire valoir lors d’un entretien d’embauche.

Critères utilisés

Le barème retient généralement cinq compétences clés : en fonction de ce que vous pensez être capable de faire, vous pourrez vous situer sur l’un des six niveaux de l’échelle. Les cinq compétences sont les suivantes :

Ecouter

Il s’agit de votre capacité à comprendre ce que vous entendez. Là où un parfait débutant percevra tout au plus quelques mots-clés isolés, un apprenant confirmé comprendra sans mal de longs discours, même avec des bruits parasites en fond.

Lire

Votre aptitude à lire des textes de plus en plus complexes, à comprendre le vocabulaire spécialisé, l’humour et les sous-entendus.

Parler (en conversation)

Ici, il s’agit d’être en mesure d’interagir avec un ou plusieurs locuteurs natifs, donc de leur parler, mais aussi de comprendre ce qu’ils disent et réagir en conséquence.

Parler (en continu)

Toujours une capacité orale, mais centrée sur la production d’un discours. Par exemple si vous devez produire un récit ou une présentation orale.

Ecrire

Votre aptitude à écrire des textes de plus en plus complexes, allant de la carte postale (niveau A1) jusqu’à la critique littéraire (niveau C2).

Vous reconnaîtrez sans mal ce que j’appelle les « quatre piliers » de la maîtrise d’une langue (lire, écrire, écouter, parler). Les créateurs du CECR ont toutefois choisi de scinder la compétence « parler » en deux catégories distinctes. Un choix qui se défend.

Vous trouverez parfois ces cinq compétences divisées en trois groupes : comprendre (écouter, lire), parler (prendre part à une conversation, s’exprimer oralement en continu) et écrire.

Il est tout à fait possible d’évaluer indépendamment chacune des compétences, qui peuvent se situer à des niveaux différents. Il peut vous arriver d’avoir par exemple un niveau B1 en compréhension écrite, mais A2 en production écrite.

D’autres critères sont également proposés, mais je les trouve plus complexes, donc moins pratiques : étendue, correction, aisance, interaction, cohérence. Ils sont néanmoins intéressants, surtout si vous êtes vous-même pédagogue. Je vous laisse vous référer au document pour en savoir plus.

Trois niveaux, six sous-niveaux

Le barème comporte trois niveaux principaux :

  • A – utilisateur élémentaire ;
  • B – utilisateur indépendant ;
  • C – utilisateur expérimenté.

Chaque niveau est lui-même divisé en deux sous-niveaux (A1, A2…), ce qui donne donc six paliers de maîtrise d’une langue.

Niveau

Nom

Compétence

Utilisateur élémentaire

Cell
Cell

A1

Niveau introductif ou de découverte

Débutant, vous avez acquis les premières structures de la langue ainsi qu’un vocabulaire de base. Vous pouvez formuler quelques phrases simples sur des sujets concrets, mais il faut que votre interlocuteur parle lentement et se montre compréhensif.

A2

Niveau intermédiaire ou de survie

Vous êtes désormais capable de comprendre des phrases simples sur des sujets qui vous sont familiers. Pour communiquer, vous avez cependant besoin que le vocabulaire utilisé reste simple et direct.

Utilisateur intermédiaire


Cell

B1

Niveau seuil

Vous voilà arrivé à l’étape supérieure. Vous comprenez les points essentiels d’un discours clair touchant à des sujets familiers et êtes vous-même en mesure de produire un discours simple et cohérent, toujours sur des sujets familiers. Vous pouvez vous débrouiller en voyage, dans diverses situations.

B2

Niveau avancé ou indépendant

On arrive à un niveau intéressant ! Une conversation avec un locuteur natif ne pose aucun problème, vous êtes capable de vous exprimer sur une large gamme de thématiques et de comprendre des sujets concrets ou abstraits.

Utilisateur expérimenté

Cell
Cell

C1

Niveau autonome

Vous avez atteint une véritable maîtrise de votre discours, que ce soit dans votre vie sociale ou professionnelle, vous vous exprimez couramment en cherchant rarement vos mots. Vous comprenez des textes longs et complexes, y compris leur signification implicite.

C2

Niveau de maîtrise

Félicitations : vous avez atteint le niveau de maître jedi de la langue ! Vous n’avez quasiment jamais de difficulté à comprendre ce que vous lisez et êtes capable de vous exprimer sur des sujets complexes, en faisant ressortir les nuances les plus fines.

Comment vous auto-évaluer facilement

En parcourant le tableau ci-dessus, vous aurez compris son intérêt : vous fournir une grille pour vous situer dans votre parcours, en fonction de ce que vous arrivez à faire, ou non, dans votre langue cible.

Comme le CECR se base sur des compétences plutôt que sur des connaissances, vous pourrez donc l’employer quelle que soit votre langue de prédilection, qu’il s’agisse de l’anglais, de l’espagnol, de l’arabe, du chinois… Il est par exemple tout à fait envisageable d’avoir un niveau C2 en anglais, B1 en allemand et A2 en russe.

Notez que je n’ai pas inclus les critères pour chacune des compétences (lire, écrire, écouter, parler en continu, parler en conversation), afin de ne pas rendre cet article indigeste. Vous les trouverez sur la page Wikipédia ou à partir de la page 51 du document de référence.

Vous pouvez utiliser le tableau pour estimer dans un premier temps votre niveau général, puis les cinq compétences prises séparément. Efforcez-vous d’être honnête avec vous-même : ni trop modeste, ni trop dur, simplement impartial (attention à l’effet Dunning-Kruger !).

Si vraiment vous avez besoin d’un avis extérieur, engagez un professeur pour quelques séances : il saura vous dire où vous en êtes à l’heure actuelle.

Un outil puissant pour vous fixer des objectifs

J’espère que cet article vous aura convaincu. Loin d’être accessible aux seuls enseignants, le CECR fait partie des outils que tous les polyglottes gagneraient à adopter.

Pourquoi utiliser l’échelle du CECR dans votre apprentissage

L’intérêt du CECR ne se limite pas à votre niveau actuel. De par sa nature très pragmatique, il vous offre la possibilité de vous fixer des objectifs puissants, car très précis.

En partant du point où vous en êtes aujourd’hui, avec vos points forts et vos lacunes à combler, vous serez plus à même de définir des axes de travail pour les prochains mois. Par exemple : « valider le niveau B1 début 2023 », « m’assurer d’avoir le A2 en compréhension orale d’ici novembre 2022 ». Vous voyez ? C’est tout de même beaucoup plus parlant que les traditionnels « je veux parler italien » ou « je veux me débrouiller en japonais ».

De plus, les méthodes de langues indiquent généralement un niveau atteint en fin d’étude. Par exemple, Assimil promet un niveau A2, B2 ou C1 en fonction de l’ouvrage utilisé. C’est une autre donnée dont vous pouvez tenir compte pour fixer vos objectifs.

Un outil pertinent sur le long terme

Un dernier point qui rend l’échelle du CECR pertinente : elle brasse tous les niveaux possibles, du parfait débutant (parfois nommé « niveau A0 ») jusqu’à une maîtrise qui peut s’apparenter à un niveau bilingue (C2). Elle vous accompagnera donc pendant des années, que ce soit pour vos premiers pas comme pour la préparation d’un examen avancé.

Un avertissement à ce sujet : passer d’un niveau à un autre se fait de plus en plus lentement en fonction de votre avancée. Ainsi, si la transition entre A1 à A2 peut être réalisée en quelques mois, celle entre C1 à C2 vous prendra sans doute des années. Il est même très courant de buter sur un « plateau intermédiaire » au moment de passer au niveau B1, puis au C1.

Où en êtes-vous dans votre apprentissage ?

Cet article touche à sa fin. Je vous invite donc à utiliser l’échelle du CECR pour identifier votre degré de maîtrise dans les différentes compétences. C’est un exercice qui est toujours riche d’enseignements, révélateur à la fois de nos forces et de nos faiblesses.

Alors, quel est votre niveau dans les différentes langues que vous parlez ? Quels sont vos objectifs pour la suite ? Vous pouvez nous en faire part dans les commentaires.

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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  1. Merci pour cet article, qui m’a permis de découvrir cette échelle d’évaluation.
    Après plusieurs années d’apprentissage seule ou presque, j’ai l’impression de ne pas avoir encore atteint le niveau A2.
    Mais au moins ça me donne un objectif!

    1. Merci pour ton commentaire, je me permets de rebondir dessus.
      Il ne faut surtout pas se décourager si notre niveau semble « bas » sur cette échelle. En effet, elle est très large et, par exemple, un B1 est déjà solide. Je ne parle même pas du C2, qui demande des années d’intense travail.
      Dans tous les cas, bon courage à toi pour la suite !

  2. Merci pour ce résumé clair et concis!
    Je suis amenée à retravailler mon anglais (que je dirais entre le B1 et le B2) et commencer le niveau A1 d’espagnol en même temps car j’ai fais la démarche de reprendre des études niveau seconde.
    Seul petit problème: En seconde on espère d’un étudiant en espagnol minimum le niveau A2-B1… Et je démarre de zéro, personne ne peut m’aider dans mon entourage direct.

    -Stresse et perfectionnisme faisant leur effet, j’ai beaucoup de mal a suivre mon programme duolingo et du coup j’ai perdu le rythme. Le résultat étant, je te le donne en mille: des grosses phases de procrastination des que je sais que je dois faire un devoir ‘d’espaingouin’ comme dirais certains.

    Alors je t’avoue que sans ton site je serais perdue!
    Je me souviens être passée par les niveau A1 et A2 d’anglais au collège, mais jamais nos enseignants ne nous ont dit leur signification réelle. Savoir que je peux indépendant m’en servir maintenant pour gérer mon progrès est un véritable soulagement!!

    Si jamais je perds a nouveau le rythme je viendrais procrastiner sur ton site, le seul risque sera que j’apprenne quelque chose d’intéressant qui me remotivera!

    Le truc c’est que l’espagnol ne m’intéresse pas, si j’avais eu le choix pour démarrer une langue cette année en ayant un niveau de retard: j’aurais pris une langue scandinave! Genre Suédois voire même Finlandais(Oui. Même le Suomi m’intéresse plus que l’espagnol, et pourtant niveau galère… on atteint de haut sommets!)

    ANYWAY!
    Merci pour ton site! Il est super utile! Je vais me permettre de le garder en favoris x3

    1. Salut Shany,
      Content que mon site puisse t’aider. Si tu as des problèmes d’organisation, n’hésite pas à relire les articles que j’ai écrits sur le sujet et à utiliser chains.cc ou un autre service du même genre.
      Concernant l’espagnol, c’est en effet un problème courant dans les études, se retrouver avec une langue qui ne nous intéresse pas. Mais comme tu es « coincée » avec, tant qu’à faire, essaie de creuser un peu pour trouver quelque chose qui te motive, de rencontrer des gens parlant la langue. Le monde hispanophone étant d’une immense richesse, tu trouveras forcément un élément qui te donnera envie d’apprendre cette langue.

  3. Bonjour,

    J’ai un niveau B2 en anglais, niveau B2 en italien… Mais je suis dans un bac pro gestion admnistration en alternance, et à la fin de l’année on nous demande d’avoir un niveau B1 à raison d’une heure d’espagnol par semaine… Est-ce faisable selon vous?

    Sachant que pour l’anglais et l’italien, en cours général de Bac L, j’avais 5 heures de chaque par semaine.
    J’essaye aussi tout seul d’apprendre le grec et voir le mandarin… Mais je commence les bases.

    Je pense qu’il faut avoir de solide bases, et j’ai une prof d’anglais d’origine colombienne (donc elle parle couramment anglais, espagnol, francais…) qui nous a dis qu’il faut faire comme les « bébés » c’est à dire commencer par les nombres, couleurs, petites phrases puis complexifié ensuite, sachant que comme le français, certaines temps, mots ou tournure de phrases sont rarement utilisées…

    🙂

    1. Bonjour Yanis,
      Dans les conditions que vous me décrivez (moins d’un an pour atteindre un B1 à raison d’1h par semaine), ça me semble complètement irréaliste. Après, si vous travaillez votre espagnol par vous-même en dehors des cours, les choses seront potentiellement très différentes !

  4. Bonsoir. Merci encore de partager ces informations au grand public. Je suis souhaite vraiment devenir traductrice un jour et vos articles sont pour moi et répère et surtout un mode d’emploi à suivre.

  5. Bonjour,

    J’ai un niveau complètement déséquilibré. Suivant les langues j’ai un niveau qui va de B1 à A2 en lecture ( B1 espagnol, B2 italien A1/2 anglais. Mais mon niveau se situe bien en-dessous (de A1 à B2) en conversation. Et je n’arrive pas à combler cet écart.

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