Par Pierre

31 août 2014

Rome

Ceci est la troisième et dernière partie de notre dossier consacré à Rome, pour tenter d’apporter un peu de soleil en cette fin de mois d’août quasi-automnal. Aujourd’hui, nous terminerons notre itinéraire à travers Rome et sa région et nous parlerons un peu italien.

Bracciano et Civitavecchia

Pour ne pas rendre cet article trop indigeste, je n’évoquerai pas le reste de nos visites romaines, en vous laissant ainsi l’occasion de tout découvrir par vous-mêmes.
Un mot cependant sur Bracciano, petite ville du Latium faisant partie de la province de Rome. Nous nous y sommes rendus pour y passer deux jours, loin de l’agitation du centre-ville romain. Bracciano a la particularité de se trouver sur les rives du lac du même nom, au nord-ouest de Rome. Depuis l’Antiquité, le lac de Bracciano, dont l’eau est exceptionnellement propre, est utilisé comme source d’eau potable pour la ville de Rome. La vieille ville, bâtie sur une colline qui surplombe le lac, est célèbre pour son château de style Renaissance, très bien conservé. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de le visiter. Cette escapade dans un endroit très calme nous a en tout cas permis de nous reposer avant de retourner à Rome pour les derniers jours du voyage.

Bracciano
Je n’ai pas eu l’occasion de faire de belles photos de Bracciano, j’en pique donc une sur Internet.

Notre hôte sur place, Riccardo, nous a également emmenés en voiture à Civitavecchia (littéralement : « vieille ville »), autre ville de la province de Rome, située sur le littoral. Civitavecchia est principalement connu pour son port de croisière, qui dessert notamment la Sardaigne et la Corse. Comme nous n’y sommes restés qu’une petite heure en pleine nuit, je ne m’étendrai pas davantage sur cette ville.

Parler l’italien à Rome

Comme je l’indiquais dans le premier article, ma motivation première pour partir à Rome était de pratiquer l’italien. Ce n’est un mystère pour personne, se rendre le plus tôt possible dans un pays est le meilleur moyen de faire des progrès très importants dans une langue.
De nombreux étudiants en langue ont tendance à remettre à plus tard ce départ, souvent pour des raisons pratiques (temps, argent…), mais aussi par peur de ne pas se faire comprendre : syndrome bien courant du « je ne suis pas prêt ». Avec quelques mois d’italien et un niveau balbutiant, je n’étais certainement pas prêt à tenir de longues conversations sur l’art florentin de la Renaissance. Peu importe, car mon but était d’apprendre des phrases très simples de la vie courante, pour me présenter, parler de mes goûts, commander à boire ou à manger, ou bien demander mon chemin.

Giuseppe Garibaldi
Giuseppe Garibaldi, héros de l’unification italienne et véritable symbole national.

Pratiquer en Italie, c’est facile

Si je devais retenir une chose de cette expérience, c’est la facilité que j’ai eue à parler et apprendre l’italien à Rome. J’entends par là que les conditions suivantes sont réunies pour former un excellent environnement linguistique :

  • Les italiens aussi veulent parler italien : vous savez ce qui m’épuise, dans des pays comme la Finlande, où (presque) tout le monde parle très bien anglais ? Poser une question en finnois et entendre une réponse en anglais. Cela part toujours d’une bonne intention, mais n’aide pas beaucoup à apprendre la langue.
    En Italie, c’est tout le contraire : les Romains, du moins une grande majorité, préféreront toujours parler leur langue et s’exprimeront rarement en anglais. Si cette particularité pourrait rebuter les voyageurs ne souhaitant pas apprendre l’italien, sachez tout de même que de nombreux Italiens possèdent des rudiments de français et n’auront jamais peur de les utiliser pour communiquer avec vous.
  • Une culture qui favorise l’expérimentation : on dit les Italiens très bavards, décomplexés et prompts à parler avec les mains pour se faire comprendre. S’il y a une grande part de cliché dans cette description, il est vrai que les Italiens attendent une moins grande aisance de la part de leurs interlocuteurs que, par exemple, les Français ou les Anglais. Le fait que l’Italie comporte un grand nombre de dialectes aide énormément : des Italiens venant de deux régions différentes s’attendront à ne pas se comprendre parfaitement et n’hésiterons pas à parler lentement, mimer avec leurs mains ou tenter d’utiliser certaines expressions.
    Cet état d’esprit crée un climat très propice à l’apprentissage, puisque l’on est naturellement poussé à expérimenter, préciser sa pensée si on ne trouve pas un mot précis et utiliser le langage corporel. Sans même s’en rendre compte, les Italiens emploient les meilleures pratiques possibles pour vous pousser à parler leur langue, même si vous ne la maîtrisez qu’un minimum.
  • La proximité avec le français : l’italien, tel qu’il est parlé à Rome, est très proche du français, je ne vais pas vous l’apprendre. L’avantage, par rapport à une langue plus éloignée, c’est que cela crée une compréhension fluide, presque instinctive, de termes que je ne connaissais pourtant pas en italien !
    A mon retour de Rome, un ami non-italophone m’a d’ailleurs spontanément fait la même remarque, me disant qu’il avait récemment échangé en français avec un Italien qui lui répondait dans sa langue, et qu’ils avaient réussi à se comprendre sans problème.
    Si vous apprenez l’italien, sachez donc que cous êtes naturellement avantagé en tant que francophone, vos progrès seront donc rapides si vous pratiquez la langue en Italie.

En passant deux semaines en Italie, ma copine et moi avons eu l’occasion de beaucoup progresser en italien. Certes, nous avons quelque fois parlé anglais ou français avec nos hôtes, mais il ne faut pas perdre de vue que les personnes présentes sur Couchsurfing ou Airbnb ont souvent un niveau en langues étrangères largement supérieur à la moyenne.

Pierre Rome
Votre serviteur au sommet du château Saint-Ange. Vous excuserez ma coiffure improbable, il y avait du vent.

L’un des avantages à pratiquer la langue sur place, plutôt qu’entouré de livres, est sans doute l’optimisation du vocabulaire appris. A titre personnel, j’ai toujours beaucoup de mal avec les méthodes de langue dont les premières leçons comportent du vocabulaire très précis et peu utile lors d’un premier contact avec des locuteurs. Sur le terrain, on est très vite amené à apprendre en premier les mots et tournures de phrase les plus utiles et à les mémoriser peu à peu, d’abord en les entendant, puis en les utilisant régulièrement. Par exemple, j’ai appris le mot prego, souvent employé par les commerçants et signifiant « je vous en prie » ou « de rien », en l’entendant revenir souvent, puis je me suis mis à l’utiliser dès que possible.
Ainsi, vous apprendrez en priorité le vocabulaire qui vous sera directement utile et laisserez de côté des termes que vous emploierez moins souvent, donc que vous mémoriserez moins facilement. Notre cerveau considère en effet les éléments récurrents comme plus importants, c’est pourquoi nous les retenons mieux.

Détail amusant, chaque culture emploiera différents vocabulaires. J’ai par exemple appris énormément de termes liés à l’alimentation, bien sûr parce que j’ai dû acheter chaque jour à manger, mais aussi parce que la cuisine tient une place prépondérante en Italie. Véritable religion, elle est aussi porteuse d’une forte identité culturelle. La préparation d’un plat est souvent l’occasion d’évoquer des expériences personnelles, des recettes familiales et des variantes locales, ou encore de vanter la qualité des ingrédients venant de telle ou telle région.

Les Italiens et les langues étrangères

Ce voyage a également été l’occasion d’observer la manière dont les Italiens perçoivent les langues, la leur comme celles des autres pays.
Premier constat, il faut bien admettre que les Italiens sont relativement « mauvais » en langues étrangères… un peu comme les Français, finalement ! Peu d’entre eux maîtrisent bien l’anglais, même sur les sites touristiques. D’après l’ambassade de France en Italie, 20% des Italiens parlent l’anglais et 19% le français. Vu ces chiffres et la plus grande proximité du français avec l’italien, il n’y a finalement rien d’étonnant à voir des Romains préférer s’exprimer en français plutôt qu’en anglais !
D’après l’un de nos hôtes, Marco, lui-même passionné par les langues étrangères, les faibles compétences linguistiques des Italiens proviendraient d’un enseignement relativement faible et d’un climat général peu propice à cet apprentissage. Comme l’a d’ailleurs remarqué l’une de ses connaissances autour d’un café : « l’Italie n’est pas un bon pays pour apprendre les langues ». Le sujet semble tout simplement ne pas passionner les Italiens, qui ont tendance à tout pratiquer dans leur langue : les films en version originale semblent rarissimes, encore plus qu’en France.

Finalement, comme le résumait Marco, pour un Italien, être polyglotte, ce n’est pas parler anglais ou espagnol, mais plutôt les autres dialectes italiens : lombard, napolitain, sicilien… Reflet d’une identité multiple, dans laquelle chacun se sent d’abord appartenir à une région, puis à un pays morcelé sur le plan culturel.

Crédit photo : Dorli Photography

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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