Ces dernières semaines, dans les discussions entourant la future réforme du collège, un terme semble avoir cristallisé toutes les tensions : l’élitisme. Elitisme des classes bilangues anglais-allemand et européennes, élitisme d’un système scolaire français inégalitaire favorisant les enfants issus des familles aisées au détriment des autres, élitisme même de certaines matières, comme l’allemand et le grec. On en viendrait presque à se demander si l’apprentissage des langues ne serait pas, dans le fond, un truc de riches.
Dis-moi quelle langue tu apprends, je te dirai qui tu es
Ce n’est un secret pour personne, il existe généralement un lien entre langue apprise au collège et milieu social. L’allemand et les langues anciennes sont plus souvent choisis par les familles aisées pour leurs enfants, pour la simple et bonne raison que les parents ont eux-mêmes reçu cet enseignement durant leur scolarité. La reproduction d’un milieu social fonctionne donc comme une sorte de cycle.
Je suis récemment tombé sur cet article consacré aux diverses têtes couronnées d’Europe et aux langues qu’elles maîtrisent. Sans surprise, si les monarques européens connaissent d’autres langues européennes, leurs héritiers semblent s’orienter également vers des langues telles que le mandarin, associées à la réussite économique.
Une question de moyens
Outre le choix des langues, c’est la manière dont elles sont étudiées qui semblent faire l’objet d’un clivage social. Lorsque je suis allé faire un tour au salon Expolangues en février, j’ai été impressionné par l’offre en séjours linguistiques (majoritairement anglophones) à l’intention des élèves et étudiants. Ajoutons à cela les écoles maternelles « bilingues » proposant des cours de langues intensifs ou encore les services de baby-sitting dont les employés parlent anglais aux enfants qu’ils gardent.
Loin de moi l’idée de critiquer ces organismes et les tarifs qu’ils pratiquent – faire fonctionner une école ou une entreprise a un coût – mais il faut bien admettre qu’ils sont de fait réservés à une frange finalement assez réduite de la population.
Une barrière financière… mentale ?
En tournant et retournant ces idées dans ma tête, je finis par craindre le pire : et si ces barrières à l’apprentissage des langues, bien réelles, finissaient par créer des barrières psychologiques dans nos esprits ?
Si ma théorie est juste, peut-être certains d’entre vous n’osent-ils tout simplement pas se mettre à telle ou telle langue par peur de ne pas en avoir les moyens, ou parce qu’elle renvoie une image trop snob, trop élitiste. Il est donc temps de nous attaquer au lien, réel ou fantasmé, qui peut unir les langues étrangères à l’argent.
L’apprentissage des langues, une activité accessible à tous
Faisons simple, voulez-vous : il est possible d’apprendre pratiquement toutes les langues en ne déboursant pas un seul centime, ou presque. Avec un ordinateur, une connexion Internet et de quoi écrire, vous pouvez atteindre un excellent niveau sans faire de frais supplémentaire. Je ne recommande pas pour autant cette approche « zéro dépense », qui reste peu efficace et assez contraignante au quotidien.
Dans tous les cas, retenez bien ceci : l’argent que vous investissez dans l’apprentissage d’une langue est une aide, pas un ticket d’entrée. Je reviendrai très vite sur ce point crucial.
Une fois dans le concret, pas d’élitisme
Ensuite, il est important de préciser qu’aucune langue ne s’adresse à une classe sociale plutôt qu’à une autre. Cela n’aurait tout simplement aucun de sens. Que vous envisagiez d’apprendre l’anglais, l’allemand ou encore l’arabe, vous ferez face à des difficultés, certes, mais ces difficultés ne dépasseront jamais le cadre de la langue elle-même : vocabulaire, grammaire, conjugaison, écriture… Bref, riches comme pauvres sont confrontés aux même problèmes très concrets : difficile d’y déceler le moindre élitisme. A aucun moment un videur peu commode ne viendra mettre un terme à votre apprentissage, sous prétexte que vous ne faites pas partie du bon monde !
Dans le cas extrême où votre entourage désapprouverait votre projet, deux solutions se présentent à vous : soit vous ignorez ces critiques, soit vous faites preuve de pédagogie en présentant les avantages que vous retirerez de la maîtrise de la langue.
Un peu de réalisme tout de même
Il existe toutefois un paramètre qui aura un fort impact sur vos finances : le format général de votre apprentissage. Le cours particulier avec un professeur est sans doute la meilleure option possible, mais elle a un coût certain. A l’autre bout du spectre, l’apprentissage solitaire à base de cours gratuits sur Internet est une solution économique, mais vous risquez de vous y perdre en cours de route, surtout si vous êtes débutant.
A vous donc de choisir la formule qui vous convient en fonction de votre budget, tout en faisant preuve d’esprit critique : par exemple, une bonne méthode vous fera progresser plus vite qu’un mauvais professeur. Ne vous découragez pas non plus si vous ne pouvez pas vous tourner vers des options trop chères pour vous. Si vous n’avez pas les moyens d’assister à un cours, investissez dans une méthode. Peut-être progresserez-vous plus lentement, mais au moins vous progresserez, pas comme si vous aviez baissé les bras.
Une parenthèse autour des cours en groupes : s’ils sont en majorité payants (compter quelques centaines d’euros), il est possible de trouver des cours peu chers, voire gratuits, qui restent de qualité. Par exemple, j’ai entendu dire que les cours du Centre Culturel Coréen à Paris étaient gratuits. Comme quoi, il n’est pas toujours nécessaire de dépenser des fortunes !
Dépensez peu, mais bien
Voici comment je vous conseille de procéder : en fonction de l’importance que vous donnez à votre projet et des moyens à votre disposition, prévoyez un petit budget. Soyez cohérent avec vos besoins : si vous apprenez une langue pour le plaisir, sans contrainte de temps, avez-vous réellement besoin de cours particuliers trois fois par semaine ?
Au cœur de votre apprentissage : investissez
J’appelle cœur de l’apprentissage le cours ou la méthode que vous avez décidé de suivre, semaine après semaine. Il s’agit en quelque sorte de la colonne vertébrale de votre étude, qui a naturellement intérêt à être solide. Si vous devez investir dans votre projet, c’est là qu’il faut placer votre argent.
Les dépenses principales incluent l’inscription au cours (université, cours public, cours particulier…), la méthode (livre, CD, logiciel…) et tout autre matériel dont vous pourriez avoir besoin (dictionnaire, manuel, cahier d’exercices…).
Les à-côtés : vous pouvez économiser
Les à-côtés regroupent tout ce qui est utile mais pas indispensable pour pratiquer la langue : applications mobiles, supports écrits / vidéo / audio, voyages… Je ne dis pas qu’il ne faut pas dépenser un centime, mais vous pouvez limiter vos dépenses dans ces domaines. Quelques idées pour mieux investir vos deniers :
- Les applications mobiles constituent un excellent à-côté pour réviser dans les transports. Marché concurrentiel oblige, elles sont souvent gratuites (comme Duolingo) ou peu chères (comme MosaLingua, qui fera bientôt l’objet d’un test).
- Si vous n’avez pas les moyens de vous payer des cours de conversation privés, des services comme italki vous permettent de converser avec des locuteurs de la langue, gratuitement s’il s’agit de particuliers ou contre rémunération s’il s’agit de professeurs.
- Si vous habitez dans une grande ville, il doit exister des communautés d’expatriés ou des groupes Erasmus. Ce sera l’occasion de faire des rencontres et de pratiquer la langue.
- Si vous souhaitez voyager pour parfaire votre connaissance de la langue, vous pouvez délaisser le confort d’un séjour linguistique organisé et opter pour un vol à bas prix et un hébergement chez l’habitant une fois sur place. C’est un peu plus rude, mais surtout moins cher et plus enrichissant.
Vous voyez ? Il est possible de réaliser d’importantes économies et ce quelle que soit la langue apprise : étudier l’allemand ne vous coûtera pas plus cher que l’espagnol. Je vous fournirai régulièrement des solutions économiques dans de futurs articles, elles sont nombreuses.
Les deux seuls critères qui viendront éventuellement faire grimper l’addition sont l’éloignement du pays et la rareté de la langue. Le premier est assez évident : vous dépenserez logiquement plus pour aller au Vietnam que pour aller en Allemagne. La seconde implique que plus une langue est rare, plus les ressources pour l’apprendre le sont, avec les coûts supplémentaires que cela implique : achats à l’étranger, livres chers et peu diffusés, etc.
La règle d’or
Pour conclure simplement, ne vous privez jamais d’apprendre une langue sous prétexte qu’elle est « élitiste » ou encore « réservée aux gens riches ». L’étude des langues étrangères est au contraire l’une des activités les plus égalitaires qui soient, car elle repose sur une fonction humaine de base : la communication avec autrui.
Tout projet d’apprentissage a un coût, mais ce dernier n’a pas besoin d’être forcément très élevé. A vous d’établir un budget en fonction de vos objectifs et moyens financiers. Dans tous les cas, voici la règle d’or à retenir avant tout achat : le temps, c’est de l’argent. Même sans dépenser le moindre euro, à force de travail régulier, je vous garantis que vous finirez par apprendre la langue. Cela étant dit, il y a de fortes chances qu’un cours ou une méthode vous fasse progresser beaucoup plus vite ; autrement dit, en dépensant de l’argent, vous économisez du temps. Lorsque vous hésitez à passer en caisse, posez-vous simplement les deux questions suivantes :
- Cette dépense me permettra-t-elle d’apprendre mieux et plus rapidement ?
- Le prix demandé semble-t-il proportionnel aux avantages que je peux espérer obtenir ? Autrement dit, le rapport qualité-prix paraît-il bon ?
Le marché de l’apprentissage des langues étrangères est immense et il est souvent difficile de savoir où donner de la tête. En appliquant cette approche raisonnée, vous serez sûr de faire les bons choix et de rendre votre projet aussi plaisant qu’économique.
Crédit photos : Roderik Eime, spacebahr, Pictures of Money.
Excellent article. En ce qui me concerne, j’apprends l’anglais ( on n’apprend pas l’anglais à l’école!) en utilisant
plusieurs moyens.
Internet est un outil extraordinaire pour mon apprentissage.
J’utilise la méthode de l’américain Aj Hoge qui a développé le concept : Effortless English ( j’ai pris l’ensemble de ses produits qui sont assez efficaces, le
prix payé est de 390€ au total : il y a tout ce qu’il faut, prononciation, conversation, vocabulaire courant, histoires, techniques pour parler ( shadowing, imitation, etc…).
Je m’aide de vidéos que je sélectionne sur YouTube :
Je me concentre sur les vidéos qui traitent de l’apprentissage de l’anglais courant, des podcasts.
Et surtout, j’oriente mon apprentissage sur les sujets que
J’aime beaucoup: finance, économie, nature, science, actualité.
Pour l’instant, je privilégie « l’input » , ç’est à dire que suis les recommandations de Steve kaufman, Aj Hoge.
Temps consacré entre 1h et 1h25 par jour. L’apprentissage se fait plusieurs fois par jour: matin, midi et soir. Le week end, cela peut être 2 à 3 h par jour.
Le but est d’arriver à atteindre le niveau b2 d’ici un an à 1 an et demi.
À plus long terme, d’ici 4 à 5 ans pourquoi pas le niveau c1.
Ceci dit, pour moi, le plus important est que l’apprentissage me procure le plus de plaisir possible.
Ensuite, la progression viendra naturellement.
Les deux mots clés de mon apprentissage:
1) plaisir et
2)régularité