Par Pierre

22 mars 2015

Comment vaincre la procrastination ?

Cette semaine, nous allons nous attaquer à l’un des plus gros obstacles dans l’apprentissage des langues : la procrastination. Autant dire que le défi est de taille, car il s’agit sans nul doute du mal de notre génération. Qui n’a jamais remis au lendemain ce qui devait être fait le jour même et, surtout, qui n’en a jamais souffert ? Voici comment venir à bout de ce fléau, aujourd’hui… et pas demain !

La procrastination, définition

Pour les lecteurs qui n’arrivent pas à mettre un mot sur leurs problèmes, ou encore pour ceux qui ne l’ont jamais subie (les chanceux), il convient d’expliquer de quoi il s’agit. La procrastination est le fait de continuellement remettre à plus tard, généralement au lendemain, ce qui pourrait être fait immédiatement.
Pour les langues étrangères, cela consiste soit à ne pas commencer un apprentissage (« je me mettrai à l’espagnol quand j’aurai plus de temps »), soit à ne pas le poursuivre (« je suis trop fatigué, je travaillerai demain »).
Bien sûr, de manière ponctuelle, il n’y a rien de mal à remettre quelque chose au lendemain. En revanche, quand cette tendance devient une habitude, la procrastination s’installe, avec tous les effets négatifs que cela implique.

Pourquoi la procrastination est dangereuse

Alors qu’il est préférable de travailler régulièrement, chaque jour si possible, la procrastination vous pousse à ne pas le faire. La conséquence est simple : en remettant votre leçon au lendemain, vous ne travaillez pas, donc vous ne progressez pas. Logique.
Pire, comme je l’ai déjà expliqué à propos du vocabulaire, le cerveau mémorise par répétition. Si les méthodes type Assimil reprennent les mêmes mots d’une leçon à l’autre, ce n’est pas pour rien : ce système vous aide à mémoriser les mots importants en les révisant quotidiennement. Si vous ne travaillez qu’à raison d’une leçon par semaine, malheureusement, ce n’est pas suffisant et vous pouvez être sûr de tout oublier à chaque fois.

Les effets sur le long terme sont évidemment assez pervers : démotivation, impression de perdre son temps, voire un sentiment de honte. C’est un véritable cercle vicieux, car moins vous serez dans le bon état d’esprit pour travailler, moins vous ferez de progrès, ce qui se répercutera sur votre motivation.
Pour briser ce cercle, dites-vous simplement que la procrastination est un comportement normal, qui touche à peu près tout le monde. Il n’y a pas de honte à avoir. Pour la vaincre, il faudra d’abord comprendre comment elle fonctionne, puis adopter des habitudes plus saines.

demain
Ne comptez pas sur le lendemain pour vous apporter ce que vous n’obtenez pas aujourd’hui !

Causes et mécanismes

Je ne suis pas psychologue, donc je ne m’avancerai pas sur les causes profondes de la procrastination. Si vous maîtrisez le sujet, je vous invite à partager vos connaissances en commentaire !
Cela étant dit, j’ai pu identifier deux mécanismes à l’œuvre : l’anxiété face à la tâche à accomplir et le besoin de gratification immédiate.

La procrastination, une stratégie d’évitement ?

Je suis sûr que vous vous êtes trouvé au moins une fois dans la situation suivante : vous avez un travail important à faire et, au lieu de vous y mettre directement, vous vous lancez dans mille petites tâches sans lien direct.
Cette frénésie d’activités n’a en réalité qu’un seul but : vous donner bonne conscience et servir de prétexte pour repousser l’échéance. Dans les faits, vous vous tirez surtout une balle dans le pied. Si vous avez un dossier de cinquante pages à rendre le surlendemain, est-ce vraiment le moment de ranger votre bureau ou de trier vos photos de vacances sur votre téléphone ?

En réalité, vous ressentez une certaine anxiété face à la tâche que vous devez effectuer, c’est pourquoi vous trouvez toutes les bonnes excuses possibles et imaginables pour la faire au tout dernier moment. Vous vous dites par exemple que vous travaillez mieux sous pression, que les meilleures idées vous viennent à 4h du matin la veille d’une échéance, ou encore que ce rendez-vous chez le médecin peut bien attendre quelques semaines de plus… Bref, toutes les raisons sont bonnes pour éviter la confrontation, tout cela parce qu’une peur sous-jacente vous empêche de prendre le taureau par les cornes. Dans le domaine qui nous intéresse, il s’agit généralement d’un manque de confiance en vous, qui vous fait penser que, de toute manière, vous ne serez jamais vraiment capable de parler couramment cette langue.

Un besoin de gratification immédiate

Comme si cela ne suffisait pas, notre cerveau est naturellement paresseux et préfère les activités lui demandant le moins de travail possible. C’est pour cette raison qu’il est plus facile de regarder une vidéo amusante sur Youtube plutôt que de se plonger dans un livre de grammaire. La première activité est simple et immédiatement plaisante, tandis que pour la seconde, peu enthousiasmante, les effets positifs ne se feront sentir que bien plus tard. Malheureusement, l’apprentissage d’une langue étrangère passe inévitablement par quelques étapes plus fastidieuses que d’autres.
Face à l’anxiété évoquée plus haut, vous devenez très vite accro à des gratifications simples et immédiates, comme aller sur Facebook ou manger des sucreries. Finalement, vous ne perdez rien en évitant de travailler : cela vous laisse du temps pour des activités plus agréables. Génial, non ? Pas tant que ça, puisque pendant que vous vous amusez, votre apprentissage stagne et les effets ne tarderont pas à se faire sentir : démotivation, perte de confiance en vous et abandon de votre apprentissage.

Procrastination

Comment se sortir de la procrastination et travailler régulièrement

Le problème avec la procrastination, c’est qu’il est très difficile de s’en sortir seul. Combien de fois ai-je entendu des formules magiques du style « arrête de remettre au lendemain ce que tu peux faire le jour même », ou encore « arrête donc de procrastiner » ? On n’arrête pas de procrastiner en claquant des doigts, mais en effectuant un travail sur soi et en modifiant en profondeur ses habitudes. Ce n’est pas si simple, mais en appliquant ces quelques conseils, vous obtiendrez rapidement des résultats très encourageants.

Les objectifs, toujours les objectifs

Je ne le répéterai jamais assez, un projet réussi passe par une bonne planification. Vous avez besoin de découper votre projet en objectifs clairs et concrets, puis de diviser ces objectifs en tâches simples que vous pourrez facilement intégrer à votre emploi du temps.
Si votre but se résume à « apprendre l’espagnol », rien d’étonnant à ce que vous n’arriviez pas à vous y mettre : c’est vague, impressionnant et vous ne savez pas par quel bout commencer. Face à l’ampleur de la tâche, vous risquez de tomber dans la procrastination et de vous convaincre que vous apprendrez l’espagnol « bientôt », c’est-à-dire probablement jamais. En prenant un bon départ et en vous fixant des objectifs SMART, vous vous retrouverez avec des tâches très simples et vos progrès seront vite fulgurants.
Un mot encore sur vos objectifs : il est important qu’ils soient limités dans le temps. Dans le cas contraire, vous serez toujours tenté de remettre au lendemain, puisque vous n’avez aucune pression temporelle.

Construisez votre édifice, brique après brique

Une fois vos objectifs posés et vos tâches définies, il va falloir les intégrer à votre quotidien. Encore une fois, la procrastination se chargera vous mettra des bâtons dans les roues. Il n’existe pas de recette miracle, il vous faudra fournir un effort, plus ou moins grand en fonction de votre tendance personnelle à la procrastination.

Imaginez que, tel un maçon, vous projetez de construire une maison (votre but, parler la langue). Vous avez créé un plan (vos objectifs) et avez accumulé des briques (vos tâches). A présent, il vous faut construire la maison, jour après jour, en posant ces briques. Dans un premier temps, cette activité ne devrait pas être trop difficile : votre apprentissage en est encore à ses débuts, vous débordez d’énergie et chaque tâche vous apporte une gratification immédiate. Par la suite, la routine s’installe et poser des briques devient de plus en plus fastidieux. C’est à ce moment que la procrastination sera la plus forte et, avec elle, la tentation de tout faire sauf poser des briques.
Si vous arrivez à surmonter cette étape, vous verrez peu à peu la maison prendre forme et votre motivation remontera en flèche. Vos efforts auront commencé à payer et vous saurez que vous êtes près du but. Loin du cercle vicieux de la procrastination, un cercle vertueux se mettra en place : plus vous travaillerez, plus vous serez motivé et donc plus vous travaillerez. Ce cercle vertueux peut être difficile à atteindre, mais une fois que vous y serez, plus rien ne vous arrêtera !

Faire un effort, oui mais comment ?

Une fois de plus, arrêter de procrastiner n’a rien d’évident. Efforcez-vous d’effacer les points de friction, c’est-à-dire les aspects les plus désagréables de votre apprentissage. Travaillez le plus tôt possible dans votre journée, le matin si vous êtes du genre lève-tôt. En travaillant tard (comme je le fais encore souvent), vous prenez le risque d’être trop fatigué et de remettre au lendemain. Encore une bonne excuse !
Ensuite, il est important de travailler par sessions courtes, en vous concentrant pleinement sur la tâche que vous devez effectuer. Au besoin, coupez votre téléphone, déconnectez-vous d’Internet, isolez-vous. Votre motivation augmentera naturellement si vous parvenez à travailler efficacement durant vingt minutes, plutôt que si vous traînez péniblement pendant une heure (soit vingt minutes de travail effectif et quarante minutes sur Twitter et Youtube).
Pour augmenter vos chances de ne pas rater une séance, fixez-vous des obligations ou des défis. Inscrivez-vous à un cours que vous pouvez difficilement manquer, offrez-vous un cadeau si vous parvenez à travailler plusieurs jours de suite, etc. Trouvez ce qui fonctionne pour vous et appliquez-le.

Conclusion

La procrastination est une habitude dont il est difficile, voire impossible, de se débarrasser totalement. Avec du temps et un peu de bonne volonté, il est toutefois possible de la limiter, pour qu’elle cesse de vous empêcher d’apprendre les langues. Ne vous découragez surtout pas si jamais vous vous surprenez en flagrant délit de procrastination : vous ne feriez qu’ajouter à votre anxiété et donc aggraver le problème.
Le plus important à mon sens reste d’entretenir votre motivation : lisez des livres, écoutez de la musique, faites des rencontres… Au fond, la recette ne change jamais vraiment. Plus votre motivation à apprendre la langue sera forte, moins vous vivrez votre travail quotidien comme une contrainte, vous vous y mettrez donc d’autant plus facilement.

Bonus pour les anglophones : je vous recommande la lecture de cet article sur la procrastination, sur l’excellent blog Wait But Why.

Crédit photos : Ariana Escobar, seaternity, Kat

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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  1. Je suis tout à fait d’accord avec l’énoncé : « un projet réussi passe par une bonne planification ». En planifiant un projet, on se retrouve facilement dans les différentes étapes qui mènent à l’objectif. C’est en étant bien organisé qu’on retrouve facilement le chemin vers le succès. De ce fait, les éléments favorisant la procrastination diminuent.

    1. Bonsoir Olivier,
      Merci pour ton commentaire ! En effet, il est nécessaire de découper un projet en un ensemble de petites tâches motivantes, qui permettront de 1) travailler régulièrement et avec plaisir 2) savoir à chaque instant où on en est et rectifier au besoin 3) garder le cap jusqu’à ce que l’objectif soit atteint.

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