Par Pierre

11 janvier 2015

Obstacles dans l'étude des langues

Si apprendre les langues étrangères était une chose facile, nous serions déjà tous polyglottes. Malheureusement, ce n’est pas le cas et les causes d’échec sont multiples. Que ce soit au début de notre apprentissage ou bien plus tard, le danger de tout laisser tomber, de manière brusque ou progressive, est toujours présent. Apprenons à identifier les pièges qui nous guettent pour mieux les déjouer.

De la bonne résolution au pétard mouillé

Tout projet, celui de se mettre à une langue en particulier, fonctionne un peu comme une bonne résolution du Jour de l’An. Au début, on est motivé, plein d’enthousiasme face à ce nouveau départ ; on travaille dur avec pour objectif de pouvoir tenir une conversation très rapidement. Puis, au fil des semaines, ou des mois pour les plus acharnés, notre fréquence de travail se réduit et nos progrès avec. Au bout d’un moment, le projet est tombé à l’eau et, si on nous interroge dessus, la réponse ressemble à peu près à cela : « Oh… Ça avance lentement… Pas trop le temps en ce moment… ». Bref, c’est fichu, vous ne parlerez pas cette langue et vous oublierez même le peu que vous aurez appris.

Si vous avez récemment pris comme bonne résolution d’apprendre une langue, pas de panique cependant : je me suis mis à l’italien un 1er janvier et je n’ai toujours pas laissé tomber à l’heure qu’il est ! Cet article a pour but de vous guider pas à pas.

Une approche chronologique

Reprenons notre analogie de la bonne résolution. Prenons une personne qui souhaite débuter l’apprentissage d’une langue et suivons-la, étape après étape, en nous concentrant sur les obstacles qu’elle rencontrera inévitablement.

Obstacle n°1 : « je ne sais pas par où commencer »

On aurait vite fait d’oublier celui-ci, mais on aurait tort, car il pourrait tout simplement empêcher le passage à l’acte !

Les symptômes : l’idée d’apprendre une langue vous motive au plus haut point. Vous vous imaginez déjà parfaitement bilingue, à la stupéfaction de votre entourage, conversant sans aucune difficulté avec des locuteurs natifs.
Problème : vous n’avez aucune idée de comment vous mettre à cette langue exotique que personne n’utilise autour de vous. Le projet reste donc à l’état d’idée et ne se concrétise jamais.

Les remèdes : comme point de départ motivant, je vois deux solutions, à savoir les méthodes de langue ou les cours. Pour les méthodes, vous aurez l’embarras du choix. Renseignez-vous sur Internet, rendez-vous dans une libraire pour feuilleter les livres, puis prenez la méthode qui vous plaît le plus. Comme je l’ai déjà expliqué, les méthodes ont l’avantage précieux de proposer un parcours motivant, une « feuille de route » que vous n’aurez plus qu’à suivre.
Concernant les cours, l’endroit où vous vivez aura une forte influence : naturellement, l’offre est beaucoup plus importante dans les grandes villes qu’au fin fond de la campagne. Ils peuvent prendre des formes extrêmement diverses : cours à la fac, du soir, particuliers, en groupe, privés, dispensés par les pouvoirs publics (intéressant si vous vous expatriez) ou par une entreprise… Encore une fois, renseignez-vous, scrutez les petites annonces pour trouver le cours de vos rêves.

Obstacle n°2 : « je n’arrive pas à me discipliner »

Plein d’enthousiasme, vous vous régalez de cette nouvelle langue plusieurs semaines durant. Hélas, une fois l’euphorie retombée, votre motivation flanche et vous n’arrivez pas à transformer l’essai, à savoir passer du coup de tête à une routine efficace.

Les symptômes : un temps plaisir, le travail devient vite une corvée. Votre envie d’apprendre la langue n’a pas fléchi, mais vous vous ennuyez. Incapable de vous discipliner, vous travaillez moins régulièrement, êtes moins rigoureux.
Le problème est double : habitudes de travail mal rodées et motivation trop faible pour « avaler la pilule ».

Les remèdes : le problème étant double, la solution l’est donc aussi. Pour mieux travailler, efforcez-vous de le faire aussi régulièrement que possible, par petites sessions. Une autre pratique efficace est d’avoir des comptes à rendre à quelqu’un : par exemple dans le cadre d’un cours (particulier ou en groupe), d’un défi entre amis, voire d’un blog, comme le recommande Benny Lewis.
Un autre moyen consiste à investir de l’argent dans votre formation : achat d’une méthode ou inscription à un cours payant. Si cela n’a rien d’obligatoire, vous y réfléchirez à deux fois avant d’abandonner un projet qui vous a coûté de l’argent durement gagné.
Concernant votre motivation, apprenez à varier vos sources : trouvez des correspondants, regardez des films ou séries, prévoyez un voyage si vous en avez les moyens. L’apprentissage d’une langue ne doit jamais être une activité uniquement intellectuelle, mais une réalité concrète ancrée dans votre quotidien.

Obstacle n°3 : « je n’apprends plus aussi vite qu’avant »

Dans un premier temps, vos progrès sont impressionnants : très vite, vous êtes capable de formuler quelques phrases, voire de tenir une petite conversation. Malheureusement, vous apprenez de moins en moins vite.

Les symptômes : rien à faire. Vous avez beau travailler régulièrement, vos progrès sont de plus en plus lents. Vous vous demandez ce qui ne va pas, pourquoi vous n’arrivez pas à apprendre davantage de vocabulaire, les mystères de la grammaire vous semblent insondables.
Dans ces conditions, il est normal de se sentir seul et un peu perdu, de se demander si la méthode qu’on utilise est la bonne. Le découragement guette.

Les remèdes : pour commencer, un appel au réalisme. Ce phénomène est tout à fait normal. Les progrès sont toujours rapides au début et deviennent de plus en plus lents au fur et à mesure qu’on apprend. Par exemple, mon niveau d’italien (débutant) augmente très vite, mon anglais (élevé) beaucoup plus lentement.
S’il vous reste quelques (douloureux) souvenirs des maths au lycée, les progrès en langue ressemblent un peu à une asymptote : un début rapide, une suite de plus en plus lente, jusqu’à atteindre un plateau théorique.

Asymptote
Vos progrès suivront cette courbe : très rapides au début, ils ralentiront peu à peu et risqueront même de stagner.

Pour continuer avec les théories savantes, connaissez-vous le principe de Pareto, également appelé loi 80-20 ? En résumé, 20% des causes produisent 80% des effets. Eh bien sachez que le principe de Pareto s’applique également aux langues étrangères. En effet, les premiers mots et expressions que vous apprendrez seront les plus utiles. Par exemple, vous pourrez dire beaucoup de choses une fois que vous connaîtrez le verbe « être », moins lorsque vous aurez appris le verbe « admonester ».
En résumé, il n’y a pas de remède miracle face à cet obstacle : restez calme et persévérez, vous tenez le bon bout.

 Obstacle n°4 : « je suis arrivé au bout, je stagne »

Cette fois, c’est le drame : vous avez réussi à vous accrocher et à apprendre peu à peu la langue de vos rêves, en acceptant que les choses prennent du temps. Pourtant, vous en êtes arrivé à un point où vous sentez que pour progresser encore, il vous faudrait consentir à des efforts qui vous semblent démesurés.

Les symptômes : alors que vous apprenez de plus en plus lentement, vous commencez même à oublier votre vocabulaire. Votre temps libre ou votre situation personnelle ne vous permettent pas forcément certains sacrifices : partir dans le pays, pratiquer quotidiennement la langue si elle est rare…
Ce problème se pose surtout si vous connaissez plusieurs langues et que vous n’avez plus assez de temps à consacrer à toutes.

Les remèdes : avant tout, félicitations ! Vous voilà arrivé à un niveau avancé dans votre étude de la langue. Pour vous, le défi sera surtout de ne pas perdre ce que vous appris ces dernières années. Pour ce faire, vous pouvez vous lancer des défis avancés, comme écrire des textes dans la langue ou essayer de rendre votre accent égal à celui d’un locuteur natif.
Pour finir, une solution que je trouve très édifiante : enseignez la langue ! Dans les arts martiaux, l’enseignement est d’ailleurs considéré comme une étape intermédiaire dans l’évolution d’un pratiquant. Pas besoin de devenir prof pour autant : participez à des tandems de langue, donnez des cours particuliers, conversez avec des apprenants sur Skype.

En conclusion, sachez qu’il est tout à fait normal de rencontrer des obstacles sur votre chemin, quel que soit votre niveau. Gardez ce guide dans un coin et n’hésitez pas à le consulter lorsque vous vous sentirez bloqué dans votre évolution.

Crédit photo : Leonardo Pallotta.

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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