Par Pierre

20 février 2016

Une mémoire d'éléphant

Vu de l’extérieur, l’apprentissage du vocabulaire a de quoi faire peur : il est nécessaire de mémoriser des centaines, que dis-je, des milliers de mots avant d’atteindre l’objectif tant convoité : parler couramment une langue étrangère. Si vous avez déjà fait l’amère expérience d’en oublier une partie par manque de pratique, vous savez également à quel point il est difficile d’ancrer tout ce petit monde dans notre mémoire. Cet article vous permettra d’optimiser votre apprentissage grâce à plusieurs techniques très simples.

Combien de mots pour parler couramment une langue ?

C’est une question complexe mais que l’on peut légitimement se poser. Combien de mots est-il nécessaire de mémoriser avant d’atteindre le niveau visé ? Il n’est d’ailleurs pas facile de déterminer combien de ces termes nous connaissons dans chaque langue, à moins de les compter un par un. Il faudrait être sacrément motivé et disposer de beaucoup de temps libre.
Je ne saurais vous dire combien de mots je connais en français, en anglais ou en allemand et honnêtement, qu’importe. Je peux tout au plus vous dire que j’essaie d’en apprendre toujours plus !

Combien de mots comporte une langue ?

Ce problème est parfaitement insoluble : sans cesse, de nouveaux mots apparaissent, tombent en désuétude, changent d’orthographe ou encore de sens. Essayer de tous les comptabiliser est tout bonnement impossible.
Pour vous donner une idée, le nombre de mots dans une langue comme l’anglais ou le français est de l’ordre du million si on compte toutes les formes conjuguées ou accordées ainsi que les variantes orthographiques. En éliminant ces redondances, on tombe à quelques centaines de milliers de mots, dont beaucoup sont archaïques ou très techniques. Le Grand Robert de la langue française se targue de comporter 100 000 entrées sur son site officiel.
En se concentrant vraiment sur les termes les plus courants, on tourne autour de plusieurs dizaines de milliers. C’est toujours vertigineux, n’est-ce pas ? Pas de panique, vous n’avez pas besoin d’en connaître autant pour commencer à vous exprimer.

Quelques centaines de mots suffisent pour s’exprimer

Si le paragraphe précédent vous a refroidi, lisez plutôt ce qui suit : cet article nous apprend que la plupart des Français utiliseraient environ 5 000 mots dans leur vie quotidienne, dont 600 de manière très récurrente.
Un autre issu d’Atlantico nous enseigne qu’environ 10 % de la population française compose avec un vocabulaire courant d’environ 500 mots. Pour une langue maternelle, un lexique aussi réduit constitue un risque d’enfermement social, mais pour une langue étrangère, il s’agit d’une très bonne base pour communiquer.

Mots du dictionnaire
Nul besoin d’apprendre tout le dictionnaire pour pouvoir parler une langue !

Apprendre du vocabulaire, oui, mais lequel ?

Principe de Pareto et loi de Zipf

Le principe de Pareto, aussi appelé « loi 80-20 », découle de la loi du même nom, formulée au XIXe siècle par l’économiste italien Vilfredo Pareto. Conformément à ce principe, une minorité de causes est à l’origine de la majorité des effets. Au XXe siècle, l’ingénieur Joseph Juran l’emploie pour énoncer que 20% des causes provoquent 80% des effets.
Parallèlement, le linguiste américain George Kingsley Zipf se lance dans une analyse statistique du vocabulaire du roman Ulysse, de James Joyce. Il l’utilise pour formuler ce qui sera par la suite appelé la loi de Zipf, remarquant que le mot le plus courant revient 8 000 fois, le dixième 800 fois, le centième 80 fois et le millième seulement huit fois.

Si ces principes statistiques ont de quoi donner la migraine, voici ce que vous devez en retenir : une minorité de mots suffit à produire énormément de sens. Avec un vocabulaire de base allant de 500 à 600 mots, vous êtes déjà en mesure de tenir une conversation basique dans votre langue cible. En dépassant les 1 000 mots, vous êtes suffisamment armé pour affronter toutes les situations courantes de la vie quotidienne.

Apprenez les bons mots : priorités et listes de fréquence

Du point de vue de la production du sens, tous les mots ne se valent pas. Vous pourrez exprimer beaucoup plus d’idées différentes avec « jour » plutôt qu’avec « laryngomalacie ». C’est d’ailleurs pour cette raison que vos premiers mois au contact d’une langue seront ceux durant lesquels vous ferez les plus gros progrès, après quoi vous avancerez de plus en plus lentement : les mots et expressions que vous apprendrez seront de plus en plus spécifiques et difficiles à placer dans une conversation.

Pour cette raison, vous devez absolument choisir les mots que vous apprenez et donner la priorité à ceux qui reviennent le plus fréquemment dans votre langue cible. Pour cela, vous pouvez vous inspirer de listes de fréquences. Comme leur nom l’indique, il s’agit de listes dans lesquelles les mots sont classés en fonction de leur fréquence d’apparition dans plusieurs milliers de textes. Vous en trouverez une sur le Wiktionnaire, ou sur le Wiktionary.
Un avertissement cependant : ne les utilisez pas telles quelles. D’une part, c’est extrêmement rébarbatif, d’autre part, certains mots courants ont un sens très ambigu. Ces listes commencent souvent par des prépositions (in, of, to, by…), qui peuvent recouvrir de nombreuses significations différentes. Les apprendre seules n’a aucun intérêt.
Il existe des dictionnaires de fréquence basés sur ce principe, généralement publiés par l’éditeur britannique Routledge. Malheureusement, de tels outils semblent totalement absents des librairies francophones.

Quel est votre univers lexical ?

Les mots et expressions essentiels d’une langue sont souvent les mêmes : se présenter, indiquer la possession, la possibilité, le devoir, la perception, parler de nourriture et se repérer dans l’espace. Passé ce stade, il est temps de vous demander dans quel univers vous évoluez.
Cette question en apparence anodine joue pourtant un rôle essentiel : nous retenons plus facilement les éléments qui sont proches de nous et auxquels nous attachons de l’importance. Au sein d’une même société, il existe de nombreux univers très cloisonnés, principalement définis par les professions. Un médecin baignera toute la journée dans un monde sémantique bien précis, qui ne sera pas celui d’un ingénieur ou d’un restaurateur. Si vous vous êtes déjà retrouvé entouré de personnes exerçant dans un corps de métier qui vous est totalement étranger, vous avez sans doute eu l’impression qu’elles ne parlaient pas du tout la même langue que vous.
Prenons un exemple : pratiquement tous les manuels et logiciels comportent une section sur les animaux. Il est facile d’apprendre à dire « chien », « chat » ou « lapin ». En allemand, « cochon d’Inde » se dit Meerschweinchen (littéralement : « petit cochon marin »). Si vous débutez dans cette langue, il y a de fortes chances pour que ce terme vous semble un peu barbare et pas franchement intéressant, donc difficile à retenir. En revanche, si vous êtes vous-même propriétaire d’un cochon d’Inde, vous apprendrez ce nouveau mot avec plaisir, car il correspond à votre réalité et vous pourrez l’utiliser dans vos propres conversations.
Pour bien comprendre ce phénomène, attardons-nous sur le fonctionnement du cerveau et de la mémorisation.

Pour une mémorisation optimale, travaillez avec votre cerveau, pas contre lui

Si vous avez l’impression d’avoir oublié l’une de vos langues du lycée, c’est peut-être parce que vous ne l’avez jamais apprise correctement. Sans doute avez-vous été victime de la tristement célèbre liste de vocabulaire à apprendre pour la semaine suivante et remplie de termes techniques. Vous la révisiez un peu chaque jour, beaucoup la veille, en priant pour ne pas tout oublier d’ici l’interrogation écrite. Avec un peu de chance, vous réussissiez à replacer les bons mots, pour ne plus vous en souvenir quelques heures plus tard.
En d’autres termes, vous avez passé une partie de votre vie à gaver votre mémoire à court terme au lieu de nourrir patiemment votre mémoire à long terme. Dans cette partie, nous verrons donc comment graver le vocabulaire dans votre cerveau et le rendre indélébile.

Qu’est-ce qu’un souvenir ?

Si les scientifiques réalisent sans cesse de nouvelles découvertes en la matière, le fonctionnement de notre cerveau reste mal connu. A la lumière des connaissances actuelles, il semblerait que les souvenirs ne soient pas directement contenus dans les neurones, plutôt dans les réseaux que ces derniers tissent entre eux. En effet, notre cerveau est extrêmement plastique et nos neurones n’ont de cesse d’établir de nouvelles connexions ou d’en rompre d’autres devenues obsolètes. Plus une information donnée est importante, plus elle fera l’objet d’un réseau neuronal dense. Ainsi, le cerveau d’un musicien sera différent de celui d’un chauffeur de taxi ou d’un footballeur.
Vous l’aurez compris, pour bien retenir votre vocabulaire, vous devez travailler en profondeur, pour rendre chaque mot aussi mémorable que possible. Comment y parvenir ?

De bien étranges associations

Notre cerveau fonctionne par associations que nous réalisons en permanence et de manière totalement inconsciente. Pour vous en convaincre, voici un petit test très amusant :

Quelle est la couleur de la neige ?
Quelle est la couleur d’une feuille de papier à lettre ?
Quelle est la couleur de l’émail d’une baignoire ?
Quelle est la couleur d’un grain de riz ?
Quelle est la couleur de la crème Chantilly ?
Quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ?

Que boivent les vaches ?

Si vous avez fièrement répondu « du lait ! », vous voyez de quoi je parle. Inconsciemment, vous avez réalisé l’association suivante : blanc + liquide + vache = lait.
Elle n’est absolument pas logique (les vaches ne boivent pas de lait !), mais elle fonctionne de manière redoutable. Essayez avec vos amis, si possible en ajoutant d’autres questions dont la réponse est « blanc », vous obtiendrez quasiment à coup sûr la réaction absurde évoquée ci-dessus.

Reprenez le contrôle de votre mémoire

Notre cerveau n’est pas la machine parfaitement logique et rationnelle que nous aimerions posséder. Par exemple, savez-vous que la mémoire épisodique, qui gère les événements vécus, est très peu fiable ? Lorsque nous nous remémorons un tel épisode, nous le reconstruisons, parfois en ajoutant des éléments qui n’ont jamais existé. Pour aller plus loin sur le sujet, je vous recommande ce passionnant documentaire de la télévision suisse, qui montre qu’il est possible de fabriquer des faux souvenirs chez d’autres personnes, qui seront alors convaincues de leur authenticité !
En fait, le cerveau fonctionne selon une logique qui lui est propre et qui nous semble parfois étrange, mais que nous pouvons mettre à profit pour mieux apprendre.

Réseau de neurones
Les neurones forment des réseaux d’une complexité étonnante.

Comment apprendre chaque jour plusieurs dizaines de mots de vocabulaire

Deux axes à utiliser de concert

En forçant un peu le trait, on pourrait distinguer deux manières d’apprendre du vocabulaire. La première se fait naturellement, par le contexte : lors de conversations avec des locuteurs natifs, en lisant un livre ou encore en regardant un film ou une série en VO, vous découvrirez de nouveaux mots dont le sens vous apparaîtra par le contexte et qui s’inscriront peu à peu dans votre mémoire. La seconde, qui nous intéressera ici, consiste à apprendre du vocabulaire grâce à la répétition espacée, qui reste le meilleur outil pour y parvenir. Pour rappel, elle se base sur des cartes mémoire comportant le mot ou la phrase à mémoriser, à réviser à intervalles réguliers. Je vous laisse vous reporter à l’article pour de plus amples informations.

Il ne vous restera plus qu’à utiliser conjointement ces deux méthodes pour apprendre énormément de vocabulaire en très peu de temps ; une immersion active, en quelque sorte !

Les techniques de mémorisation

Voici maintenant plusieurs techniques qui vous permettront de créer de meilleures cartes mémoire.

Le pouvoir des images

L’être humain est un animal visuel. Vous avez appris à reconnaître et nommer les objets qui vous entourent bien avant d’avoir appris à écrire, il est donc tout naturel d’utiliser les images pour vous aider à mémoriser. Après tout, les enfants utilisent bien des imagiers, pourquoi ne pas employer vous aussi le support visuel ?

Vous avez deux oreilles, utilisez-les !

Le son est une composante trop souvent négligée dans l’apprentissage des langues. Si possible, utilisez un logiciel de répétition espacée comportant des enregistrements audio, comme Memrise (pour certains cours) ou MosaLingua. J’ai fait le test, je retiens systématiquement mieux un terme s’il est accompagné de sa prononciation.
Si votre langue cible possède une prononciation complexe, comme celle de l’anglais, il peut être utile d’adjoindre à la carte mémoire la transcription phonétique du mot. Ainsi, pour friendship, vous ajouterez /ˈfɹɛndʃɪp/. Si vous apprenez le mandarin, une transcription en pinyin vous permettra également d’avoir sous les yeux les tons présents dans le mot, par exemple : 猫 / māo (chat).

Abusez de la mnémotechnique et des associations d’idées

Notre devinette sur les vaches et le lait nous a démontré une chose : le cerveau fonctionne par associations d’idées, plus ou moins tordues en apparence. La mnémotechnique reprend ce principe en associant à une information difficile à mémoriser une autre beaucoup mémorable. Une telle association est appelée une mnémonique.
Avez-vous remarqué que sur les parkings des supermarchés, les emplacements de stationnement étaient toujours signalés par des images simples, comme des animaux, des fruits ou encore des noms de rues proches ? Il est tout de même plus simple de se remémorer « je suis garé vers les singes » que « je suis garé sur la troisième rangée à droite en sortant de l’entrée secondaire du magasin ».

Les langues regorgent de mnémoniques, à l’image de notre fameux « Mais où est donc Ornicar ? ». En allemand, les verbes ne prenant pas le préfixe ge- au passé composé commencent par zer-, be-, er-, ge-, miss-, ent-, emp-, ver-. Difficile à retenir, n’est-ce pas ? Et si vous disiez plutôt « Cerbère gémit en Enfer » ? C’est tout de suite beaucoup plus simple !

L’étymologie est sans doute le moyen mnémotechnique le plus utilisé pour les langues. C’est d’ailleurs grâce à ces associations d’idées que nous apprenons si facilement les langues latines : nous sommes en mesure de nous rattacher à des éléments déjà familiers, contrairement à des langues plus éloignées, dans lesquelles nous nous sentons « perdus » et que nous jugeons plus difficiles.
Pour prendre un exemple au hasard, le mot italien pavimento (sol) peut être retenu facilement en le rapprochant de « pavement » en français, sachant qu’ils viennent tous les deux du latin pavimentum, qui a également donné pământ (terre) en roumain. Nul besoin de maîtriser les langues anciennes (ce n’est pas mon cas), on finit par acquérir une certaine intuition avec l’expérience.

Rien ne vous empêche de vous affranchir de toute logique étymologique pour construire vos mnémoniques, elles n’en seront que plus mémorables : après tout, votre cerveau fait bien boire du lait aux vaches !
Pour vous donner un exemple personnel, je me souviens du mot coréen 고마워 (gomawo) utilisé pour dire « merci », car je trouve qu’il ressemble au japonais こんばんは (konban ha, le ha se prononçant « woua »), autrement dit « bonsoir ». Les deux termes n’ont absolument aucun lien et ne se prononcent pas réellement de la même façon, mais peu importe : cette association m’a permis de trouver un repère fiable dans le charabia qu’est pour moi le coréen.
Alors amusez-vous à trouver les mnémoniques les plus tirées par les cheveux, l’essentiel est qu’elles fonctionnent pour vous !

Le rôle de l’émotion

Reprenons notre exemple du cochon d’Inde : si vous possédez l’un de ces drôles d’animaux, il vous sera plus facile de retenir le nom allemand Meerschweinchen, car vous possédez déjà un attachement émotionnel vis-à-vis de l’idée « cochon d’Inde ». En des termes plus scientifiques, votre réseau neuronal est déjà très dense pour tout ce qui touche à votre petite boule de poils.
Si je vous conseille régulièrement de ranger vos livres pour aller apprendre les langues étrangères au contact d’autres personnes, c’est parce qu’il est plus facile ainsi d’établir de telles connexions émotionnelles qui vous ouvriront la voie à une mémorisation de meilleure qualité.
Autre anecdote personnelle : je me souviens parfaitement d’un mot hongrois très vulgaire que l’on m’a appris il y a presque sept ans et qui ne me sert absolument pas dans ma vie de tous les jours (encore heureux !), tout simplement parce que je le rattache à une plaisanterie faite au cours d’un voyage.
Ma vision des choses n’a pas bougé d’un pouce : pour bien apprendre les langues, vivez votre apprentissage.

Créez vos propres slogans

Il existe un domaine qui s’emploie à utiliser tous ces éléments (image, son, associations d’idées et émotion) pour rendre des éléments mémorables : la publicité. Si des slogans comme « Si juva bien, c’est Juvamine ! » ou « Mercurochrome, le pansement des héros ! » nous ont tant traumatisés, c’est parce qu’ils ont été répétés inlassablement et ont usé et abusé de jeux de mots honteux mais indéniablement efficaces.
De la même manière, les publicités associent des idées abstraites à un univers sensoriel pour mieux créer une connexion émotionnelle avec le client. Quand vous regardez une publicité pour une voiture, entendez-vous parler de la manière dont les ingénieurs ont habilement géré le refroidissement du moteur ? Certainement pas, on vous vend plutôt la convivialité d’un voyage en famille, la sécurité, le respect de l’environnement, la performance ou encore le succès auprès des femmes.

Vous avez donc tout intérêt à prendre exemple sur la publicité pour mémoriser plus efficacement des phrases et expressions. Créez-vous vos propres slogans, comptines et chansons. Une dernière anecdote personnel : le verbe allemand spülen (laver) est gravé dans ma mémoire grâce à un slogan sur lequel je suis tombé par hasard il y a plus de dix ans : Willst du viel, spül mit Pril (en gros : « Si tu es exigeant, lave ta vaisselle avec Pril »). Si le slogan est stupide, il faut admettre que le double rythme ternaire (1, 2, 3, 1, 2, 3) et l’assonance en i le rendent mémorable.

D’ailleurs, je pense que si l’anglais est devenu l’une des langues les plus apprises à travers le monde, c’est en grande partie grâce à sa culture. Depuis des décennies, nous vivons entourés de slogans, chansons et autres répliques cultes qui nous restent facilement en tête : Just do it, Think different ou encore What else?. Autrement dit, l’anglais nous est déjà servi sous une forme on ne peut plus mémorable.

Mnémotechnique : gato, gatto et gâteau
Exemple de mnémonique : chat se dit gato en espagnol et gatto en italien. Pourquoi ne pas jouer sur l’homonymie avec « gâteau » ? Si vous avez un chat, mettez-le en scène pour créer une image encore plus mémorable !

Deux habitudes à prendre pour ne plus rien oublier

Cet article touche à sa fin. Il ne me reste plus qu’à vous donner deux conseils à ne surtout pas négliger si vous ne voulez rien oublier.

Soyez actif

Lorsque vous révisez votre vocabulaire, ne vous contentez pas de le relire ou de le réécouter : ce n’est pas suffisant. Vous devez faire l’effort de vous les remémorer activement. C’est ce que l’on appelle le rappel actif.
Forcer votre cerveau à aller piocher un mot récalcitrant dans les profondeurs de votre mémoire lui indique que ce dernier est important. Votre cerveau réagira alors en renforçant les connexions neuronales associées à ce mot.

Le vocabulaire est fait pour être utilisé

L’apprentissage du vocabulaire n’est que l’une des composantes de l’apprentissage d’une langue. Si vous vous contentez d’empiler les mots sans y toucher comme autant d’objets de collection, vous vous retrouverez vite avec un vocabulaire que vous serez incapable d’utiliser. Vous aurez beau essayer, vous serez incapable de prononcer une phrase fluide contenant ces mots.
Vous devez utiliser activement le vocabulaire que vous apprenez et ce tout au long de votre apprentissage. Reconnaître un mot dans un livre ou un film ou encore dans la bouche d’un locuteur contribuera à l’ancrer dans votre mémoire, mais ce processus sera encore plus efficace si vous prenez la peine d’utiliser ledit mot à l’oral et à l’écrit.

L’apprentissage d’une langue agit comme un cycle au cours duquel vous recevez de nouvelles informations et les mettez en pratique pour mieux les mémoriser, après quoi vous les reconnaîtrez beaucoup mieux et les réutiliserez beaucoup plus vite. Créez-vous ce cercle vertueux et vous serez bientôt étonné de vos progrès.
Après tout, en apprenant seulement cinq nouveaux mots par jour en utilisant les techniques que je viens de décrire, au bout d’un an, vous en connaîtrez plus de 1 800. Nous l’avons vu, c’est largement suffisant pour vous débrouiller dans n’importe quelle conversation courante.

Les meilleurs logiciels pour mémoriser votre vocabulaire

Mon préféré : Anki

Après de nombreuses années de recherches, je considère qu’Anki reste la meilleure plate-forme pour apprendre votre vocabulaire.

Gratuite, facilement modulable et disposant d’une communauté très active qui crée régulièrement des cartes mémoire,

Autre possibilité : MosaLingua (dans sept langues)

Si vous apprenez l’une des langues suivantes (anglais, espagnol, italien, allemand, portugais brésilien, russe et français), vous pouvez également regarder du côté de MosaLingua, qui se base sur le même système qu’Anki, mais avec des ajouts conséquents : paquets de cartes avec des images et l’audio, vidéos, livres audio, explications grammaticales…

Pour en savoir plus, je vous invite à consulter mon test de MosaLingua Web.

Si vous connaissez des techniques de mémorisation du vocabulaire que je n’ai pas mentionnées, n’hésitez pas à en faire part dans les commentaires. Je pense que nous serons tous curieux de les découvrir.

Pour finir : 25 techniques pour apprendre votre vocabulaire

Si vous voulez aller plus loin et découvrir des techniques de mémorisation efficace, il vous suffit de rejoindre mes contacts privés pour accéder à ma mini-formation gratuite « 25 techniques pour apprendre votre vocabulaire ».

Au programme : 42 minutes de conseils qui vous aideront à mémoriser beaucoup plus vite les mots, expressions et structures de grammaire de votre langue cible. Cliquez ici :

>> Recevoir la mini-formation « 25 techniques pour apprendre votre vocabulaire <<

Source des images : tontantravel, greeblie, ZEISS Microscopy, April Killingsworth.

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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  1. A Pierre,

    Je suis tombé un peu par hasard sur votre blog il y a déjà quelque temps. Il m’intéresse par son approche plutôt rare. Je laisse donc une réponse à cet article dans lequel j’ai trouvé la bonne raison, celle dont j’avais besoin, pour me remettre à l’anglais, paresse oblige.
    un vague projet de me remettre un peu à l’anglais, langue universelle, pas pour bien parler cette langue, juste pour me faire plus ou moins comprendre. C’est le premier avantage de cette langue, facilité oblige, et puis avec un peu de bonne volonté, de gestes, et d’humour, on arrive toujours à se comprendre. Vague projet pour la retraite qui approche, et comme dans d’autres de vos articles, pas d’âge pour cela, c’est certain, au moins pour une langue que tout le monde connait plus ou moins par des souvenirs scolaires et le bain mondial.

    C’est avec plaisir et soulagement que j’ai lu dans cet article qu’en apprenant 5 mots par jour, on pouvait déjà se faire comprendre en un an…Vu que même sans les avoir en mémoire immédiate, par mes vieux restes de lycée, le bain mondial de l’anglais, je possède déjà sans y avoir pensé vraiment déjà cette somme de vocabulaire, c’est vraiment génial et réconfortant de constater que du coup j’ai même de l’avance sur mon retard. La raison qui me manquait, le déclencheur.
    Je suis encore capable d’apprendre un peu plus de 5 mots par jour, dans un an je pourrai donc même à nouveau tenir une véritable petite conversation simple, encourageant.

    Je suis en parfait accord qu’il faut d’abord lister ses premiers besoins de conversation, ceux de la vie quotidienne: compter, se diriger, comprendre ce que l’on nous propose à manger, hébergement, se repérer dans le temps, dans l’espace, la pluie et le beau temps, les besoins primaires. Tout ceci est bien facile.
    Après, quelques besoins d’ordre pratique: retirer de l’argent, comprendre la signalisation routière même en temps que piéton, s’informer un peu de quelques interdits légaux spécifiques au pays, la couverture médicale…Il y a des guides pour cela mais il faut aussi pouvoir se faire comprendre dans ces situations.
    Cibler d’abord l’essentiel. A quoi bon savoir qu’un furet se dit a ferret? Pour le blaireau une BD française nomme déjà son personnage badger, avantage du bain mondial. Nous connaissons tous beaucoup de vocabulaire anglais sans même y prêter attention.
    Comme dans plusieurs de vos articles, l’important c’est d’abord de parler avec le peu que l’on sache, au diable le ridicule, l’important c’est d’abord de parler, se débrouiller et j’ai toujours trouvé les anglais très patients, indulgents, et habitués, face à mes tentatives de mangeur de grenouilles et à mon infâme accent (sans doute pour s’excuser aussi de ne pas faire l’effort d’apprendre notre belle langue). Pour ceux d’autres pays avec qui j’ai quelque peu échangé par mes vieux rudiments, de toutes façons ils n’en savent souvent guère plus que nous.
    L’important, à l’évidence, est d’apprendre d’abord les verbes, et les fameux irréguliers se limitent à moins d’une centaine pour une conversation courante.
    Comme dans votre article, l’étymologie aide beaucoup, on retrouve souvent une racine, ou une musicalité, plus ou moins proches français/anglais ou allemand/anglais. Cela aide à se comprendre en tentant quelque chose qui ressemble à un mot, cela permet à l’interlocuteur de percuter et de répondre avec le mot anglais véritable, et une bonne occasion de rire.

    L’important c’est d’abord de communiquer, de parler, après on veut viser d’autres objectifs au fur et à mesure. Pouvoir soigner son expression, se reprendre, est certainement une politesse face à son interlocuteur, au moins lui montrer que l’on fait cette tentative.

    Voilà, en réponse à cet article:
    – Je sais au fond déjà bien plus de vocabulaire que je le pensais, le ramener à la surface ne sera pas si dur. J’étais comme Mr Joudain anglophone sans le savoir.
    – Enrichir ce vocabulaire par une dizaine de mots définitivement mémorisés par jour reste à la juste mesure de mon courage et de mes investissements possibles dans ce domaine.
    – La grammaire anglaise n’est pas un obstacle, sauf un juste usage des temps, et j’avais lu avec grand intérêt votre article à ce sujet. Ceci dit, manier l’imparfait du subjonctif en français relève plus d’un plaisir gourmand que de la nécessité.

    Ma réponse d’objectif de juste me faire comprendre par l’anglais est peut-être un peu décevante pour vous dont le blog vise à plus d’érudition, au moins vous avez su trouver l’argument clé pour les paresseux. Bon, demain je retrouve mes livres, je chercherai un site pour la prononciation etc, je revisiterai vos articles de conseils de méthode.

    Tous mes encouragements pour votre blog, rare, d’approche originale sur les langues, et par votre passion évidente qui motive l’envie.

    N’étant pas coutumier des blogs et réseaux asociaux, je signe par un pseudo,

    Peau de la vieille hutte

    1. Il n’y a pas d’objectif « décevant » pour apprendre une langue, tant qu’il est personnel 😉
      Ensuite, en se remettant à une langue, on se rend souvent compte qu’on n’a pas oublié tant que ça et que les mots se trouvent simplement enfouis dans un coin dans notre mémoire. En complément de l’article, j’ajouterai que certains souvenirs ont une très bonne conservation, mais qu’ils passent au second plan une fois que les connexions neurones se défont pour viser d’autres priorités. En « refaisant le câblage », on retrouve très vite ces informations qu’on croyait avoir perdues.

  2. D’accord avec tout que tu as dit! J’ai parlé le français seulement pour 9 semaine maintenant mais j’ai trouvé que j’utilise le même mots tout le temps. Je pense que le plus dificile sont les prépositions et les conjugacions. J’étudie de le même façon que toi, avec les souvenirs et histoires amusantes. Je pense que est le meilleur façon. Anki est très bon pour cela, et Memrise aussi.

    Pardon pour mis errores! Je vais revenir à lire ton blog 🙂

    1. Bonjour James, félicitations pour ton français ! Je trouve que tu donnes un très bon exemple aux personnes qui nous lisent, en prouvant qu’il n’y a pas besoin de parler parfaitement une langue pour commencer à l’utiliser. Je prendrai le temps de lire ton blog, il a l’air très intéressant.

  3. Bonjour, et bravo pour cette article qui a répondu à pas mal de questions que je me posais en ce début d’apprentissage de l’espéranto, et comme vous l’avez écris plus haut dans cette article, j’ai vécu le traumatisme de l’apprentissage des langues à l’école 😀
    Merci.

    1. Vi lernas Esperanton! Gratulon!
      C’est que l’apprentissage du vocabulaire est souvent problématique, mais l’espéranto, par sa structure comme l’origine de son vocabulaire, n’est certainement pas la langue donc le vocabulaire pose le plus de problèmes aux francophones! 🙂
      D’ailleurs Anki et Memrise sont deux applications qui ont quelques listes de vocabulaires toutes faites assez intéressantes pour les débutants en espéranto …

    2. Je crois que dans le fond, nous sommes tous un peu traumatisés par l’école. Après, certaines personnes ont tendance à surestimer l’impact réel de ces mauvaises expériences sur leurs capacités.

    1. C’est moi qui te remercie. Concernant le site que tu proposes, il a l’air intéressant, il faudrait que je le teste pour m’en faire une idée plus précise.

  4. Bonjour Pierre ( et tous le monde bien sûr)

    Tout d’abord félicitations pour ce blog vraiment super.
    Vous traitez vraiment les vrais problèmes rencontrés dans l’apprentissage d’une nouvelle langue
    Merci

  5. Bonjour,

    Apprendre plusieurs dizaines de mots par jour, et ce sans oublier ceux déjà appris ! Ces gens existent-ils vraiment ?

    Je veux bien reconnaitre qu’au début, on apprend vite certains mots courants et usuels, mais lorsque l’on dépasse les mots de base, surtout si une langue est éloignée de sa langue maternelle, comment-fait-on ?

    J’ai personnellement essayé la méthode ANKI et je l’ai trouvée peu efficace. Je parle ici d’étayer mon vocabulaire en russe pour passer du niveau compréhension courante (vie de tous les jours) à un niveau plus avancé, qui me permettrait de comprendre des articles de presse sur quasi tous les sujets, sans devoir utiliser un traducteur ou un dictionnaire.

    Non, seulement j’ai trouvé ceci extrêmement laborieux, mais de surcroit inefficace. J’oublie les mots que j’apprends lorsque je ne les utilise pas et je ne suis guère capable de retenir des milliers de mots russe en apprenant de simples fiches que j’ai créé avec ANKI.

    Si quelqu’un a une méthode efficace pour pouvoir emmagasiner du vocabulaire, merci de me laisser savoir comment vous faites. Je parle ici de pouvoir augmenter mon vocabulaire d’environ 2000 ou 3000 mots à 10’000 ou 20’0000 mots.

  6. Bonjour Pierre,

    J’ai appuyé en vain sur la couverture de la fiche pour utiliser Anki. Y aurait-il un bug ? D’avance merci pour votre éventuelle réponse.

        1. D’accord, merci de me l’avoir fait remarquer, je vais vous envoyer le guide par mail. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas précisément et quel navigateur utilisez-vous ?

  7. Salut,

    Un truc que j’aime bien faire pour apprendre du vocabulaire, des tournures plus actuelles, et exercer ma diction, c’est d’apprendre des chansons.
    Un exemple en chinois qui m’a bien amusé et qui plait beaucoup aux chinois :
    东北人都是活雷锋 – Les gens du Dongbei sont de vrais Lei Feng vivants.
    https://youtu.be/f1cNUIjD91Q?t=1m9s
    C’est en plus l’occasion d’en apprendre davantage sur la culture et le pays de la langue étudiée.

    Autre truc, en allant faire mes course ou en pensant à quelque chose, j’essaie de l’exprimer in peto dans la langue que je travaille :
    Субботу, я пойду сюда или туда…
    Мне нужна картошка, хлеб и вода.

  8. bonjour, j’utilise quizlet pour réviser mon coab d’anglais … le problème c’est qu’il faut acheter la version pour avoir le mode hors ligne et réviser ses mots sans internet. je me suis tourné vers anki … mais il n’y a pas d’audio ? existe-t-il une option pour « écouter » les mots prononcés ?
    merci

      1. Bonsoir,
        J’ai dû laisser passer votre message à l’époque. Anki propose en effet l’audio, il suffit d’ajouter des fichiers audio en cliquant sur l’icône en forme de trombone, au moment de créer une carte mémoire.

  9. Bonjour, Merci pour cet article intéressant. Impossible de télécharger depuis mon smartphone le guide anki quand je clique sur la couverture. Bonne continuation.

  10. Article intéressant. Je crois que l’apprentissage du vocabulaire, c’est d’abord sentir le son d’un mot. Si vous connaissez la prononciation, vous pouvez imaginer un mot intérieurement. Cela aide beaucoup.

  11. Excellent article ! Il est très bien construit avec en premier temps les premières choses à comprendre et à faire avant même de passer à la phase d’apprentissage (choses qui sont malheureusement trop souvent oubliées). Et en deuxième temps un résumé clair et concis de comment fonctionne la mémoire et surtout toutes les méthodes pour savoir comment s'y prendre pour vraiment "graver le vocabulaire dans votre cerveau" comme tu le dis si bien. Merci et chapeau pour ce bel article !

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