Par Pierre

7 mai 2015

Langues étrangères : pourquoi vous n'y arrivez pas (1/2)

L’apprentissage des langues étrangères est une activité qui demande beaucoup de motivation et de régularité. Entretenir une attitude positive est l’une des conditions essentielles pour mener à bien un tel projet. Pourtant, malgré toutes ces bonnes intentions, il arrive que les choses ne se passent pas comme prévu et qu’on se retrouve bloqué, incapable de progresser. Plongeons donc dans le côté obscur pour mieux comprendre ces phénomènes qui viennent nous barrer la route.

Avant toute chose, je vous renvoie à un article paru en janvier, intitulé « ces obstacles qui bloquent votre progression ». J’y présente quatre étapes par lesquelles passe inévitablement toute personne qui souhaite apprendre une langue étrangère.
Il est normal de passer par des périodes où nos progrès chutent, entraînant avec eux notre motivation. A présent que vous les connaissez et savez comment les surmonter, il faut aller plus en profondeur et identifier ce qui ne fonctionne pas dans votre apprentissage.

Diagnostic : première partie

Je vous conseille d’utiliser ce double article comme une sorte de « boîte à outils » pour diagnostiquer, tel un médecin, les problèmes que vous rencontrerez. Gardez-le sous le coude et si, à l’avenir, vous sentez que quelque chose cloche dans votre apprentissage, n’hésitez pas à y revenir.

La démotivation

Au risque de me répéter, la motivation est sans doute le facteur numéro un, celui qui a le pouvoir de faire aboutir ou échouer un projet. Une fois encore, les baisses de motivation sont une composante inévitable de votre parcours : sauf si vous êtes animé d’une foi inébranlable, vous en subirez un certain nombre. La conséquence logique d’un tel état est bien sûr une baisse de régularité : vous commencez à percevoir votre apprentissage comme une contrainte et avez donc moins envie de vous mettre à l’œuvre. Dans ces conditions, la procrastination vous guette.
Pour combattre la démotivation, vous devez en identifier les sources. Sont-elles extrinsèques (dues à des facteurs externes) ou intrinsèques (liées à l’apprentissage lui-même) ?

Langues étrangères et problèmes
Identifier les problèmes dans son apprentissage impose un auto-examen peu agréable : c’est un peu le côté obscur des langues. Malheureusement, il faut passer par là !

Facteurs extrinsèques : votre environnement et vous

A moins d’avoir voué votre existence tout entière à l’étude des langues étrangères, il est peu probable que cette occupation soit au centre de votre vie. Vous avez, au choix, un travail, des études, des amis, une famille, des loisirs et des impératifs divers. Tous ces éléments réunis peuvent vous laisser assez peu de temps et d’énergie à consacrer à l’étude d’une langue, qui est déjà en soi une activité exigeante. Par exemple, le fait d’écrire des articles me prend un temps que je pourrais moi-même employer à apprendre des langues. Il faut savoir faire des sacrifices.
Difficile de vous donner des conseils sans paraître intrusif : c’est votre vie, après tout, je ne vais pas vous dire comment vous devez la mener !

Apprenez à intégrer naturellement votre apprentissage dans votre quotidien, pour le rendre le moins contraignant possible. Cela vous permettra en quelque sorte de faire « passer la pilule ». Vous êtes fatigué et avez envie de vous détendre en compagnie de vos proches ? Regardez un film dans la langue que vous apprenez ! Vous avez envie d’aller boire un verre avec des amis ? De nombreuses associations dans plusieurs villes de France proposent des soirées à thèmes dans des bars, au cours desquelles vous pourrez parler la langue de votre choix. Bref, il existe toujours une solution, à vous de trouver celle qui vous plaît le plus.

Un dernier avertissement malgré tout : vous devez établir un planning de travail et vous y tenir. J’ai conscience d’avoir déjà écrit des choses plus amusantes, mais c’est ainsi. Si vous travaillez seul, le meilleur format reste la leçon type Assimil (ou autre), qui vous prendra entre quinze et trente minutes par jour et vous permettra d’être toujours en contact avec la langue. Vous pouvez meubler le reste de votre temps libre avec des activités plus plaisantes (film, lecture, conversation…) ou instantanées (application mobile, carte flash…).
Vous l’aurez compris, les facteurs extrinsèques exercent une forte influence sur votre motivation, ne les négligez pas !

Facteurs intrinsèques : ce qui est normal et ce qui ne l’est pas

Vous avez réussi à créer un système efficace qui vous permet de réviser tous les jours, vous prenez un réel plaisir à apprendre la langue : en apparence, tout va bien. Pourtant, vous commencez à en avoir marre, tout simplement. C’est vrai, après tout, cela fait des années que vous travaillez, vos progrès sont de plus en plus lents et vous en avez assez de faire la même chose jour après jour.

Ce phénomène est normal, vous n’avez aucune raison de vous inquiéter. Vous avez peut-être simplement atteint un plateau dans votre apprentissage (le troisième des quatre obstacles) ; les progrès brillent par leur absence et votre frustration grandit en conséquence.
Dans ce cas, je vous conseille de faire preuve de patience. Un plateau est toujours un moment assez étrange : vous êtes sur le point de passer au niveau supérieur dans votre maîtrise de la langue (par exemple, vous serez bientôt capable de tenir une conversation), mais pour cela, vous devez mémoriser un grand nombre de mots et dompter la grammaire qui vous permettra d’utiliser ces derniers en contexte (syntaxe, déclinaisons, conjugaison…). Comme si cela ne suffisait pas, il vous faut en plus vous exercer à parler et écrire pour rendre votre expression plus fluide et naturelle.
Il y a en effet de quoi se décourager. Gardez donc à l’esprit que vous êtes sur la bonne voie, même si vous n’en avez pas l’impression. Une fois que vous aurez surmonté cette épreuve, votre niveau de langue sera transfiguré. Courage !

Il existe une autre raison à ce découragement qui, elle, n’a rien de normale : l’ennui, tout simplement. Vous avez épuisé vos sources de motivation et votre apprentissage s’est peu à peu vidé de son sens. Personne ne consacre librement du temps et de l’énergie à un projet qui ne rapporte rien en retour.
Pour remédier à ce problème, je vois deux solutions. Premièrement, mettez à plat vos objectifs et demandez-vous pourquoi vous tenez absolument à apprendre la langue. Sauf surprise, cette réflexion vous permettra de renouer avec l’envie initiale qui vous a amené sur cette voie. Ensuite, il est possible que soyez tout simplement tombé dans la routine, forcément génératrice d’ennui. Pour en sortir, amusez-vous un peu ! Attaquez la lecture d’un livre ou d’une bande dessinée, rencontrez des locuteurs natifs que vous épaterez avec vos connaissances ou encore prévoyez un voyage pendant vos congés.
L’apprentissage d’une langue ne doit jamais devenir une activité abstraite, déconnectée de vos motivations. Au contraire, plus il sera intégré dans votre vie, plus vos chances de réussite seront grandes.

Ne perdez pas courage
Accrochez-vous et ne perdez pas courage : vos efforts finiront par payer !

Un apprentissage mal équilibré

Travailler dur est une chose, travailler efficacement en est une autre. Après tout, vous n’êtes pas là pour souffrir, mais pour apprendre le maximum d’informations avec un minimum d’efforts ! Si vos progrès sont lents, peut-être est-ce parce que vous négligez, sans forcément le savoir, l’un des aspects de votre projet.
Dans le mini-guide que j’ai publié en avril, j’explique que l’apprentissage d’une langue repose sur quatre piliers : écouter, lire, parler et écrire. Pour deux de ces activités, vous êtes dans la réception (écouter et lire) et pour les deux autres, dans la transmission (parler et écrire). Les piliers de réception vous feront découvrir de nouveaux éléments (en les entendant ou en les lisant, donc) et les piliers de transmission vous permettront de les mémoriser (en les utilisant à l’oral ou à l’écrit).
Les quatre piliers fonctionnent donc ensemble, en négliger un revient donc à affaiblir les autres. Si vous pensez être dans ce cas, apportez plus d’importante au pilier que vous avez pris l’habitude de délaisser.

Dans la majorité des cas, l’oral actif (parler) est le parent pauvre d’un apprentissage. Il n’y a rien d’étonnant à cela : si vous apprenez seul, vous n’avez pas forcément de personne à qui parler ; si vous apprenez en groupe, peut-être ne prenez-vous pas la parole autant que vous le devriez. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter cet article : pour réussir à parler une langue, variez votre apprentissage.
De la même manière, chaque langue est unique et vous oblige à envisager les quatre piliers d’une certaine façon. Si vous apprenez le japonais, vous passerez beaucoup plus de temps à chercher puis réviser des kanji que si vous apprenez l’espagnol, puisque vous connaissez naturellement l’alphabet latin.

Dans une prochaine partie, nous continuerons notre douloureux (mais nécessaire) périple à travers ces erreurs qui nous empoisonnent l’existence. Ne vous découragez pas si jamais vous vous êtes reconnu dans cet article : il n’y a aucune honte à avoir et vos chances de réussite ne sont pas le moins du monde compromises. En revanche, vous devez faire en sorte de rectifier le tir, vos problèmes ne se résoudront pas d’eux-mêmes.
En cas de doute, n’hésitez pas à en faire part en commentaires ou par e-mail : toute question aura sa réponse. Bon courage !

Crédit photo : MortAuPat, JoséMa Orsini, Efrén.

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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